Beauchesne, Isabel (2008). Enlèvement par voie électrochimique des métaux de boues d'épuration biologiques municipales. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en sciences de l'eau, 326 p.
Prévisualisation |
PDF
Télécharger (4MB) | Prévisualisation |
Résumé
La transcription des symboles et des caractères spéciaux utilisés dans la version originale de
ce résumé n’a pas été possible en raison de limitations techniques. La version correcte de ce
résumé peut être lue en PDF.
Les boues d’épuration sont des matières résiduelles fertilisantes. En ce sens, elles peuvent
constituer d’excellents amendements organiques et engrais pour des sols dégradés ou
encore des terres cultivées. Elles ont aussi le potentiel d’être utilisées comme matière
première économique pour la production de dérivés microbiens d’intérêt commercial.
Toutefois, leur contenu souvent trop élevé en contaminants, tels les métaux toxiques et les
pathogènes, restreint leur valorisation.
Le présent travail vise l’élaboration d’un procédé électrochimique de traitement de boues
d’épuration municipales contaminées principalement par des métaux. Plus précisément, le
traitement permet d’éliminer les contaminants réglementés pour leur épandage, par
lixiviation en milieu acide et électrodéposition simultanées, tout en préservant leurs
propriétés fertilisantes, et ce, à un coût abordable. Un tel procédé permet que la
neutralisation de la boue soit effectuée avant l’étape de séparation solide/liquide, ce qui
améliore la déshydratabilité de la boue comparativement à un procédé de décontamination
par lixiviation chimique. Cela permet aussi d’obtenir directement un effluent et une boue
de qualité environnementale élevée, sans aucune production de résidus contaminés.
Différents essais ont été réalisés en variant principalement la surface active des électrodes,
la distance interélectrode, la densité de courant et le pH du milieu. Aussi, la possibilité
d’ajouter des électrolytes pour améliorer la conductivité du milieu a été envisagée. Des
essais ont été réalisés en utilisant des cellules électrochimiques cylindriques, à électrodes
concentriques, et des cellules parallélépipédiques. Le contenu en Cu dans les phases
solides et liquides des boues, avant et après traitement, était le principal paramètre suivi.
L’électrodéposition du Cu sur les électrodes était aussi calculée.
Il s’est avéré que la configuration des électrodes, planes ou cylindriques, n’a pas d’impact
majeur sur les rendements du procédé. En effet, tant et autant que les paramètres
électriques de cellule optimisés sont maintenus (surface anodique de 39 cm²/cm³, surface
cathodique de 168 cm²/cm³, distance interélectrodes de 2 cm), ainsi qu’une certaine
turbulence dans le milieu, la configuration importe peu. Toutefois, une efficacité et une
efficience légèrement supérieure ont été constatées en utilisant une configuration
cylindrique à l’échelle pilote.
Différents matériaux d’électrodes ont été utilisés. Les anodes étaient en métal déployé afin
d’assurer une meilleure agitation et une certaine turbulence. Différents revêtements
déposés sur du titane ont été étudiés (oxyde de ruthénium ou Ti/RuO2, oxyde d’iridium ou
Ti/IrO2, et platine ou Ti/Pt). Les cathodes utilisées devaient idéalement être des matériaux
conventionnels, non nobles. En effet, le procédé vise non seulement la lixiviation des
métaux des boues, mais aussi une décontamination simultanée du lixiviat par
électrodéposition. En ce sens, le matériau de cathode devrait pouvoir être remplacé à faible
coût lorsque cette dernière sera surchargée de métaux. Des électrodes pleines d’acier roulé
à froid (matériau très peu dispendieux), d’acier roulé à chaud (possède une finition moins
lisse, donc potentiellement plus propre au placage), d’aluminium (léger et très conducteur,
Enlèvement par voie électrochimique des métaux de boues d’épuration biologiques municipales
mais son oxyde ne l’est que peu) et de cuivre (plus dispendieux, mais possède le meilleur
potentiel de retour à l’industrie) ont été utilisées.
Au niveau des paramètres de cellule, le titane recouvert d’oxyde d’iridium a été sélectionné
comme matériau d’anode le plus adéquat. De plus, bien que l’acier ait été sélectionné
comme matériau de cathode afin d’optimiser le traitement, les travaux ont démontré que le
cuivre, quoique plus dispendieux, pourrait aussi être utilisé, particulièrement dans une
perspective de valorisation de la cathode (retour à l’industrie) lorsqu’une boue est
essentiellement contaminée en cuivre.
L’objectif principal de la présente recherche a été atteint : un procédé électrochimique de
décontamination de boue d’épuration municipale a été développé. Un traitement
électrochimique d’une durée de 6 h exécuté à pH 1,8 s’est avéré efficace pour éliminer Cu
de la boue et obtenir une concentration suffisante pour atteindre la norme C2. Une
concentration résiduelle de 750 mg Cu/kg BS a en effet été obtenue à l’échelle pilote, à un
coût d’environ 30 $/TBS (incluant l’acide sulfurique et l’énergie). Une boue de classe C1 a
été obtenue suite à l’application du traitement, soit une concentration résiduelle de
(300 ± 80) mg Cu/kg BS, mais à un coût énergétique élevé, soit (1 000 ± 700) $/TBS.
Pour atteindre la norme C1, le procédé combiné chimique/électrochimique a donc dû être
appliqué en agitant 15 kg H2O2/TBS et 25 kg Fe3+/TBS pendant une période de 2 h avant
l’activation du générateur de courant. Une densité de courant de 15 mA/cm2 a été suffisante
pour assurer la décontamination. Une concentration résiduelle de
(200 ± 100) mg Cu/kg BS a alors été obtenue. Le procédé combiné
chimique/électrochimique s’est aussi avéré efficace pour réduire la présence d’organismes
pathogènes dans la boue et la concentration de certains polluants organiques. Les coûts de
traitement associés à l’application du procédé combiné chimique/électrochimique sont de
17 $/TBS d’acide sulfurique, de 24 $/TBS de H2O2 et 16 $/TBS de FeCl3 lorsqu’utilisés,
puis de (30 ± 2) $/TBS d’énergie pour une boue contenant 27,5 g ST/kg.
La démonstration à l’échelle pilote a été exécutée avec succès. L’application des
paramètres optimaux déterminés à l’échelle de laboratoire a permis d’obtenir une boue de
qualité environnementale C1-P1, ce qui démontre la faisabilité de l’échelle pilote. De
même, l’applicabilité du procédé en mode continu a été démontrée. La chaîne de traitement
est largement simplifiée en comparaison à un procédé de lixiviation chimique
puisqu’aucun résidu de procédé n’est produit et que la boue, et l’effluent de procédé, sont
de qualité environnementale élevée. De plus, la boue traitée, après neutralisation, présente
de meilleures caractéristiques de déshydratabilité (environ 5 points de siccité). Il en résulte
une quantité inférieure de boues à gérer et des économies pour la station d’épuration.
Finalement, le procédé développé s’est avéré efficace pour éliminer de nombreux éléments
indésirables pouvant être présents dans une boue d’épuration municipale, à maintenir la
valeur fertilisante de la boue et cela à un coût acceptable dans la conjoncture actuelle. Bien
que des recherches systématiques soient requises sur les autres éléments indésirables, les
résultats obtenus sont forts prometteurs.
Type de document: | Thèse Thèse |
---|---|
Directeur de mémoire/thèse: | Blais, Jean-François |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Mercier, Guyet Drogui, Patrick |
Informations complémentaires: | Résumé avec symboles |
Mots-clés libres: | métaux; boues d'épuration; électrochimie; municipales oxydoréduction; lixiviation; décontamination |
Centre: | Centre Eau Terre Environnement |
Date de dépôt: | 22 nov. 2012 19:50 |
Dernière modification: | 23 juill. 2024 14:30 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/453 |
Gestion Actions (Identification requise)
Modifier la notice |