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Assembler la lutte à l’insalubrité à Montréal : Le cas de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce

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Leloup, Xavier ORCID logoORCID: https://orcid.org/0000-0003-2196-6886 (2022). Assembler la lutte à l’insalubrité à Montréal : Le cas de l’arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce INRS - Urbanisation Culture Société, Montréal.

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Résumé

Objectifs et questions : la présente étude vise à comprendre comment fonctionne la lutte à l’insalubrité dans un arrondissement de Montréal. Elle prend comme point de départ la reconnaissance de l’importance de cette lutte mais aussi son caractère multiple et fragmentaire. Ce caractère provient de la multiplicité des acteurs qui s’en occupent et des règles et référentiels qu’elle mobilise. Les questions suivantes ont été soulevées : • Comment les acteurs assemblent une action probante dans le domaine de la lutte à l’insalubrité? • Quels éléments sont mobilisés par cette action? • Comment les acteurs en charge de la lutte à l’insalubrité opèrent pour faire agir autrui afin qu’il corrige des manques d’entretien ou des situations dégradées de logement? • Quelles opérations et stratégies sont mises en œuvre pour amener d’autres acteurs à agir et à se conformer avec les règlements en matière d’entretien et de salubrité des logements? Cadre d’analyse : pour comprendre la lutte à l’insalubrité, le choix a été fait de s’intéresser à sa mise en œuvre concrète sur le terrain. Si la qualité du logement est reconnue en tant que déterminant social de la santé et du bien-être, le projet se proposait d’ouvrir ce déterminant pour en saisir les dynamiques internes et les mesures prises par les acteurs pour corriger des situations de logement mettant à risque les personnes qui les vivent. Le propet cherche ainsi à s’immiscer dans un réseau dont l’action est distribuée entre de multiples acteurs et objets (regroupés sous le vocable d’actants), dont la solidité dépend d’un travail constant d’assemblage mené par les acteurs et supporté par des objets divers, et dont le déploiement suit des configurations relationnelles et interactives complexes à travers plusieurs sites et lieux. Deux grandes voies d’analyse sont ainsi poursuivies. D’abord, il s’agit de saisir comment la lutte à l’insalubrité est mise en œuvre sur le terrain par les acteurs qui ont à en assurer le fonctionnement. La distinction entre les intermédiaires et les médiateurs proposée par Latour (2006) est ici mobilisée pour comprendre comment ces acteurs arrivent à faire agir autrui, c’est-à-dire à introduire une différence dans une situation pour que leur intervention soit suivie d’effets. Ensuite, il s’agit d’apporter un éclairage différent sur une politique urbaine qui ne peut être assimilée à un objet produit par une bureaucratie unique et mise en œuvre à travers un espace juridique défini par des contours précis. Le projet emprunte ici aux travaux sur la mise en œuvre des politiques publiques pour comprendre le travail effectué par les agents de l’État lorsqu’ils entrent en relation avec les personnes et les objets que ces politiques sont censées régir, en intégrant le pouvoir discrétionnaire dont ils disposent et les dimensions émotives d’un travail qui s’opère souvent sur un autrui vulnérable ou des situations difficiles. Méthode : pour comprendre la lutte à l’insalubrité et ouvrir la boîte noire qu’elle compose, la stratégie méthodologique retenue devait permettre d’observer d’aussi près que possible le travail d’assemblage accompli par les acteurs et leur action en situation. C’est pourquoi la méthode ethnographique a été appliquée à une étude de cas unique, celle d’un arrondissement. Cet investissement sur un seul cas permet de dépasser les études qui mobilisent les méthodes de l’entretien ou de l’analyse documentaire afin de saisir les différentes phases d’élaboration des politiques urbaines ou du logement, faisant reposer leur analyse sur les discours, plus ou moins formalisés, tenus par les acteurs. Dans un cas où l’action apparaît d’emblée distribuée et les acteurs multiples, ce recours unique au discours comporte certaines limites, puisqu’il ne donne pas accès au registre de l’action. Ainsi, en plus de reposer sur des entretiens et une veille documentaire constituant une phase exploratoire au projet, la présente étude a eu recours à la méthode du shadowing ou du suivi des acteurs. Cette méthode vise à suivre les acteurs dans leurs activités quotidiennes et a été utilisée dans plusieurs études sur la fonction publique ou les entreprises privées. Dans le cas qui nous occupe, un suivi a été opéré au sein du service de l’inspection d’un arrondissement de la Ville de Montréal. Cette observation a consisté à suivre les inspecteurs et inspectrices dans leur travail quotidien. Elle s’est étalée sur une douzaine de jours pour un total de 65 heures et demie et a été complétée par un entretien avec un gestionnaire et un suivi en présence et par courrier électronique sur un échantillon de dossiers traités lors du suivi des inspecteurs et inspectrices; les problèmes dans un immeuble se réglant rarement en quelques semaines. L’atout de de la méthode est de permettre d’accéder à l’action en train de se faire et d’observer directement les prises dont les acteurs se saisissent pour agir, les traductions qu’ils effectuent pour faire connaître à d’autres les constations faites sur le terrain, et les chaînes de médiateurs assemblées et activées afin de rendre l’action probante. Résultats : les résultats de l’étude s’organisent en trois grandes sections. La première suit les inspecteurs et inspectrices dans leur travail à travers les sites de la lutte à l’insalubrité. La seconde montre comment des médiateurs sont assemblés par le service des inspections pour faire agir d’autres acteurs, en particulier les propriétaires. La troisième détaille le travail d’assemblage réalisé par les acteurs pour mobiliser et stabiliser le réseau d’actants composant la lutte à l’insalubrité et la composante émotionnelle qu’il suppose de la part des inspecteurs et inspectrices et qui s’exprime à travers une morale partagée.

Type de document: Rapport
Mots-clés libres: Insalubrité; plainte; logement; inspection; entretien; Montréal
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 17 mars 2023 19:29
Dernière modification: 17 mars 2023 19:29
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/13221

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