Komtchou, Simon (2018). Développement de procédés d’oxydation photo-électrocatalytiques pour le traitement des eaux contaminées par des produits phytosanitaires. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en sciences de l'eau, 394 p.
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Résumé
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Les produits phytosanitaires utilisés en agriculture sont responsables de la dégradation
de l’environnement, notamment à travers la contamination des eaux superficielles et
souterraines. Ces composés sont utilisés pour lutter contre les espèces nuisibles et les
adventices qui causent des dommages aux cultures et produits agricoles. Les diverses
études réalisées par des agences gouvernementales (Canada, Québec, etc.) révèlent
la présence de nombreux produits phytosanitaires dans les eaux de surface. Au nombre
des composés couramment retrouvés, l’on peut citer : l’atrazine, le glyphosate, le
chlorpyrifos, carbaryl, etc. Ces composés ne participent globalement qu’à une très
faible proportion de la matière organique dissoute (inférieur à 1% du carbone organique
dissout), mais leur présence dans les eaux est à prendre en considération en raison de
leur toxicité potentielle pour l’homme, la faune et la flore du milieu aquatique contaminé.
Cependant, les technologies actuelles de décontamination des eaux polluées,
notamment par les stations d’épuration ne sont pas toujours adaptées pour traiter ce
type d’effluents contaminés par des pesticides (composés biorécalcitrants, grandes
diversités de molécules, etc.).
Dans le cadre de cette étude, nous proposons une approche intégrée de traitement de
ces polluants par des procédés photo-électro-catalyse (PEC) et photo-électro-Fenton
(PEF). L’objectif global de ce projet est de développer, tester et comparer l’efficacité de
ces procédés (PEC et PEF) pour le traitement d’une eau de surface contaminée par
l’atrazine. Le procédé PEC est une technologie basée sur l'irradiation d’une photoanode (semiconducteur)
avec source lumineuse ayant une énergie (hv) supérieure à la bande
interdite (Eg) du semi-conducteur (hv ≥ Eg). Cela entraine le passage des électrons de
la bande de valence (BV) vers la bande de conduction (BC) de la photoanode, créant
ainsi des paires électrons-trous (sièges des réactions d’oxydations) au niveau de la BV.
L’application du potentiel externe réduit la recombinaison des électrons-trous et amplifie
au niveau de la BV les réactions d’oxydation et la production des radicaux hydroxyles.
Cette synergie des réactions photocatalytiques et électrochimiques justifie notre choix
pour ce procédé. Les photoanodes (TiO2, TiO2-x et TiO2:WN) préparées par la technique de déposition
par pulvérisation laser magnétron à haute fréquence ont été caractérisées par
différentes techniques pour déterminer les propriétes de volume, de surface et optique.
L’analyse par diffraction des rayons X (DRX) des films calcinés à 470°C montre que le
film TiO2-x cristalise sous la forme rutile (polymorphe du TiO2 à faible photoconductivité);
tandis que les films TiO2 et TiO2:NW cristalisent sous la forme anatase (polymorphe du
TiO2 le plus efficacité en photocatalyse). L’analyse par spectrophotométrie UV-visible
DRIFT montre que le TiO2 (Eg ≈ 3.2 eV) absorbe dans le domaine de l’ultraviolet (UV),
le film TiO2-x (Eg ≈ 3.0 eV) absorbe légèrement dans le visible, alors que la présence de
l’azote et du tungstène dans TiO2:NW permet une bonne absorption dans le visible et
une réduction significative de la bande interdite (Eg = 2.3 eV). Par la suite, l’utilisation des photoanodes (TiO2, TiO2-x et TiO2:WN) a permis d’évaluer
l’efficacité du procédé PEC sous irradiation UV et visible pour le traitement d’une eau
synthétique contaminée par l’atrazine (100 μg L-1). Cette concentration (100 μg L-1) représente la valeur aiguë finale à l’effluent recommandée dans la province de Québec.
Sous lumière UV, les résultats montrent une dégradation totale de l’atrazine après 30
min de traitement avec la photoanode TiO2-x, alors que la dégradation est de 90.3%
avec TiO2. Sous lumière visible, la bonne photosensibilité de TiO2:WN permet d’avoir
une meilleure dégradation de l’atrazine (94.3%) par rapport à TiO2-x (68.6%) après 180
min de traitement. D’autre part, le devenir des sous-produits de l’atrazine montrent que
sous irradiation UV, les sous-produits sont principalement générés par un mécanisme
de photodégradation qui passe par une déhalogénation de l’atrazine avec substitution
du chlore par le groupement OH (déchlorination), mais aussi par désalkylation avec
rupture de la seconde fonction amine (liaison N-C). Cependant, sous lumière visible, la
déchlorination est presque inexistante, et les sous-produits de l’atrazine proviennent
essentiellement des réactions d’oxydation ayant lieu à la surface des photoanodes.
La suite des travaux a consisté à tester l’efficacité du procédé PEC sous lumière visible
pour le traitement d’une eau réelle de surface en zone agricole. Les campagnes
d’échantillonnages réalisées en automne 2016 et en été 2017 ont permis de déceler la
présence de l’atrazine (0.7 ± 0.04 μg L-1 en été 2017) et de ses sous-produits comme le
2-hydroxyatrazine (0.2 ± 0.01 μg L-1 en été 2017) dans l’eau de la rivière Nicolet.
L’application du procédé PEC pour le traitement de l’eau de la rivière Nicolet
artificiellement contaminée par l’atrazine (100 μg L-1) a été réalisée dans une unité
pilote de volume 5 Litres. Les résultats obtenus montrent que la turbidité de cette eau
de rivière associée à la présence de la matière en suspension, des colloïdes et des ions
inorganiques ne permettent pas de traiter efficacement cette eau de surface avec le
procédé PEC. De ce fait, un prétraitement préalable de type physico-chimique est requis avant l’application du procédé PEC. L’étape de coagulation-floculation a permis
une réduction de la turbidité (abattement de 75.7%) et du carbone organique dissous
(abattement de 52.9%) en utilisant FeCl3 (10 mg L-1 à pH = 5.5) suivi d’un floculant
cationique Zetag (20 mg L-1). L’application subséquente du procédé PEC a permis
d’obtenir une dégradation de l’atrazine (39.7%) après 300 min de traitement.
Au regard des résultats obtenus avec le procédé PEC pour le traitement de l’eau de
rivière, le procédé photo-électro-Fenton (PEF) combinant les réactions électrochimiques
et photochimiques a été utilisé. L’étude voltampérométrie linéaire (VL) a permis de
choisir l’électrode anodique de bore dopé au diamant (BDD) comme l’électrode ayant la
plus forte surtension en oxygène. Les travaux réalisés dans l’unité pilote de volume 5
litres ont permis de comparer l’efficacité du procédé PEF à d’autres procédés
d’oxydation avancée (POAs) comme l’oxydation anodique (AO-H2O2), l’électro-Fenton
(EF) et surtout le procédé PEC (utilisant la photoanode TiO2-x). Après 300 min de
traitement, les résultats de dégradation de l’atrazine (100 μg L-1) ont permis de classer
ces POAs dans l’ordre d’efficacité suivant : AO-H2O2 < EF < PEC < PEF.
Par la suite, le procédé PEF a été appliqué pour le traitement de l’eau de la rivière
Nicolet contaminée artificiellement par l’atrazine (10 μg L-1). Les résultats obtenus (sans
prétraitement) montrent une dégradation totale de l’atrazine. Afin d’optimiser la
détection de l’acide cyanurique (CA) qui est un des sous-produits principaux de la
dégradation de l’atrazine, l’eau de la rivière a été contaminée par 10 mg L-1 d’atrazine.
Après 420 min de traitement, la concentration de CA est de 23 μg L-1 et le taux de
minéralisation (dégradation ultime de l’atrazine en constituants tels que CO2 et l’eau)
est de 81,3%.
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to technical problems. Please use the PDF version to read the abstract.
Phytosanitary products used in agriculture are responsible for the degradation of the
environment, particularly through the contamination of surface and groundwater. These
compounds are used to control harmful species and weeds that cause damage to crops
and agricultural products. The various studies carried out by governmental agencies in
Canada reveal the presence of numerous pesticides in surface water. The compounds
commonly found include atrazine, glyphosate, chlorpyrifos, carbaryl, etc. These
compounds globally participate in a very small proportion of dissolved organic matter
(less than 1% of dissolved organic carbon), but their presence in water should be taken
into consideration because of their potential toxicity for humans, the fauna and the flora
of the contaminated aquatic environment. However, current technologies used
especially wastewater treatment plants are not always adapted to treat this type of
effluents (biorecalcitrant compounds, large diversities of molecules, etc.).
This study proposes an integrated approach for the treatment of these pollutants using
photo-electro-catalysis (PEC) and photo-electro-Fenton (PEF) processes. The overall
objective of this project is to develop, test and compare the efficiency of these
processes (PEC and PEF) for the treatment of contaminated surface water.
The PEC process is a technology based on the irradiation of a photoanode (semiconductor)
with a light source having an energy (hv) greater than the band gap (Eg) of
the semiconductor (hv ≥ Eg). This promotes the passage of electrons from the valence
band (VB) to the conduction (CB) of the photoanode, thus creating electron-hole pairs
(seats of the oxidation reactions) at the VB. The application of external potential reduces electron/hole recombination and boosts the oxidation reactions and the
production of hydroxyl radicals at the VB. This synergy of photocatalytic and
electrochemical reactions justifies our choice for this process.
The photoanodes (TiO2, TiO2-x and TiO2:WN) were prepared by means of a radio
frequency magnetron sputtering (RF-MS) deposition process. Thereafter, various
techniques were used to determine the properties of volume, surface and optical. The
X-ray diffraction analysis (XRD) of films calcined at 470°C shows that TiO 2-x crystallizes
in rutile (polymorph of TiO2 with low photoconductivity); while the TiO2 and TiO2:NW
films crystallize in anatase (polymorph of TiO2 with high efficiency at photocatalysis).
Furthermore, the UV-visible spectrophotometry analysis DRIFT shows that TiO2 (Eg ≈
3.2 eV) absorbs in the ultraviolet range, the film TiO2-x (Eg ≈ 3.0 eV) absorbs slightly in
the visible, while the presence of nitrogen and tungsten in TiO2:NW allows good
absorption in the visible and a significant reduction in the bandgap (Eg = 2.3 eV).
Subsequently, the use of photoanodes (TiO2, TiO2-x and TiO2:WN) made it possible to
evaluate the effectiveness of the PEC process under UV and visible irradiation for the
treatment of a synthetic water contaminated with atrazine (100 μg L-1). This
concentration (100 μg L-1) represents the final acute value for the effluent recommended
in the province of Quebec. Under UV light, the results show a total degradation of
atrazine after 30 min of treatment with the TiO2-x photoanode while the degradation is
90.3% with TiO2. Under visible light, the good photosensitivity of TiO2:WN in the visible
light, permits to have a better degradation of atrazine (94.3%) compared to TiO2-x
(68.6%) after 180 min of treatment. On the other hand, the fate of the by-products of
atrazine show that under UV irradiation, the by-products are mainly generated by a photodegradation mechanism that passes through a dehalogenation of atrazine with
substitution of chlorine by the OH group (dechlorination), but also by dealkylation with
rupture of the second amine function (N-C bond). However, under visible light,
dechlorination is almost non-existent and the by-products of atrazine come mainly from
the oxidation reactions taking place on the surface of photoanodes.
Additional experiments consisted in testing the effectiveness of the PEC process under
visible light for the treatment of real surface water in agricultural areas. The sampling
campaigns carried out in autumn 2016 and in summer 2017 made it possible to detect
the presence of atrazine (0.7 ± 0.04 μg L-1 in summer 2017) and its by-products such as
2-hydroxyatrazine (0.2 ± 0.01 μg L-1 in summer 2017) in Nicolet River. The application
of the PEC process for the treatment of water from Nicolet River artificially contaminated
with atrazine (100 μg L-1) was carried out in a pilot unit with a volume of 5 liters. The
results obtained show that the turbidity of this river water associated with the presence
of suspended matter, colloids and inorganic ions do not make it possible to effectively
treat this surface water with the PEC process. As a result, prior pretreatment of the
physico-chemical type is required before the application of the PEC method. The
coagulation-flocculation step allowed a reduction in turbidity (75.7% abatement) and
dissolved organic carbon (52.9% abatement) using FeCl3 (10 mg L-1 at pH = 5.5)
followed by a Zetag cationic flocculant (20 mg L-1). Subsequent application of the PEC
method resulted in degradation of atrazine (39.7%) after 300 min of treatment.
In view of the results obtained with the PEC process for the treatment agricultural
surface water (ASW), the second process that combines the electrochemical,
photochemical and Fenton’s reactions was tested: photo-electro-Fenton (PEF). The linear voltammetric (VL) study made it possible to choose the anode electrode
diamond doped boron (DDB) as the electrode with the highest O2 overpotential value.
Moreover, the choice of DDB can be justified by their high quality and properties such
as stability to corrosion and inert surface with low adsorption properties.
The works carried out in the pilot unit having 5 liters of working volume made it possible
to compare the efficiency of the PEF process with other advanced oxidation processes
(POAs) such as anodic oxidation (AO-H2O2), the electro-Fenton (EF) and especially the
PEC process (using the TiO2-x photoanode). After 300 min of treatment, the degradation
results of atrazine (100 μg L-1) made it possible to classify these POAs in the following
order of effectiveness : AO-H2O2 < EF < PEC < PEF.
Subsequently, the PEF process was applied for the treatment of water from the Nicolet
River artificially contaminated with atrazine (10 μg L-1). The results obtained (without
pretreatment) show a total degradation of atrazine. In order to optimize the detection of
cyanuric acid (CA), which is the ultimate by-product of atrazine degradation, the river
water was contaminated with atrazine (10 mg L-1). After 420 min of treatment, the CA
concentration was 23 μg L-1 and the mineralization rate (complete degradation of
atrazine into CO2 and H2O) was 81.3%.
Type de document: | Thèse Thèse |
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Directeur de mémoire/thèse: | Drogui, Patrick |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Robert, Didier |
Informations complémentaires: | Résumé avec symboles |
Mots-clés libres: | produits phytosanitaires; photo-électrocatalyse; procédés photo-électro-Fenton; électrotechnologies; pesticides; atrazine; |
Centre: | Centre Eau Terre Environnement |
Date de dépôt: | 22 oct. 2018 13:44 |
Dernière modification: | 17 juill. 2024 17:58 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/7626 |
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