Synthèse des ressources en eau dans la MRC Brome-Missisquoi

Marchessault, Anabelle; Di Pasquale, Emeline; Huchet, François et Lefebvre, René ORCID: https://orcid.org/0000-0002-7938-9930 (2023). Synthèse des ressources en eau dans la MRC Brome-Missisquoi Rapport de recherche (R2209). INRS Centre Eau Terre Environnement, Québec.

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Résumé

Ce rapport documente une synthèse initiale des ressources en eau de la MRC Brome-Missisquoi. Cette synthèse a été réalisée à l’été et à l’automne 2023 et elle sera complétée par des travaux dont la réalisation est prévue en 2024. La synthèse des ressources en eau va servir, entre autres, à l’échange des connaissances avec les acteurs de l’eau régionaux afin d’identifier les principaux enjeux reliés à l’eau qui nécessiteront des actions. Il est prévu que l’ensemble de ces actions soit intégré à un Plan régional de gestion des ressources en eau ayant pour but d’assurer que l’utilisation de l’eau soit durable et résiliente. Cette synthèse pourra aussi servir à l’élaboration des plans de protection des approvisionnements municipaux de la MRC. Après une mise en contexte, la section 2 du rapport décrit sommairement les caractéristiques de la région d’étude ainsi que ses conditions climatiques et les enjeux territoriaux. La MRC Brome-Missisquoi couvre 1 680 km2 et comprend 21 municipalités. Ses 67 591 habitants sont principalement répartis dans six pôles urbains (municipalités e de plus de 2 500 habitants). La région connait une forte croissance démographique avec une augmentation des ménages de 41% et de la population de 24% depuis 2001. La topographie de la région est étroitement reliée aux quatre contextes hydrogéologiques du territoire, d’orientation SSW-NNE : les Appalaches (zones interne et externe), la Plate-forme du Saint-Laurent et les collines Montérégiennes. L’est du territoire, associé au contexte des Appalaches, est principalement d’occupation forestière tandis que l’ouest, en contexte des Basses-Terres, est essentiellement d’occupation agricole. La région d’étude est caractérisée par un climat de type continental humide avec des étés tempérés. Dans la partie ouest, les températures sont plus élevées et les précipitations moins abondantes que dans la partie est. Les modèles climatiques prévoient des changements (Ouranos, 2020) : hausse de la température moyenne annuelle, augmentation des redoux hivernaux, baisse des précipitations solides (neige) au détriment des précipitations liquides (pluies). Ces tendances ont déjà eu et auront encore un impact sur la ressource en eau. Le schéma d’aménagement et de développement (SAD) de la MRC Brome-Missisquoi (2008) contenait déjà plusieurs objectifs reliés à l’eau ainsi que des politiques d’aménagement particulières relatives à la gestion de l’eau. Plus récemment, le Plan régional des milieux naturels (PRMN) de la MRC Brome-Missisquoi (2023a) a identifié les grands enjeux reliés à l’eau. De plus, l’orientation numéro 5 du PRMN est directement reliée à l’eau : « favoriser une gestion durable des ressources en eau afin d’assurer un approvisionnement en eau de qualité et en quantité suffisante ». Cette orientation implique une concertation avec les organismes de bassin versant (OBV) couvrant le territoire de la MRC, soient l’OBV Yamaska dans la partie nord et l’Organisme de bassin versant de la baie Missisquoi (OBVBM) dans la partie sud. La section 3 représente le cœur du rapport et on y décrit les ressources en eau, d’abord de surface puis souterraine, ainsi que les conditions de la gestion régionale des ressources en eau. La quantité d’eau de surface a été évaluée à l’aide des tronçons de l’Atlas hydroclimatique reliés aux prises d’eau municipales. Ainsi, les tendances du débit des cours d’eau ont pu être définies pour différents horizons futurs et scénarios climatiques par rapport à la période de référence des normales climatiques (1981-2010). Pour tous les tronçons analysés et les trois horizons (période actuelle, 2011-2040 ; futur proche, 2041-2070 ; futur lointain, 2071-2100), le débit annuel moyen augmente, le débit été-automne diminue et le débit hiver-printemps augmente, par rapport à la période de référence. Dans cette même section, la qualité de l’eau de surface a été caractérisée à l’aide de six stations de l’Atlas de l’eau et de la base de données du suivi physicochimiques du fleuve et des rivières. Ces stations ont été sélectionnées parce que les rivières qu’elles représentent sont des sources d’approvisionnement en eau de surface pour quatre municipalités (Bromont, Cowansville, Farnham et Saint-Armand). Globalement, la qualité de l’eau est satisfaisante à bonne, sauf pour le ruisseau au Castor avant l’embouchure du lac Champlain. D’ailleurs, l’apport important en phosphore dans le lac Champlain est une problématique connue qui est considérée par les gouvernements québécois et américains. Afin de caractériser les ressources en eau souterraine, une synthèse a été faite pour la MRC Brome-Missisquoi des travaux réalisés dans le cadre du PACES Montérégie Est. Ces travaux montrent que la « disponibilité » de l’eau souterraine est bonne puisque la recharge des nappes est relativement importante. La recharge est plus importante, plus que 205 mm/an, dans la zone interne des Appalaches et plus faible, 13 à 145 mm/an, dans le contexte des Basses-Terres. Toutefois, « l’exploitabilité » de l’eau souterraine est relativement faible dans l’aquifère régional de roc fracturé qui est généralement exploité, mais il y a localement des aquifères granulaires permettant de bons débits, comme dans la vallée de la rivière Sutton. Dans la région, il y a quelques puits d’observation du Réseau de suivi des eaux souterraines (RSESQ) du MELCCFP qui permettent le suivi du niveau des nappes. La vulnérabilité de l’aquifère rocheux régional, telle qu’évaluée avec l’indice DRASTIC, montre des zones de vulnérabilité élevée à très élevée à l’ouest du territoire de la MRC, soit dans le contexte des Basses-Terres qui est caractérisé par une utilisation agricole du territoire, alors que le reste du territoire présente une vulnérabilité intermédiaire. Au niveau de la qualité de l’eau souterraine, sur 47 échantillons prélevés dans la région d’étude, les critères de potabilité ont été excédés pour une fois (2.1%) pour l’arsenic, le fluorure et le baryum, deux fois (4.3%) pour l’uranium et 12 fois (25.5%) pour le manganèse. À noter que pour le manganèse le critère représente une recommandation faite en 2019 par Santé Canada et qui n’est pas encore intégrée aux normes provinciales. Au niveau de la gouvernance de l’eau, les Plans directeurs de l’eau (PDE) des deux OBV couvrant la région d’étude date de 2015 et sont en révision. Ces plans ont identifié plusieurs enjeux reliés aux ressources en eau. Ces enjeux touchent notamment à la qualité de l’eau de surface affectée par diverses sources de pollution. Les PDE comprennent des actions visant à réduire les causes de ces pollutions, et soulignent aussi la nécessité d’assurer la protection des prises d’eau potable, ce qui pourrait être réalisé grâce aux Plans de protection à développer à la suite des analyses de vulnérabilité des sources complétées en 2021 pour les approvisionnements municipaux de catégorie 1 (desservants plus de 500 personnes et au moins une résidence). La section 4 décrit les usages de l’eau dans la MRC Brome-Missisquoi. D’abord, une estimation est faite à l’échelle municipale des différents types d’usage de l’eau (résidentiel, agricole, industriel-commercial-institutionnel) et de leur source (eau de surface ou souterraine). L’estimation basée sur les données de 2010 qui a été faite dans le cadre du PACES Montérégie Est a été actualisée avec les données de 2022 et une projection a été faite pour les conditions prévisibles en 2031, notamment la croissance démographique. Une estimation a aussi été faite de l’impact de la population saisonnière sur l’usage de l’eau pour 2022. Pour 2022, l’usage total de l’eau dans la MRC est estimé à 18.2 Mm3/an, dont 10.5 Mm3/an provient de l’eau de surface et 7.7 Mm3/an de l’eau souterraine. Au niveau de l’usage total de l’eau, ce sont les usages industrielcommercial-institutionnel (ICI) qui utilisent le plus d’eau avec des prélèvements de 10.7 Mm3/an, suivi des usages résidentiels servis par un réseau à 4.2 Mm3/an, les usages résidentiels hors réseau à 2.0 Mm3/an et les usages agricoles à 1.3 Mm3/an. Pour l’eau souterraine, la proportion d’usage par rapport à la recharge des nappes a été évaluée pour toutes les municipalités. Cette proportion est très généralement sous 5%, ce qui indique une exploitation durable. Toutefois, pour trois municipalités (le Canton de Bedford, Pike River et Stanbridge Station) mais une évaluation plus détaillée devrait être réalisée en utilisant des limites naturelles afin d’évaluer adéquatement le niveau d’usage par rapport à la recharge. Enfin, les approvisionnements municipaux de catégorie 1 sont décrits sur la base des rapports des analyses de vulnérabilité (RAV) des sources qui ont été produits en 2021. Cette synthèse couvre ainsi les municipalités de Bromont, Cowansville et Farnham. Les enjeux de protection reliés à la quantité et à la qualité d’eau sont aussi inventoriés pour l’ensemble des municipalités sur la base d’une compilation faite par la MRC Brome-Missisquoi. Aussi, les principales menaces à considérer pour la gestion des aires de protection des approvisionnements municipaux ainsi que les principales recommandations des RAV sont résumées pour les municipalités de Bedford (Ville), Saint-Armand, Bromont, Cowansville, Farnham, Lac-Brome et Sutton.

Type de document:	Rapport
Mots-clés libres:	eau de surface; eau souterraine; scénarios climatiques; qualité de l'eau; PACES Montérégie Est; recharge; aquifère régional
Centre:	Centre Eau Terre Environnement
Date de dépôt:	26 mai 2025 20:02
Dernière modification:	27 mai 2025 18:48
URI:	https://espace.inrs.ca/id/eprint/16423

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