Hatton-Proulx, Clarence (2023). Une histoire sociale et matérielle des transitions énergétiques urbaines : Le cas de Montréal, 1945-1980 Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 489 p.
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Résumé
Pour faire face aux changements climatiques, les villes sont sommées d'opérer une transition
énergétique profonde. Ce problème est cadré d'un point de vue technique, alors que les
discussions qui l'entourent sont dominées par un registre issu de l'ingénierie. Pourtant, les
transitions énergétiques entraînent aussi des conséquences sociales et matérielles
déterminantes. Afin d’éclairer ces thématiques, cette thèse sélectionne une étude de cas
historique s'étirant sur quatre décennies, profitant de la longue durée, du point de vue
rétrospectif et de l'accès unique à des documents d'archives que seule l'histoire peut offrir. Elle
étudie les conséquences des transitions énergétiques urbaines à Montréal, métropole d'un des
pays les plus énergivores au monde. Elle se focalise sur la période des Trente Glorieuses entre
1945 et 1973, marquée par une importante croissance économique et une intensification du
métabolisme énergétique montréalais et québécois, ainsi que sur la crise de l'énergie des
années 1970.
Ses quatre chapitres empiriques explorent différentes facettes de l’histoire urbaine de l’énergie
dans cet espace-temps. La première facette (chapitre trois) est celle de la contestation de la
présence matérielle de l’énergie en ville, étudiée sous l’angle des pétitions et des lettres contre
les espaces d’entreposage de bois et de charbon ainsi que les stations-services dans
l’immédiate après-guerre. La seconde facette (chapitre quatre) concerne les conséquences
environnementales des activités de raffinage de pétrole dans l’est de l’île de Montréal ainsi que
leur héritage paradoxal tel qu’appréhendé par des entretiens d’histoire orale. La troisième
facette (chapitre cinq) porte sur l’évolution des prévisions de demande d’électricité au Québec
durant les années 1960 et 1970, sur les conflits qu’elles génèrent ainsi que sur leur importance
dans la planification des infrastructures énergétiques. La quatrième facette (chapitre six)
examine les conséquences des transitions dans le domaine du chauffage sur l’aménagement
urbain et les pratiques de consommation d’énergie à Montréal.
Adoptant volontairement différentes échelles d’analyse et traitant simultanément de plusieurs
sources d’énergie, cette thèse démontre les profondes conséquences des transitions
énergétiques urbaines sur l’infrastructure énergétique, l’environnement urbain et les modes de
vie énergivores. Elle révèle les implications matérielles et sociales de la transition du système
énergétique de l’énergie physique, centré autour du bois et du charbon, vers le système
énergétique de l’énergie en réseau, constitué autour du pétrole, du gaz et de l’électricité. Cette
thèse conclut que les transitions énergétiques urbaines étudiées ont mené à une intensificationet à une externalisation des métabolismes urbaines, alors que la production et la transformation
d’énergie s’amplifient et s’effectuent désormais hors de la ville. L’analyse révèle que ces
modifications matérielles et spatiales entraînent des changements dans les pratiques de
consommation d’énergie et les attentes sociales qui les encadrent. La transition de l’énergie
physique vers l’énergie en réseau entraîne un passage d’une culture énergétique marquée par
le spectre de la pénurie vers une autre caractérisée par l’attente de l’abondance. Ces
changements matériels et sociaux ont entraîné des conséquences profondes sur
l’environnement et le climat avec lesquelles nous devons aujourd’hui composer.
To face climate change, cities must undergo profound energy transitions. This problem is
generally framed as a technical issue to be solved with engineering tools. However, energy
transitions also bring about deep social and material consequences. To interrogate these
themes, this thesis focuses on a historical case study spanning across four centuries to benefit
from the long view, the retrospective angle, and the unique access to archival documents that
only the historical perspective allows. More precisely, it studies the consequences of urban
energy transitions in Montréal, the metropolis of one of the most energy-consuming countries in
the world. It focuses on the Trente Glorieuses period between 1945 and 1973, marked by rapid
economic growth and by the intensification of the city’s energy metabolism, and on the 1970s
and its energy crisis.
Its four empirical chapters explore in turn the different facets of urban energy transitions in this
specific time and space. The first facet (chapter three) studies the dissent around the material
presence of energy in the city as approached through petitions and letters against wood and
coal energy storage spaces as well as gas stations in the immediate postwar period. The second
facet (chapter four) pertains to the environmental consequences of oil refining activities in the
east of Montréal as well as to their paradoxical legacy as understood through oral history
interviews. The third facet (chapter five) is on the evolution of energy demand forecasts in the
province of Québec during the 1960s and 1970s, the conflicts that forecasting generates, and
the role of forecasts in planning for energy infrastructure. The fourth facet (chapter six) examines
the consequences of transitions in heating on urban planning and on Montréal’s energy culture.
Willfully employing a multiscalar approach and simultaneously studying different energy sources,
this thesis demonstrates the profound consequences of urban energy transitions on energy
infrastructure, urban environments, and energy-hungry lifestyles. It reveals the material and
social implications of transitioning from a physical energy system, centered around wood and
coal, towards a networked energy regime of petroleum, gas, and electricity. This thesis
concludes that the urban energy transitions studied have led to the intensification and
externalization of urban metabolisms as energy production and transformation amplified while
being expelled from the city. The analysis reveals that these material and spatial changes
transform energy consumption practices. The transition from a physical energy system towards
a networked energy system produced a shift from an energy culture shaped by the specter of
scarcity towards another inspired by the expectation of abundance.
Type de document: | Thèse Thèse |
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Directeur de mémoire/thèse: | Van Neste, Sophie L. |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Beltran, Alain |
Informations complémentaires: | En cotutelle avec Sorbonne Université, École doctorale 188 / Thèse présentée pour obtenir le grade de Doctorat en histoire moderne et contemporaine / Programme offert par Sorbonne Université |
Mots-clés libres: | Histoire; transitions énergétiques; environnements urbains; métabolismes urbains; infrastructure ; pratiques de consommation; Trente Glorieuses; Montréal |
Centre: | Centre Urbanisation Culture Société |
Date de dépôt: | 26 mars 2024 14:24 |
Dernière modification: | 26 mars 2024 14:24 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/15303 |
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