Saad, Christian (2014). Analyse hydrométéorologique multivariée et modélisation déterministe des crues de la rivière Richelieu, Québec. Mémoire. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Maîtrise en sciences de l'eau.
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Résumé
Les inondations printanières majeures de la rivière Richelieu (Québec, Canada) et de son
bassin versant, comme celle qui a affecté cette région au printemps de 2011, représentent une des
préoccupations importantes pour les décideurs, les agriculteurs, la population et tous les
intervenants impliqués dans la gestion et la surveillance des infrastructures affectées par la
montée des eaux dans cette région. Dans la perspective d'améliorer la gestion des risques
d'inondation, une approche combinant des techniques d'analyse statistique et de modélisation
déterministe des extrêmes hydrométéorologiques est proposée et évaluée en se basant sur les
évènements historiques d'envergures similaires et distincts de la crue record de 2011 de la rivière
Richelieu. En effet, les évènements de crues printanières ont pour origine une combinaison de
facteurs directs et indirects provenant de la distribution temporelle et spatiale des variables
météorologiques clés, ayant un effet sur les niveaux d'eau, tels que le cumul de précipitation,
l'intensité des évènements pluvieux ainsi que la variabilité intrasaisonnière de la température. Il
est donc important d'analyser les régimes de précipitation et de température en terme d'intensité,
de durée, d'occurrence et de fréquence à l'origine des conditions météorologiques favorisant
l'apparition et la sévérité des crues exceptionnelles, comme celle de 2011.
Dans le but d'acquérir une compréhension approfondie des risques d'inondations de la
rivière Richelieu et de mieux anticiper les cas de crues importantes dans le futur, les principaux
objectifs de cette étude sont de : (1) Développer un modèle probabiliste multivarié par
l'intermédiaire de copules, afin de (2) caractériser les effets isolés et conjoints d'évènements
météorologiques sur les crues de la rivière Richelieu, dont la crue record de 2011. Dans un
deuxième temps, cette étude a permis (3) d'élaborer des scénarios météorologiques plausibles
pouvant générer des crues particulières afin (4) d'évaluer la réponse hydrologique de la rivière
Richelieu à différents facteurs ou scénarios météorologiques via l'utilisation d'un modèle
hydrologique déterministe.
Afin de prendre en compte l'effet combiné de facteurs et d'aléas météorologiques variés
reliés à l'occurrence, l'intensité et la durée des crues printanières, plusieurs indicateurs annuels,
saisonniers et mensuels du régime de précipitation, de la température et de l'hydrologie de la
rivière Richelieu sont calculés pour la période récente de 1981 à 2011. Les contextes
météorologique et hydrologique de l'évènement de 2011 par rapport à la climatologie (calculée
sur la période 1981-2011) sont caractérisés selon les indicateurs les plus appropriés à partir des
précipitations totales et des températures minimum et maximum quotidiennes, ainsi que des
débits journaliers. Des analyses des anomalies interannuelles standardisées et de la dépendance
entre les évènements hydrométéorologiques permettent ainsi d'évaluer la variabilité des régimes
étudiés et d'apprécier les interrelations potentielles entre les variables à l'étude et les épisodes de
crues printanières au cours du temps.
L'ajustement de lois statistiques pour l'estimation de probabilités d'occurrence conjointes
et conditionnelles, de durée et d'intensité de crue à l'aide d'une approche statistique par copule
permet de quantifier les effets séparés et conjoints de divers évènements météorologiques sur les
inondations printanières. La technique proposée consiste à utiliser 2 modèles de copule
archimédienne hiérarchique trivariée, dont ceux de Frank et Clay ton. Suite à une évaluation de la
distribution, de la fréquence et de la structure de dépendance des valeurs simulées, ces modèles
se sont avérés applicables dans le contexte hydrométéorologique de la rivière d'intérêt. Ceci a
donc permis de quantifier la récurrence de l'intensité de la crue du printemps 2011 selon les
conditions observées avant et durant son apparition, soit une fois par 11 à 13 ans sous les
conditions observées de précipitation totale tombée entre novembre 2010 et mars 2011 et de
nombre de jours avec cycle quotidien de gel/dégel durant ce même hiver. De plus, la récurrence
du maximum de crue de 2011 est estimée à une fois par 7 à 52 ans lorsque les mêmes conditions
observées de précipitation totale entre novembre et mars ont lieu conjointement avec le 90ème
centile de pluie printanière observée en 2011 dans la vallée du lac Champlain. Par conséquent, le
régime de précipitation totale de novembre à mars, la variabilité intrasaisonnière des
températures hivernales ainsi que l'intensité des précipitations extrêmes au printemps expliquent
en partie les inondations d'intensité majeures observées en 2011 puisque les probabilités
d'occurrence de la crue de 2011 conditionnelle à ces variables sont élevées. De plus, cette
méthode a permis de quantifier la probabilité d'occurrence selon différentes combinaisons
trivariées des évènements hydrométéorologiques observés en 2011 cités ci-dessus. Le risque
d'inondation de la rivière Richelieu pour un évènement similaire à 2011 est ainsi estimé en
termes d'amplitude et de probabilité d'occurrence.
La technique proposée sert également à établir différents scénarios hydrométéorologiques
de crue particulière. Le modèle multivarié par copule permet d'élaborer diverses combinaisons
plausibles de conditions météorologiques pouvant engendrer des intensités de crue importante
pour la rivière Richelieu. Les risques des évènements de crues ciblées sont estimés par les
périodes de retour conjointes et conditionnelles selon les différents scénarios tri variés. Ces
derniers servent à l'analyse du régime hydrologique de la rivière Richelieu selon différents
facteurs météorologiques et ultimement à contribuer au développement d'un système de gestion
de risque d'inondation.
Une fois calibré et validé adéquatement, l'utilisation du modèle hydrologique
déterministe et semi-distribué CEQUEAU permet d'analyser la sensibilité ou la réponse
hydrologique de la rivière Richelieu à 10 scénarios de combinaisons d'évènements
météorologiques qui sont des variantes des conditions observées durant les années 1997-1998 et
2010-2011. Un incrément saisonnier est appliqué aux différentes séries temporelles observées
pour ces 2 années afin d'atteindre les cibles saisonnières des scénarios élaborés par copule
multivariée. La pertinence de produire plusieurs séries temporelles météorologiques en variant la
distribution temporelle des évènements quotidiens intrasaisonniers pour chaque scénario est
évaluée afin de prendre en considération une gamme de scénarios équiprobables. Il est démontré
que la sévérité d'une crue sous des conditions météorologiques similaires à celles de 2011, sauf
en ce qui a trait aux précipitations totales tombées entre novembre et mars, ou à l'intensité des
précipitations tombées durant la crue, est réduit d'un statut majeur, tel qu'observé durant le
printemps 2011, à un statut médium. L'effet d'une réduction de l'intensité des pluies au
printemps sur la réduction du débit de pointe du Richelieu est moins important que l'effet d'une
réduction des précipitations totales tombées entre novembre et mars à échelle comparable. De
plus, l'effet combiné de ces 2 conditions sur le débit de pointe réduit celui-ci sous le seuil
d'inondation mineure. D'autre part, les scénarios où le nombre de jours avec cycle quotidien de
gel/dégel en hiver est modifié, ne semblent pas avoir d'impact sur les crues simulées, sans doute
à cause d'une incompatibilité entre cet indice et les paramètres du modèle hydrologique qui
gèrent le processus effectif de fonte du couvert nival. Il serait donc utile dans de futurs travaux
d'analyser plus en détail l'effet de la variabilité des températures au cours de l'hiver, et
notamment l'effet des cycles de gel/dégel, sur les caractéristiques du couvert nival disponible
pour la fonte au printemps ainsi que leurs influences sur la modélisation de la pointe de crue.
Les résultats présentés dans ce mémoire apportent une contribution originale à la science
de l'eau et plus particulièrement ils posent les jalons d'un éventuel développement d'outil de
gestion de risque d'inondation, tout en offrant une caractérisation hydrométéorologique de la
rivière Richelieu et de son bassin versant.
The major spring floods of the Richelieu River (Quebec, Canada), such as the record
flood of 2011, represent important preoccupations to decision makers, agricultural workers, the
local population and individuaIs responsible for the monitoring and the management of
infrastructures affected by water levels in the study area. In a perspective to improve flood risk
management systems, an approach combining statistical techniques with deterministic modeling
of extreme hydrometeorological events is proposed and evaluated based on historical flood
events inc1uding the 2011 record spring flood of the Richelieu River. Therefore it is important to
analyse the precipitation and temperature regimes in terms of intensity, duration, variability and
frequency of the conditions behind the occurrence and severity of flood characteristics such as
the 2011 spring flood.
With the main goal of acquiring a more comprehensive understanding of flood risks for
the Richelieu River and in order to be better prepared in the case of future flood events, the
following objectives are explored: (1) To develop a multivariate probabilistic model with the use
of copulas in order to (2) evaluate the separate and joint effects of various meteorological events
on the flow response of the Richelieu river, especially in the case of a record flood such as the
one of 2011. In addition, the developed model is to be used to elaborate plausible multivariate
meteorological scenarios which can lead to particular extreme conditions in order to (4) evaluate
the flow response of the Richelieu River according to those scenarios using a deterministic
hydrological model.
In order to account for the combined effect of various meteorological factors on the
occurrence, intensity and duration of spring floods, several annual, seasonal and monthly
indicators of precipitation, temperature and hydrological regimes are ca1culated for the recent 31
year period of 1981 to 2011. The climatological, meteorological and hydrological context of the
Richelieu River watershed are characterised using these indicators as well as the daily total
precipitation, minimum and maximum temperature and flow observations for that common
period. Inter-annual standardised anomalies and dependence analyses conducted on these
hydrometeorological variables describe adequately the variability of the studied regimes.
The proposed technique to quantify the separate and joint effects of meteorological
events on flood intensity and duration consists of 2 fully nested Archimedean copulas, the
Clay ton and Frank copulas. Using these copulas, the recurrence of the 2011 spring flood
intensity conditional on the observed total precipitation fallen between November 2010 and
March 2011 and the number of frost/thaw episodes that same winter in the Lake Champlain
valley was estimated at once every 11 to 13 years; whereas the recurrence of that same flood
conditional on the observed cumulative precipitation fallen between November 2010 and March
2011 and the 90th percentile of rainfall in spring 2011 for that same region was estimated at once
every 7 to 52 years. Consequently, this analysis confirmed that the flood intensity of the 2011
events are partially explained by the precipitation regime fallen between November and March,
the intraseasonal temperature variability in winter as weIl as the intensity of extreme
precipitation events in spring upstream of the hydrometric station studied since the probability of
occurrence of such a flood is high under those conditions. Therefore, a flood risk for the
Richelieu River similar to the 2011 spring flood is estimated in terms of its magnitude and
likelihood of occurrence.
The proposed technique also serves as a statistical basis to construct plausible
meteorological scenarios, which could generate particular floods of the studied river. The
copulas are used to develop several combinations of meteorological events that would likely
produce floods of significant magnitude. The risks associated with the flood events of interest are
estimated using the joint and conditional return periods of the hydrometeorological scenarios
elaborated. Those scenarios are used in a sensitivity analysis of the hydrological response of the
Richelieu River to various meteorological factors and ultimately as a first step to the
development of a flood risk management tool.
A possible application of the proposed approach is demonstrated with the use of the semi-distributed
and deterministic hydrological model, CEQUEAU. The model is calibrated and
validated appropriately using current high resolution physiographic data as weIl as daily
hydrometeorological data of the afore-mentioned recent period. It is then used to simulate
extreme flows of the Richelieu River according to 10 scenarios of various combinations of
meteorological conditions based on the observed time-series of 1997-1998 and 2010-2011.
Seasonal increments are applied to the observed time-series of those 2 hydrological years in
order to meet the meteorological targets of the scenarios elaborated using the multivariate copula
model. This exercise pointed out the importance of producing several simulated time-series with
varying temporal distributions of the daily events for each scenario in order to consider a range
of meteorological possibilities. Results show a reduction in flood severity Cie. from major to
medium flood) for scenarios of similar meteorological conditions as 2011 with the exception of
lower total November to March precipitation quantities, or lower spring liquid precipitation
intensities, equivalent to 2-year return periods. Furthermore, a reduction in the flood severity
from major to less than minor flood is observed when both of these precipitation conditions are
met in the same hydrological year. On the other hand, scenarios with higher number of
frost/thaw episodes than those observed in winter 2010-2011 do not appear to have significant
impacts on the simulated flow regime in spring. This could possibly be due to an incompatibility
between the method used to produce these scenarios and the mathematical equations used to
describe/represent snowmelt processes in the hydrological model. It would be practical to
explore in future studies the production of scenarios with the use of additional conditions, which
account for the caracteristics of the modelled snowmelt processes, and thereby evaluating the
effects of frost/thaw cycles in winter on spring flood peaks.
The results presented in this M. Sc. thesis bring about an original contribution to the field
of hydrology and more particularly to the development of flood risk management tools, while
offering a hydrometeorological characterisation of the Richelieu River and its watershed.
Type de document: | Thèse Mémoire |
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Directeur de mémoire/thèse: | St-Hilaire, André |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Gachon, Philippe |
Mots-clés libres: | inondation; crue; modèle probabiliste multivarié; météorologie; rivière Richelieu |
Centre: | Centre Eau Terre Environnement |
Date de dépôt: | 26 mai 2014 20:49 |
Dernière modification: | 08 juin 2023 17:42 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/2275 |
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