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Évaluation du projet pilote d’alertes téléphoniques automatisées pour les personnes vulnérables à la chaleur et au smog

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Mehiriz, Kaddour et Gosselin, Pierre (2017). Évaluation du projet pilote d’alertes téléphoniques automatisées pour les personnes vulnérables à la chaleur et au smog Rapport de recherche (1755). INRS, Centre Eau Terre Environnement, Québec.

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Résumé

Ce rapport présente les résultats de l’évaluation de la mise en oeuvre, des effets et de l’analyse coût-bénéfice du projet pilote Téléphone Santé. Ce projet a été développé dans le cadre du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques dans le but d’implanter et d’évaluer un système d’alertes téléphoniques automatisées (SATA) permettant de rejoindre des personnes vulnérables à la chaleur et au smog et de leur proposer des conseils adaptés sur les comportements à adopter pour protéger leur santé. Les personnes recrutées et inscrites au projet Téléphone Santé devaient résider dans l’agglomération de Longueuil et présenter des caractéristiques qui, selon la littérature scientifique, les rendent plus vulnérables à la chaleur et au smog, comme la vieillesse ou des problèmes cardiaques ou pulmonaires. Le projet a été testé auprès de 1811 personnes réparties en deux catégories de participants :

  • Les personnes suivies à domicile par le réseau local de services (RLS) Pierre-Boucher
  • Les résidents de l’agglomération de Longueuil qui remplissaient les critères d’admissibilité au projet.

Les données de l’étude ont été obtenues par 6 vagues de sondages téléphoniques auprès des personnes inscrites au projet, 6 entrevues avec des intervenants chargés de la conception et la mise en oeuvre du projet et 8 entrevues avec des personnes qui ont reçu des alertes de chaleur ou de smog. Les principaux constats qui ressortent de l’analyse de ces données sont présentés ci-après.

La mise en oeuvre

L’évaluation de la mise en oeuvre avait pour objectif d’analyser le processus de recrutement des participants à l’étude ainsi que des messages d’alertes. L’étude montre que le recrutement s’est bien déroulé bien qu’elle a nécessité beaucoup d’efforts pour convaincre dans une courte personne un nombre important de personnes à s’inscrire au projet. Ainsi, 1 811 personnes ont été recrutées au projet et, parmi les personnes inscrites, une très forte majorité est d’avis que les informations sur le projet et sur la nature de leur participation étaient claires et que la démarche d’inscription était facile. L’analyse indique aussi que le système parvient à diffuser les messages d’alertes de chaleur et de smog auprès des bénéficiaires et qu’une très forte majorité de répondants est très satisfaite de la qualité de ces messages parce qu’ils sont perçus comme étant fiables, utiles et faciles à comprendre.

Les effets des alertes de chaleur

Utilisant le modèle de l’action planifiée comme cadre théorique (Ajzen, 1991), l’évaluation des effets avait pour objectif de mesurer l’influence des alertes de chaleur sur les attitudes, les normes, les perceptions de contrôle, les intentions et les comportements. Elle a également mesuré les effets des alertes sur la perception du risque de la chaleur pour la santé ainsi que le risque de souffrir effectivement de malaises reliés à la chaleur et l’utilisation auto-rapportée des services de santé.

Un devis expérimental a été utilisé pour évaluer les effets des alertes de chaleur sur le groupe de Longueuil. L’analyse suggère que ces alertes ont un effet positif sur la perception de l’utilité de boire de l’eau et d’utiliser les climatiseurs pour se protéger de la chaleur. Elles renforcent également les perceptions de contrôle de la réduction de l’effort physique, la fréquentation des endroits frais ou climatisés et l’utilisation des climatiseurs et des ventilateurs. En ce qui concerne les intentions, les alertes ont un effet positif sur l’intention de fréquenter des endroits frais ou climatisés. Par ailleurs, les alertes ont pour effets d’augmenter la prise de douches et de bains frais, la fréquentation des endroits frais ou climatisés et l’utilisation des ventilateurs. Elles incitent aussi les personnes à rester davantage à l’intérieur. Les femmes qui ont reçu les alertes de chaleur ont finalement utilisé moins les services de santé que celles qui n’ont pas reçu les alertes.

Dans le cas du groupe du RLS Pierre Boucher, un modèle quasi-expérimental a été utilisé pour contrôler les différences préexistantes entre ce groupe et le groupe témoin. Cette analyse suggère que les alertes ont des effets positifs sur la perception de l’utilité de fréquenter des endroits frais ou climatisés, d’utiliser les ventilateurs et de prendre des douches et des bains frais. Elles renforcent également l’intention de fréquenter des endroits frais et climatisés et incitent les participants à rester à l’intérieur lors des épodes de chaleur. Par contre, les alertes de chaleur n’ont pas d’effet sur les autres variables de mesure des effets. Comparativement au groupe de Longueuil, l’analyse indique donc que Téléphone Santé ne semble pas contribuer beaucoup à protéger le groupe de RLS Pierre Boucher des épisodes de chaleur. Le fait que ce groupe était très climatisé et recevait déjà beaucoup de soins à domicile est un facteur explicatif pour ce dernier point.

Les effets des alertes de smog

L’évaluation des effets des alertes de smog a utilisé la même méthodologie que l’évaluation des effets des alertes de chaleur. En revanche, elle n’a pas porté sur l’impact des alertes sur les attitudes, les normes et les perceptions de contrôle.

L’analyse indique qu’aussi bien dans le cas du groupe de Longueuil que de celui du RLS Pierre Boucher, les alertes de smog permettent aux personnes d’être mieux informées sur les épisodes de smog ainsi que sur les moyens de s’en protéger. L’exposition aux alertes améliore également la perception du risque du smog pour la santé et incite les personnes à rester chez elles, à fermer les fenêtres lors des épisodes de smog et, pour les personnes qui prennent des médicaments pour traiter les problèmes respiratoires, à les garder plus souvent avec elles. Par contre, les alertes n’ont pas d’effet sur la réduction de l’effort physique et du risque de souffrir de malaises reliés à la chaleur et sur l’utilisation des services de santé. Le faible niveau de pollution atteint peut être un facteur explicatif de ce dernier point.

Analyse coût-bénéfice

L’analyse coût-bénéfice a pour objectif d’estimer les coûts de santé évités par Téléphone Santé dans le cas où ce système serait implanté sur tout le territoire de l’agglomération de Longueuil. Cette analyse montre que les coûts de santé évités par le système d’alertes de chaleur dépassent de loin les dépenses de fonctionnement. Selon les scénarios très conservateurs utilisés, notamment l’hypothèse que seulement 2,5 % des personnes âgées de 65 ans et plus seraient inscrites au système, la mise en place du système permet néanmoins des économies qui varient entre 96 972 $ à 2,8 millions de dollars sur 10 ans en fonction des autres facteurs (nombre d’épisodes, nombre total de personnes âgées, etc.). Cette performance provient du fait que le système réduit significativement la demande de services de santé chers à dispenser et des faibles coûts de fonctionnement.

Les résultats de ce projet pilote portent à croire que les alertes téléphoniques automatisées contribuent à réduire les risques pour la santé des épisodes de chaleur et de smog en améliorant les connaissances et les comportements des personnes vulnérables à ces aléas météorologiques. Le système a également le potentiel de générer des économies significatives grâce à la réduction de l’utilisation des services de santé pour certains groupes. On constate toutefois que les retombées du projet sont très sensibles aux caractéristiques des bénéficiaires comme l’indiquent les différences constatées entre le groupe de Longueuil et le groupe du RLS Pierre Boucher en ce qui a trait aux alertes de chaleur. Il est aussi possible que la performance du système dépend de l’intensité des épisodes de chaleur et de smog, mais cette hypothèse n’a pas été testée dans cette étude.

Type de document: Rapport
Mots-clés libres: qualité de l'air; santé publique; smog; alertes de chaleur; système d’alertes téléphoniques automatisées; canicules
Centre: Centre Eau Terre Environnement
Date de dépôt: 22 août 2017 20:13
Dernière modification: 22 août 2017 20:13
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/6285

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