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Dé-fricher l’urbain : opérations de légitimation des restes industriels ou la vie sociale des anciens sites d’industrie. Exemples des secteurs de production d’explosifs, militaire et d’incinération de déchets dans la métropole montréalaise

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Essoh, Annick (2024). Dé-fricher l’urbain : opérations de légitimation des restes industriels ou la vie sociale des anciens sites d’industrie. Exemples des secteurs de production d’explosifs, militaire et d’incinération de déchets dans la métropole montréalaise Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 497 p.

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Résumé

L’objectif de cette thèse est de montrer dans une perspective postmoderne, les actions de légitimation concernant les restes industriels urbains, leur pluralité par une étude multicas à partir d’exemples sectoriels de la production d’explosifs (l’ancienne usine d’explosifs de la CIL à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand), militaire (le fort de Sainte-Hélène) et d’incinération de déchets urbains (l’incinérateur des Carrières). Les villes postindustrielles comme Montréal comptent de nombreux anciens sites industriels devenus un fardeau pour les municipalités, car pollués, dangereux, abandonnés et considérés comme donnant une mauvaise image à la ville. Sous l’effet de la désindustrialisation et des vagues de fermetures d’usine dès les années 1970 et 1980, dans les anciens bastions industriels comme Detroit et Montréal, ils ont perdu leur usage premier. Les travaux soulignent les nouveaux usages, souvent de nature normative comme des réaffectations patrimoniales, culturelles, économiques et sociales. Certains pointent leur charge symbolique négative, suscitant leur rejet par le public n’y voyant aucune valeur, sens, intérêt esthétique ni artistique ni patrimonial, aucun usage. La littérature n’aborde que partiellement cet objet par les dimensions culturelle, urbaine, économique et environnementale, la pluralité des formes culturelles et des actions de légitimation, les usages à la marge. Les notions souvent mobilisées, comme friche, patrimoine et conservation, sont, en raison de leur caractère polysémique, performatif ou préconstruit peu aisés à utiliser pour comprendre cette réalité. Quelques chercheurs ont mis de l’avant le potentiel de la notion de « restes urbains », soulignant la dimension symbolique relative à leur mise en marge, illégitimité, invisibilisation, voire à leur destruction. Ils portent en eux un possible devenir, une rédemption dans laquelle l’art et la culture jouent un rôle central. Dans leur sens de ruine, ils peuvent porter une charge symbolique positive, comme dans le ruinimage. Quelle est (donc) la nature de ces actions de légitimation concernant les restes industriels urbains ? En se fondant sur le concept de restes et les dimensions culturelle, symbolique, urbaine, environnementale et économique, trois méthodes de collecte de données ont été utilisées : l’archéoanthropologie (incluant l’observation ethnographique à visée descriptive pour collecter des informations sur des éléments visuels comme les traces physiques en prenant des notes descriptives et des photos), la consultation de documents (en ligne et d’archives) (n=307), et l’entretien semi-dirigé pour collecter la parole pour l’analyse discursive (n=30) Le droit à la ville de Lefebvre est très central dans cette analyse se situant dans le cadre des champs de recherche des géographies culturelles, critique, radicale, humaniste, des théories situationnistes, de la piraterie spatiale, de la justice spatiale et de la bureaucratie wébérienne. Les résultats montrent une pluralité des usages légaux, illégaux et ayant des thématiques identiques (récréatives, culturelles), de nouvelles dimensions : le récréatif et le réglementaire. Les usagers illégaux ont un usage plus extensif, moins limité, plus libre, à l’image de l’usage de la ville du flâneur baudelairien et de Walter Benjamin, figure du citadin s’appropriant librement et de façon personnalisée la ville, alors que les acteurs légaux font face à des situations de non-usage, de lourdeur réglementaire bureaucratique wébérienne.

The aim of study is from a postmodern perspective to highlight the actions of legitimization relating to abandoned industrial building as urban industrial remains, and their plurality. This study is based on a multi-case study with sectorial examples: explosives production (former CIL explosive plant, in McMasterville and Saint-Basile-le-Grand, in Montreal metropolitan area), military activities (the fort of Sainte-Hélène in Montréal), the urban waste incineration (the incinerator of les Carrières in Montreal). Post-industrial cities like Montreal still have many abandoned industrial sites that have become a burden for municipalities, because they are polluted, dangerous, abandoned and seen as something that give a bad image to the city. In major historical industrial flagship cities like Detroit and Montreal, deindustrialization, and waves of factory closures in the 1970s and 1980s put an end to their affectation and therefore their original vocation. Scientists observe the new and often normative, uses of some of these spaces for heritage, cultural, economic, and social purposes. It was raised the negative symbolic characteristics, leading to their rejection by the public: they don’t perceive their value, meaning, aesthetic, artistic and heritage interest, or their use. The literature review shows gaps in the cultural, urban, economic, and environmental dimensions, in the plurality of cultural forms and the legitimizing actions (considered as legitimate by actors), and marginal uses. Notions like wasteland, heritage, conservation are often used, but because of their polysemic, performative or pre-constructed meanings they are less ease to use. Some researchers highlight the notion of "urban remains", emphasizing the symbolic dimension of their marginalization, illegitimacy, invisibilization, destruction. These studies show that remains have a possible future, a redemption in which art and culture play a central role. They have a positive symbolic meaning, for instance in ruinimage. What is the nature of these legitimizing actions dealing with urban industrial remains? This research uses the concept of remains and their cultural, symbolic, urban, environmental, and economic dimensions, and three methods of data collection: archaeoanthropology (a method of ethnographic observation information on visual perceptive elements, such as physical traces, by observing, taking descriptive notes and photos, collection of online documents and archives for discursive analysis (n=307), and semi-directed interviews (n=30). The concept of the right to the city by Lefebvre is very central in this analysis – In the framework of the research fields of cultural geographies, critical, radical, humanist geographies, the theories of the situationists, space piracy, spatial justice, and the Weberian approach of bureaucracy. The results show a plurality of legal and illegal uses with identical themes, whether recreational or cultural, and reveal new dimensions: recreational and regulatory. Illegal users of those urban spaces in state of abandonment, such as urbex practitioners and graffiti writers are more extensive, less restricted, and freer in their use of the city – to this extent they can be related to the image of the Baudelairean flâneur and Walter Benjamin’s flâneur – symbolizing a personalized and free appropriation of the city. Whereas legal actors face situations of non-use and heavy Weberian bureaucratic rules.

Type de document: Thèse Thèse
Directeur de mémoire/thèse: Breux, Sandra
Mots-clés libres: Ancien site industriel; légitimation; pluralité d’usage; postindustriel; urbex; graffiti d’ancien site industriel; pratique incarnée; vocation illégale; usage du droit à la ville; postpolitique; abandoned industrial building; legitimation; plurality of use; post-industrial; graffiti in abandoned industrial building; illegal vocation; embodied practice; use of the right to the city; post-political.
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 06 janv. 2025 14:54
Dernière modification: 06 janv. 2025 14:54
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/15997

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