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Retour sur les notions de ségrégation et de ghetto ethniques et examen des cas de Montréal, Toronto et Vancouver.

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Apparicio, Philippe ORCID logoORCID: https://orcid.org/0000-0001-6466-9342 et Séguin, Anne-Marie ORCID logoORCID: https://orcid.org/0000-0002-6195-7813 (2008). Retour sur les notions de ségrégation et de ghetto ethniques et examen des cas de Montréal, Toronto et Vancouver. INRS-Urbanisation, Culture et Société, Montréal.

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Résumé

Ce rapport a été réalisé dans le cadre d'un mandat de recherche confié à une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique, Urbanisation, Culture et Société (INRS-UCS) par la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles (CCPARDC). Ce mandat visait les objectifs suivants : - définir les notions de ségrégation et de ghetto ethniques; - décrire les répartitions des immigrants et des populations déclarant appartenir à une minorité visible dans la région métropolitaine de Montréal, et ce, en prenant soin de les comparer aux répartitions observées à Toronto et Vancouver; - vérifier l’existence d’enclaves et de ghettos ethniques à Montréal. Les notions de ségrégation, d’enclave et de ghetto ethniques La notion de ségrégation résidentielle La notion de ségrégation ethnique fait l’objet de différentes définitions selon les auteurs et les disciplines. Dans cet éventail, il est possible de dégager deux grands types de définitions et conséquemment d’analyses : celles qui s’attachent à la ségrégation comme processus impliquant des acteurs avec leurs stratégies et celles qui s’attachent à la ségrégation comme situation ou comme état. Dans ce second courant, la ségrégation est définie comme le fait que les immigrants ou les populations appartenant aux minorités visibles ne se répartissent pas uniformément dans l’espace, c’est-à-dire dans une proportion égale dans chaque unité composant l’ensemble du territoire. On parle alors de concentration ethnique. C’est dans ce second courant que se situe notre étude. L’existence de quartiers ethniques est souvent associée à des connotations négatives tel le fait que ces derniers seraient des obstacles à l’intégration ou encore des lieux de relégation. Or, de nombreux avantages sont aussi associés à la concentration ethnique, notamment l’entraide entre immigrants; le soutien de la communauté immigrante dans l’insertion économique; le « confort culturel », etc. Ces analyses nous permettent donc de considérer les concentrations ethniques d’une manière beaucoup plus nuancée et positive. Les notions d’enclave et de ghetto ethniques Les enclaves représentent des secteurs urbains à forte concentration ethnique, où les communautés ethniques sont majoritaires, c’est-à-dire qu’elles représentent plus de la moitié de la population totale du secteur. Il est à noter que Johnston et al. (2002a, 2003) distinguent plusieurs niveaux d’enclavement : - Les enclaves ethniques pluralistes où les communautés ethniques sont majoritaires (elles représentent entre 50 % et 70 % de la population totale du quartier). - Les enclaves ethniques mixtes où les communautés ethniques sont très majoritaires (elles représentent plus de 70 % de la population totale du quartier), mais où aucune communauté n’est dominante. - Les enclaves ethniques polarisées où les communautés ethniques sont très majoritaires et dominées par une communauté ethnique qui représente plus des deux tiers de la population ethnique (les communautés ethniques représentent plus de 70 % de la population totale du quartier et une communauté représente plus de 66,6 % de l’ensemble de la population ethnique du quartier). Les ghettos représentent quant à eux la forme de concentration ethnique la plus extrême qui soit. De façon opérationnelle, ce sont des enclaves ethniques polarisées auxquelles on ajoute le critère suivant : 30 % de la population totale (de la métropole) de cette communauté ethnique dominante doit résider dans ces enclaves. Synthèse des résultats Les analyses réalisées à partir de données extraites de cinq recensements de Statistique Canada (1981, 1986, 1991, 1996 et 2001) pour les régions métropolitaines de Montréal, Toronto et Vancouver, ont permis d’avancer plusieurs constats relativement à la répartition de l’immigration et des minorités visibles à Montréal. Une présence des immigrants et des minorités visibles moins marquée à Montréal qu’à Toronto et Vancouver En 2001, la métropole montréalaise compte 612 890 immigrants, soit 18,4 % de la population totale et 458 335 personnes ayant déclaré appartenir à une minorité visible, soit 13,6 %. La présence des immigrants est ainsi moins marquée à Montréal (18,4 %) qu’à Toronto (43,7 %) et Vancouver (37,5 %). Il en va de même pour les minorités visibles, 15,9 % à Montréal contre 36,8 % et 36,9 % respectivement à Toronto et à Vancouver. Une stabilité des niveaux de ségrégation des immigrants depuis une vingtaine d’années Les indices de ségrégation des immigrants calculés pour les cinq années de recensement sont restés fort stables entre 1981 et 2001. Ceci démontre qu’il n’y a donc pas eu une augmentation de la ségrégation résidentielle des immigrants – et ainsi des concentrations d’immigrants – à Montréal durant les deux dernières décennies. Des immigrants plus exposés à la société d’accueil à Montréal qu’à Toronto et Vancouver Les immigrants sont moins isolés à Montréal qu’à Toronto et Vancouver : en 2001, pour un immigrant de Montréal, en moyenne 31 % de la population résidant dans son secteur de recensement est aussi immigrante contre respectivement 50 % et 42,5 % à Toronto et Vancouver. En d’autres termes, en moyenne sept personnes sur dix résidant dans le secteur de recensement d’un immigrant ne sont pas immigrantes. Au plan résidentiel, les immigrants sont ainsi plus exposés aux membres de la société d’accueil à Montréal qu’à Toronto et Vancouver. Une présence plus marquée des immigrants et des minorités visibles sur l’île de Montréal La population immigrante et celle des minorités visibles ne se distribuent pas de façon homogène sur le territoire de la métropole montréalaise : elles se concentrent surtout sur l’île de Montréal, et secondairement dans certains secteurs de la ville de Laval et de la Proche-Rive-Sud. Absence de ghetto à Montréal Il n’existe pas de ghetto ethnique à Montréal, d’ailleurs pas plus qu’à Toronto et Vancouver, soit des espaces caractérisés par une concentration extrême de minorités visibles. En outre, les enclaves ethniques sont une forme de concentration relativement rare à Montréal, alors qu’elles sont davantage présentes à Toronto et Vancouver. Conclusion Ces cinq constats nous amènent ainsi à conclure que la réalité de l’immigration à Montréal ne doit pas se poser en termes de ghettoïsation. Une très forte majorité des immigrants et des membres des minorités visibles partagent leur espace résidentiel avec des natifs et avec des populations qui n’appartiennent pas aux minorités visibles. On observe quelques enclaves ethniques, mais elles forment nettement l’exception.

Type de document: Rapport
Informations complémentaires: Rapport de recherche réalisé pour la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles
Mots-clés libres: Notion; ségrégation; ghetto; enclave; ethnie; ethnique; mesure; répartition; immigrant; minorité visible; analyse; comparaison; Montréal; Toronto; Vancouver.
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 29 janv. 2015 15:26
Dernière modification: 03 août 2022 14:43
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/2534

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