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Le calligraffiti arabe dans la culture visuelle contemporaine : tensions urbaines et circulation des images

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Zahar, Hela (2018). Le calligraffiti arabe dans la culture visuelle contemporaine : tensions urbaines et circulation des images Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 621 p.

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Résumé

La thèse porte sur les enjeux politiques de la culture visuelle contemporaine en prenant pour objet spécifique le calligraffiti arabe, une forme d’art urbain qui s’inspire à la fois du graffiti et de la calligraphie arabe. En se propageant dans l’espace public des villes arabes et occidentales, telles Montréal, Paris et certaines villes de la Tunisie, le calligraffiti arabe soulève un certain nombre de tensions inhérentes à sa mise en visibilité. Cet enjeu révèle une forme d’art urbain porteuse de différents conflits, rapports de force et pouvoirs, que ce soit les tensions arabo-occidentales dans la culture visuelle des villes occidentales, celles reliées au rôle religieux de la calligraphie islamique dans la culture visuelle des villes arabes, celles reliées à l’art urbain dans l’ensemble de ces villes ou encore celles qui sont circulées dans les différents lieux numériques où les images de ses oeuvres se manifestent. Pour cerner cet enjeu, la thèse développe un cadre d’analyse qui repose sur trois ensembles d’éléments théoriques. Le premier ensemble définit et applique les concepts d’espaces, de lieux et de régimes à l’analyse de la visibilité dans les espaces publics physiques et numériques. Le deuxième ensemble de concepts décrit l’art urbain, dont le calligraffiti arabe, comme un assemblage de pratiques de l’image (remix, circulation, agrégation) à l’intérieur de ces espaces et régimes de visibilité. Le troisième ensemble introduit et utilise le concept de scène visuelle pour illustrer la mise en visibilité du calligraffiti arabe à l’intérieur des systèmes d’articulation de la scène visuelle locale, translocale et numérique de l’art urbain. Le calligraffiti arabe « travaille » politiquement les régimes de visibilité dans lesquels il s'exprime et les amène à se transformer. En retour, les régimes de visibilité « travaillent » le calligraffiti arabe qui se transforme à son tour pour s'adapter aux pressions politiques des régimes de visibilité. Il constitue ainsi une forme de réappropriation culturelle (arabe) d'un art urbain mondialisé d'origine occidentale (le graffiti newyorkais), une hybridation typique de la culture du remix où ce « dialogisme du script » participe activement à la culture visuelle, à son hétérogénéité et aux enjeux de la visibilité publique de l'art urbain. Dans le contexte des tensions qu’il soulève dans l’espace public, cette mise en visibilité du calligraffiti arabe devient proprement problématique et l’hypothèse d’une modulation de ses pratiques est avancée pour expliquer sa participation et sa contribution à la scène visuelle de l’art urbain. Pour vérifier cette hypothèse, la thèse suit le développement de cette forme d’art urbain depuis son émergence dans des entrepôts abandonnés de Montréal en 2008 jusqu’à ses manifestations les plus récentes dans plusieurs villes arabes et occidentales. Une étude ethnographique physique et numérique des événements de calligraffiti arabe est effectuée sur une période de dix ans (2008-2017). Ces événements se déroulent principalement sur trois terrains, à Montréal, en Tunisie et à Paris et se succèdent chronologiquement, mais toujours de manière complexe au cours de quatre segments principaux. Chaque segment illustre une étape importante de son développement et se constitue de plusieurs événements représentant la réalisation d'une ou de plusieurs oeuvres de calligraffiti arabe. Le dernier segment illustre la fragmentation géographique du calligraffiti arabe au gré de l’exacerbation des tensions arabo-occidentales post- Charlie Hebdo. Au cours de ce dernier segment, le calligraffiti arabe se retrouve à Paris, Montréal et en Tunisie, mais également en d’autres lieux comme l’Égypte, la péninsule arabique, les États- Unis et l’Australie. L’étude ethnographique de ces quatre segments permet de caractériser les différents régimes de visibilité impliqués, d’identifier les acteurs importants, de décrire les pratiques physiques et numériques de l’image et de révéler les différents systèmes d’articulation impliqués dans la mise en visibilité du calligraffiti arabe. Une synthèse et discussion des résultats est présentée quant à l’enjeu de la visibilité du calligraffiti arabe, la modulation de ses pratiques et les caractéristiques de sa mise en scène visuelle. La contribution de la thèse est à la fois théorique et ethnographique. Le cadre d’analyse proposé permet de mieux comprendre l’enjeu politique du calligraffiti arabe et l’étude ethnographique enrichit et précise ce cadre d’analyse tout en ouvrant la voie à de nouvelles méthodes d’analyse visuelle. L’objectif est d’apporter une démonstration complémentaire tant conceptuelle qu’ethnographique de l’ambiguïté que pose à la fois l’effervescence d’une scène visuelle locale, translocale et numérique et de sa mise en visibilité de tensions arabo-occidentales.

The topic of this thesis is the political implications of the contemporary visual culture of Arabic calligraffiti, a form of urban art that is inspired both by graffiti and Arabic calligraphy. Calligraffiti has spread in both Arab and Western cities, including Montreal, Paris and certain Tunisian cities. Its visibility underlines inherent tensions in the art form. Calligraffiti explores various conflicts and power relations, such as Arab-Western tensions in the visual culture of Western cities, tensions around the religious role of Islamic calligraphy in Arab cities, tensions around urban art in all cities, and around the various digital spaces where these works are disseminated. To examine these questions, this thesis employs an analytical framework based on three groups of concepts. The first group defines and applies concepts of space, place and regimes to analyze visibility in physical and virtual public realms. The second group of concepts describes urban art, including Arabic calligraffiti, as a blending of visual practices (remix, distribution, aggregation) within these spaces and regimes of visibility. The third group introduces the concept of the visual scene to illustrate the visibility of Arabic calligraffiti within the systems of articulation of local, translocal and digital visual scenes. Arabic caligraffiti politically « reworks » the regimes of visibility in which it evolves, and in turn transforms these regimes. Concurrently, these regimes of visibility « rework » Arabic calligraffiti, which is also transformed to adapt to the political pressures of the regimes. As such, calligraffiti becomes an Arab form of cultural appropriation of a globalized urban art form of Western origin (New York graffiti), a hybrid typical of remix culture where the « dialogism of the script » actively participates in visual culture, its heterogeneity, and the public visibility of urban art. In this study, we advance the hypothesis that there is a modulation of practices that explain its participation and contribution to the visual scene of urban art. To test this hypothesis, this thesis follows the development of calligraffiti since its appearance in abandoned warehouses in Montreal in 2008 to its most recent appearance in several Western and Arab cities. From 2008 to 2017, we conducted a digital and physical ethnography in three locations, Montreal, Tunisia and Paris. This fieldwork followed a complex chronology containing four main stages. Each stage illustrates an important step of the development of calligraffiti and consists of one or more specific artworks. The final stage illustrates the geographical fragmentation of calligraffiti, with the exacerbation of Arab-Western tensions after the Charlie Hebdo incident in Paris. During this final stage, calligraffiti expanded beyond Paris, Montreal and Tunisia, appearing in other locations including Egypt, the Arabian Peninsula, the United States and Australia. Ethnographic study of these four segments allowed me to define various regimes of visibility, to identify key actors, to describe the physical and digital visual practices, and to reveal the different systems of articulation implied in the visibility of Arabic calligraffiti. My results include a summary and discussion of the visibility of Arabic calligraffiti, the modulation of practices and the characteristics of its visual mise en scène. The scholarly contribution of this thesis is both theoretical and ethnographic. My analytical framework allows us to better understand the political implications of Arabic calligraffiti. My ethnographic study broadens and clarifies this framework, introducing new methods of visual analysis. My objective is to conceptually and ethnographically explore the ambiguity created both by the effervescence of local, translocal and digital visual scenes and by the visibility of Arab-Western tensions.

Type de document: Thèse Thèse
Directeur de mémoire/thèse: Roberge, Jonathan
Mots-clés libres: calligraffiti arabe ; scène visuelle locale, translocale et numérique ; art urbain ; régimes de visibilité ; pratiques de l’image physique et numérique ; culture visuelle ; enjeu politique ; tensions arabo-occidentales ; remix, circulation et agrégation; Arabic calligraffiti ; local, translocal and digital visual scenes ; urban art ; regimes of visibility ; physical and digital visual practices ; visual culture ; political aspects ; Arab-Western tensions ; remix ; distribution ; aggregation
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 31 août 2018 17:09
Dernière modification: 24 août 2021 15:55
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/7581

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