Bordeleau, Geneviève (2007). Étude hydrogéologique de la base aérienne de Cold Lake, Alberta, et détermination de l'origine du nitrate dans l'eau souterraine. Mémoire. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Maîtrise en sciences de la terre, 117 p.
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Résumé
Une étude hydrogéologique a été réalisée à la Base Aérienne de Cold Lake (CLA WR), afin
d'évaluer les impacts des activités militaires sur l'eau souterraine et de surface. Les bombes
larguées à CLAWR peuvent pénétrer jusqu'à plus de 10 mètres dans le sol, et celles qui n'ont
pas explosé ou qui ont partiellement explosé peuvent, lorsque corrodées ou fissurées par
l'impact, être sujettes au lessivage par l'infiltration d'eau de précipitation. Elles peuvent
éventuellement relarguer leur contenu ainsi solubilisé dans l'eau souterraine. Les obus
contiennent un mélange de différents matériaux énergétiques, principalement du TNT, du
RDX et du HMX. Ces composés sont donc susceptibles de contaminer l'environnement, avec
certains métaux et autres composés chimiques utilisés notamment comme propulseurs.
Di verses mesures ont été prises afin de caractériser le patron d'écoulement souterrain, dont
l'installation de puits d'observation, la prise de niveaux d'eau, des mesures du débit des cours
d'eau, et des essais à choc hydraulique. Trois unités hydrostratigraphiques principales ont été
identifiées, soit deux aquifères sableux séparés par une couche de till argileux. L'eau
souterraine s'écoule principalement en direction est vers le Lac Primrose, qui est la plus
grande étendue d'eau de la région.
Environ 170 échantillons d'eau ont été prélevés et analysés pour les métaux, anions,
perchlorate d'ammonium et matériaux énergétiques, et 25 pour les isotopes d'oxygène et
d'azote du nitrate. L'eau de surface est généralement non contaminée par rapport aux normes
de qualité pour la vie aquatique du CCME. Une contamination par le perchlorate
d'ammonium et certains métaux a été détectée dans l'eau de l'aquifère non confiné à divers
endroits. Du nitrate a également été détecté dans cet aquifère à des concentrations dépassant la
limite maximale des concentrations naturelles sur le site, évaluée à 1.75 mg/L de N-N0³⁻.
Comme aucune autre source majeure de nitrate n'est présente aux environs du site, il est
postulé que celui-ci provient de la dégradation des explosifs, particulièrement du RDX. Il a
été démontré dans diverses études en laboratoire que le nitrite est un produit commun de
plusieurs processus de dégradation du RDX. En présence d'oxygène, le nitrite peut ensuite
être oxidé en nitrate. Dans l'eau souterraine de l'aquifère de surface sur un des quatres
champs de pratique, du RDX, du TNT et des sous-produits du TNT ont été détectés.
Une modélisation numérique a été réalisée avec le logiciel FEFLOW, dans le but de
représenter le patron d'écoulement, d'évaluer l'étendue du panache de RDX dissous, de
vérifier si le RDX et le nitrate pourraient provenir des mêmes zones sources, et finalement de
déterminer si la contamination risque d'atteindre le Lac Primrose et la Rivière Shaver situés à
proximité. Le modèle a adéquatement reproduit le patron d'écoulement et le panache de RDX,
malgré le peu d'information disponible concernant les zones sources de contaminants. La
distribution hétérogène du nitrate a été plus difficile à représenter. Malgré cela, il semble que
les deux contaminants proviennent des mêmes zones sources, soit l'ancienne cible et la cible
actuelle sur le champ de pratique Shaver. Le site de destruction de munitions agit également
comme zone source de nitrate, mais pas de RDX, puisque celui-ci est adéquatement détonné
lors des opérations de destruction. Le temps de migration des contaminants de leur zone
source vers les milieux aquatiques récepteurs a été estimé à partir des résultats des simulations
de transport. Le temps de migration est de 55-60 ans à partir de l'ancienne cible jusqu'à la
Rivière Shaver, et de 45-50 ans à partir de la cible actuelle. Cependant, les concentrations en
RDX et nitrate dans la rivière devraient demeurer sous la limite de détection des méthodes
analytiques actuelles. Néanmoins, les modèles d'écoulement et de transport ont permis de
recommander un nouvel emplacement de la cible principale dans le champ de pratique
Shaver, permettant aux contaminants de migrer en direction du Lac Primrose plutôt que de la
Rivière Shaver, et ainsi d'être dégradés dans les terres humides avant d'atteindre le lac.
Pour déterminer si effectivement le nitrate provient de la dégradation du RDX, des analyses
isotopiques ont été réalisées. L'analyse isotopique de l'azote et de l'oxygène suggère que les
faibles concentrations de nitrate dans l'aquifère confiné sont d'origine naturelle (nitrification
par les bactéries et dégradation des végétaux), avec une importante contribution de NOx
atmosphériques. Par ailleurs, les plus hautes concentrations présentes dans l'aquifère de
surface ne sont pas d'origine naturelle. Leurs rapports isotopiques ne correspondent à aucune
source documentée dans la littérature. En laboratoire, des échantillons de RDX ont été
dissous, photodégradés et biodégradés en conditions aérobie, de manière à caractériser les
rapports isotopiques du nitrate provenant de la dégradation du RDX. Les résultats obtenus
démontrent que les processus de dégradation produisent un important fractionnement, et que
le nitrate résultant de la dégradation du RDX a un signal isotopique caractéristique ne
correspondant à aucune autre source documentée. Il semble que les valeurs isotopiques des
échantillons d'eau souterraine de l'aquifère libre à CLAWR représentent un mélange de
nitrate provenant des divers processus de dégradation des matériaux énergétiques.
A hydrogeological study was conducted at the Cold Lake Air Weapon Range (CLAWR), the
large st Air Force Base in Canada, in order to evaluate the impact of military training activities
on groundwater and surface water. The bombs dropped at CLAWR may penetrate the ground
to a depth of more than 10 meters. When they do not explode or go under low order
detonation, they may be cracked or become corroded. Precipitation water may infiltrate and
their solubilized content may then be leached to the groundwater. Bombs contain a mixture of
various energetic materials, mainly TNT, RDX and HMX. These compounds as weIl as
metals and other chemicals used as propellants may therefore end up in the environment.
Various activities have been carried out in order to characterize the groundwater flow pattern,
including installation of observation wells, water level and stream flow measurements, and
slug tests. Three major hydrostratigraphic units have been identified at CLA WR: an
unconfined and a confined sandy aquifer, separated by a clay till layer. Groundwater flows
mainly eastward towards Prim rose Lake, which is the largest water body of the region.
Around 170 water samples have been collected and analyzed for metals, anions, ammonium
perchlorate and energetic materials, and 25 for the isotopes of oxygen and nitrogen in nitrate.
Surface water is generally uncontaminated with respect to freshwater criteria for aquatic life
from CCME (2003). In groundwater, contamination from ammonium perchlorate and certain
metals was detected in the surface aquifer at various locations. Nitrate has also been detected
in this aquifer at levels exceeding the expected natural background levels on the site, which
should not exceed l.75 mg/L N- N-N0³⁻. Knowing that no other major nitrate source is present in
this area, it is thought that nitrate may come from the degradation of explosives, mainly RDX.
It has been shown in several laboratory experiments that nitrite is a common product of
several RDX degradation processes. When oxygen is available, nitrite may then be oxydized
to nitrate. RDX, TNT and TNT by-products were detected in groundwater from the surficial
aquifer on one of the four training ranges, and corresponding to the location of the current and
former targets.
A numerical modeling was developed using FEFLOW, with the objective to represent the
groundwater flow pattern, evaluate the extent ofRDX contamination, verity whether the RDX
and nitrate might have come from the same source zones, and finally to determine whether the
contamination might reach the nearby Primrose Lake and Shaver River. The model adequately
reproduced the flow pattern and dissolved RDX plume, despite the lack of information
concerning the contaminant source zones. The heterogeneous distribution of nitrate was more
difficult to reproduce. However, it seemsthat both contaminants come from the same source
zones. These source zones correspond to the old target and the current target on Shaver
Range. The open burning/ open detonation (OB/OD) site also acts as a source zone for nitrate,
but not for RDX, whieh is adequately detonated during destruction operations. The
contaminant migration time from their source to the surface water receptors was estimated
from the transport simulation results. Transport time from the old target to the river is 55-60
years, and from the current target, 45-50 years. However, both RDX and nitrate
concentrations in the river should remain below the detection limit of current analytieal
methods. Nonetheless, the flow and transport models have led to recommending a new
location for the main target on Shaver Range, which allows the contaminants to flow towards
Primrose Lake rather than Shaver River, and thus can be degraded in the wetlands before
reaching the lake.
To determine whether nitrate indeed cornes from the degradation of RDX, isotopie analyses
have been performed. The isotopie results for nitrogen and oxygen suggest that the low nitrate
concentrations in groundwater from the confined aquifer are of natural origin, with an
important contribution of atmospheric NOx. However, the higher concentrations found in the
shallow aquifer are not of natural origin. Their isotopie ratios do not correspond to any source
documented in the literature. In the laboratory, RDX samples have been dissolved,
photodegraded and aerobically biodegraded to characterize the isotopic ratios of nitrate
coming from the degradation of RDX. The results show that aIl degradation processes cause a
strong isotopic fractionation, and that nitrate coming from RDX degradation forms a
characteristie isotopic field, whieh does not correspond to other documented sources. It seems
that the isotopic values from field groundwater samples from the shallow aquifer at CLA WR
represent a mixture of nitrate from the various degradation processes of energetie materials.
Type de document: | Thèse Mémoire |
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Directeur de mémoire/thèse: | Martel, Richard |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Savard, Martine M. |
Mots-clés libres: | hydrogéologie; base aérienne; eau souterraine; eau de surface; explosif; perchlorate ; ammonium; métaux; nitrate; anions; environnement; écoulement; qualité; modèle numérique; contamination; hydrogéochimique; analyse isotopique; recommandation; gestion; Cold lake; CLAWR |
Centre: | Centre Eau Terre Environnement |
Date de dépôt: | 18 juin 2013 18:05 |
Dernière modification: | 18 mai 2023 14:01 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/1401 |
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