Carrier, Marc-André (2008). Synthèse hydrogéologique du nord du Ghana. Mémoire. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Maîtrise en sciences de la terre, 259 p.
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Résumé
Le développement durable des ressources en eau souterraine requiert avant tout une
bonne compréhension de l'hydrogéologie régionale. Dans les régions semi-arides telles
que le nord du Ghana, ce développement durable s'avère d'autant plus essentiel
puisque l'eau souterraine constitue souvent la seule source d'eau potable disponible ou
exploitable pour les communautés rurales. L'implantation de puits productifs dans ces
communautés demeure toutefois problématique dans certains secteurs où l'information
est inexistante ou difficilement accessible et certains aspects de l'hydrogéologie
régionale demandent à être approfondis. Dans ce contexte, cette étude vise à améliorer
la gestion et le développement des ressources en eau souterraine du nord du Ghana par
l'inventaire, la collecte et la synthèse de l'information hydrogéologique existante, de
même que par des travaux de terrain ciblés visant à compléter cette information. Cette
étude a été réalisée dans le cadre d'un projet supporté par l'Agence Canadienne de
Développement International (Hydrogeological Assessment project, HAP).
La zone à l'étude, qui couvre 97 704 km² et représente environ la moitié nord du Ghana,
est bordée par le Togo à l'est, la Côte d'Ivoire à l'ouest et par le Burkina Faso au nord.
La majeure partie du Ghana se situe sous 300 m d'élévation et le pays est généralement
considéré comme des basses terres. Le climat du nord du Ghana est caractérisé par des
températures annuelles élevées (~28°C) et une saison des pluies relativement courte
(~juin-oct.) avec une pluviométrie moyenne annuelle de 990 mm. La végétation,
principalement contrôlée par le climat, change graduellement d'une forêt humide
tropicale dans le sud-ouest de la zone d'étude vers la savane soudanaise dans le nord.
La rivière Volta possède le plus grand bassin au Ghana et ses tributaires drainent la
totalité de la zone d'étude. Dans le nord du Ghana, les contextes géologiques simplifiés
peuvent se résumer à deux principales unités: les roches du socle Précambrien (42 %
de la zone d'étude) et les roches paléozoïques du bassin sédimentaire Voltaian (VSB)
(58 %). La majorité des roches consolidées sont altérées en surface. L'épaisseur de ces
altérites (ou régolite) est en moyenne inférieure à 30 m mais peut atteindre 140 m autour
de Wa.
L'inventaire et la collecte de l'information hydrogéologique existante réalisés pour le nord
du Ghana ont notamment permis de répertorier et numériser les articles et rapports
pertinents ainsi que de les distribuer aux diverses institutions et organisations impliquées
dans le secteur de l'eau souterraine. Les principales couches d'information
géographique ont été obtenues de différentes organisations et le contenu de 6 bases de
données a été validé et consolidé en une base de données qui servira d'assise pour les
futurs projets hydrogéologiques. Des données de terrain ciblées ont été collectées
notamment par l'intermédiaire du forage et de la construction de 12 puits de surveillance,
qui viennent supplémenter le réseau de suivi existant du Water Resources Commission.
Ces puits ont été soumis à un essai de pompage et à des levés géophysiques. Les
fluctuations du niveau d'eau de même que la qualité de l'eau souterraine de ces puits
font l'objet d'un suivi depuis octobre 2007. Des travaux de terrain spécifiques à
l'évaluation de la recharge ont également été réalisés afin d'appliquer la méthode du
bilan de masse des chlorures.
L'information et les données réunies au cours du projet ont permis de préciser la nature
des deux principaux contextes hydrogéologiques, soient le bassin sédimentaire Voltaian
(VSB) et le socle Précambrien. Dans les roches cristallines du socle, la partie inférieure
du saprolite est définie comme un aquifère à nappe fuyante mais elle agit principalement
comme réservoir d'eau souterraine alimentant les fractures perméables sous-jacentes,
qui fournissent généralement la majeure partie du débit. La partie inférieure du saprolite
peut également fournir une quantité d'eau appréciable lorsque l'altération des roches a
permis une augmentation substantielle de la conductivité hydraulique. Dans le VSB,
l'aquifère principal est généralement situé au niveau du roc fracturé puisque le régolite
est souvent plus mince et peut ne pas contenir une quantité d'eau suffisante pour
l'exploitation. Ceci est appuyé par les caractéristiques typiques des puits, les coupes
hydrostratigraphiques régionales et l'épaisseur interpolée du régolite qui ont été dérivées
de la base de données consolidée. Les variations de l'élévation de la surface et de
l'épaisseur du régolite observées sur les coupes pourraient aussi indiquer la présence
d'aquifères isolés. Des statistiques générales sur les paramètres hydrogéologiques ont
été calculées pour chacun de ces contextes. Les taux de succès des puits forés ont
aussi été estimés à l'aide d'études antérieures compilées. Les taux de succès
représentatifs varient selon les régions, de 32 % (Tolon Kumbugu) à 82 % (Bawku East),
et sont en moyenne plus faibles dans le VSB que dans le socle Précambrien.
Dans certaines régions, des problèmes localisés de qualité d'eau souterraine ont été
identifiés. On dénote entre autre des concentrations en fluorures excédant les critères de
l'Organisation Mondiale de la Santé dans la région de Bongo-Bolgatanga et dans la
partie est du VSB. Un autre problème est relié aux faibles valeurs de pH couplées à de
fortes concentrations en fer et en manganèse. Ce problème concerne les aspects
esthétiques de l'eau et affecte aussi la durabilité des infrastructures exploitant l'eau
souterraine dans certaines régions (e.g. autour de Wa). Les données collectées dans ce
projet ont permis de fournir des statistiques régionales pour le nord du Ghana ainsi que
de l'information sur la distribution spatiale des valeurs et des concentrations de plusieurs
paramètres géochimiques.
La recharge a été évaluée à l'aide de deux méthodes, le bilan hydrologique dans la zone
non saturée (SMB) à partir des données météorologiques et le bilan de masse des
chlorures dans la zone non saturée (CMB) à partir de l'analyse de l'eau interstitielle
d'échantillons de sol prélevés dans le cadre du projet. Les taux de recharge estimés
varient de 1.8 à 15.9 % (19-205 mm) des précipitations moyennes annuelles pour le
SMB et de 1.5 à 10.6 % (16-108 mm) pour le CMB. Puisque ces deux méthodes ne
peuvent évaluer que la recharge diffuse et que les travaux antérieurs suggèrent une
importante recharge localisée, des travaux supplémentaires seraient requis afin de
mieux caractériser la recharge totale. Les taux d'extraction d'eau souterraine estimés ne
représenteraient qu'une faible proportion de la recharge, soit entre 0.1 % et 1.3 % de la
recharge annuelle estimée par le SMB. Les ressources en eau souterraine pourraient
donc jouer un plus grand rôle pour l'approvisionnement en eau dans le nord du Ghana,
autant dans les communautés rurales que dans les petites villes. Malgré le fait que les
taux d'extraction d'eau souterraine estimés soient considérés trop faibles pour affecter
significativement le bilan hydrologique régional, des efforts devraient être déployés pour
assurer une gestion durable des ressources en eau souterraine puisqu'un
développement accru de ces ressources est imminent. Bien que ce projet ait fourni
l'assise pour une telle approche en synthétisant l'information disponible, des travaux
additionnels sont requis pour combler les lacunes identifiées et ainsi fournir une
meilleure représentation de l'hydrogéologie régionale du nord du Ghana.
Dans ce contexte, le HAP, qui est étroitement lié à cette étude, a été prolongé pour une
seconde phase afin de mettre en oeuvre certaines de nos recommandations. Cette
extension inclura notamment l'application de la méthode du bilan de masse des
chlorures dans la zone saturée, la modélisation numérique de l'écoulement d'eau
souterraine pour deux bassins sélectionnés et une caractérisation géochimique
régionale de l'eau souterraine dans le nord du Ghana.
A thorough understanding of regional hydrogeology is the necessary basis for
sustainable development of groundwater resources. This is particularly true for semi-arid
areas such as northern Ghana where groundwater is often the most feasible option and
the main source for water supply in rural communities. The construction of reliable wells
satisfying rural community needs is however problematic in some areas where
information is inexistent or not readily accessible and certain aspects of regional
hydrogeology require further investigation. In this context, this study aims to improve
groundwater resource management and development in northern Ghana through the
inventory, collection and synthesis of existing hydrogeological information, as weil as by
targeted field work intended to complement this information. This study was carried out
as part of the Hydrogeological Assessment Project (HAP) supported by the Canadian
International Development Agency.
The study area covers approximately 97 704 km² and roughly consists of the upper half
of the Ghana, which is located between Togo to the east, Ivory Coast to the west and
Burkina Faso to the north. With a large part of the country below 300 m of elevation,
Ghana is generally considered as lowland. The climate in northern Ghana is
characterized by high annual temperatures (~28°C) and a relatively short (~June to
Oct.) but intense rainy season with an average annual rainfall around 990 mm.
Vegetation, which is mainly controlled by climate, grades from moist tropical forest in the
south-west of the study area to Sudan savannah in the north. The Volta River has the
largest basin in Ghana and its tributaries drain the entire study area. The simplified
geological contexts of northern Ghana can be summarized in two main geological units:
Precambrian basement rocks (42 % of the total study area) and Palaeozoic rocks from
the Voltaian sedimentary basin (VSB) (58 %). Most of the consolidated rocks in northern
Ghana are overlain bya weathered layer (regolith) that is generally less than 30 m thick
but that can be as thick as 140 m in the Wa district.
The inventory and collection of existing hydrogeological information that were carried out
in northern Ghana notably allowed relevant publications and reports to be registered,
electronically preserved and disseminated among stakeholders of the water sector. The
main GIS layers were obtained from various organizations and data from 6 electronic
data bases were validated and consolidated in one database to serve as a basis for
future hydrogeological projects in northern Ghana. Targeted field work notably involved
drilling and construction of 12 new monitoring wells that supplemented the existing Water
Resources Commission monitoring well network. These wells were submitted to
pumping tests and geophysical borehole logging. Groundwater level as well as
groundwater quality monitoring of these wells has been initiated in October 2007 and is
still ongoing. Specific field work including rainfall and soil sampling was also undertaken
for the evaluation of groundwater recharge through the chloride mass balance method.
Collected data and information allowed a better definition of the two main
hydrogeological contexts, the Precambrian basement and the Voltaian sedimentary
basin. In crystalline rocks, the lower part of the saprolite is defined as a leaky aquifer but
mainly acts as a reservoir of groundwater feeding the underlying permeable fractures
which would provide most of the yield. The lower part of the saprolite can also provide
significant amounts of water when weathering has enhanced hydraulic conductivity. In
the VSB, the main aquifer is generally located in fractured rock as the regolith is often
thinner and may not store significant amounts of water. This is supported by typical
borehole characteristics, regional hydrostratigraphic cross sections and interpolated
regolith thickness which were derived from the consolidated database. Variations in
surface topography and regolith thickness observed on cross sections could also lead to
localized and isolated aquifers. General statistics on key hydrogeological parameters
were summarized for both hydrogeological contexts. Potential drilling success rates were
also estimated using data from existing reports. Representative drilling success rates
which vary by region range from 32 % (Tolon Kumbugu) to 82 % (Bawku East) and are
on average lower for the VSB than for the Precambrian basement.
In some areas, localized groundwater quality problems were identified, notably high
fluoride concentrations exceeding World Health Organization guideline values in the
Bongo-Boigatanga area and in the eastern part of the VSB. Another problem is related to
low pH values coupled to high iron and manganese concentrations. This causes water
aesthetic problems and affects the sustainability of groundwater production
infrastructures in somme areas (e.g. around Wa). Data collected under this project
provided regional figures for the whole northern Ghana as well as information on spatial
distribution of values and concentrations for numerous geochemical parameters.
Groundwater recharge was evaluated with two methods, the soil moisture balance
(SMB) based on climate data and the chloride mass balance (CMB) based on analyses
of soil water extracted from soil samples collected under HAP. Estimated recharge rates
range from 1.8 to 15.9 % (19-205 mm) of average annual rainfall for SMB and 1.5 to
10.6 % (16-108 mm) of average annual rainfall for CMB. Since previous work suggests
that localized recharge represents a major portion of the overall recharge, additional
work would be required to better assess the overall recharge processes and magnitude.
Estimated groundwater production would represent a relatively low proportion of
recharge, Le. between 0.1 % and 1.3 % of average annual recharge from SMB
estimates. Groundwater could thus provide a greater supply of potable water in northern
Ghana, either for rural communities or small towns. Even though actual groundwater
production in Ghana is considered too small to affect the regional water balance, efforts
should be put towards the sustainable management of groundwater resources as an
increase in groundwater production is imminent. While this project has provided a basis
for such an approach by synthesizing available hydrogeological data and consolidating
existing databases, additional work is required to fill important data gaps and provide a
more complete picture of northern Ghana hydrogeology.
In this context, the HAP, which is closely linked to this study, was extended for a second
phase to implement some of our recommendations. This extension will notably include
the implementation of the chloride mass balance in the saturated zone, numerical
modeling of groundwater flow in two selected basins and a regional geochemical
characterization of groundwater in northern Ghana.
Type de document: | Thèse Mémoire |
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Directeur de mémoire/thèse: | Lefebvre, René |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Rivera, Alfonso |
Mots-clés libres: | hydrogéologie; Ghana; eau souterraine; gestion; développement |
Centre: | Centre Eau Terre Environnement |
Date de dépôt: | 27 nov. 2012 15:51 |
Dernière modification: | 18 mai 2023 13:55 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/455 |
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