Veillette, Anne-Marie (2022). La ville des femmes : Comprendre les transformations urbaines à partir des femmes des favelas de Rio de Janeiro Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 382 p.
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Résumé
Une grande attention a récemment été accordée à la notion d’« urbanisation planétaire » (Brenner et Schmid, 2015). Bien qu’utile d’un point de vue structurel, beaucoup ont critiqué son hypothèse qui pose le néolibéralisme comme unique moteur de l’urbanisation (Oswin, 2018 ; Peake et al., 2018). Ce faisant, d’autres formes d’urbanisation sont laissées de côté, en particulier celles qui émergent des groupes urbains subalternisés, des femmes, des villes des Suds ou qui s’ancrent dans la vie quotidienne. En m’appuyant sur le cas des femmes résidentes des favelas de Rio de Janeiro, au Brésil, et sur les théories féministes, décoloniales et afrodiasporiques (Anzaldúa, 1987 ; Gonzalez, 1988 ; Simas et Rufino, 2019), j’avance que les femmes jouent un rôle majeur non seulement dans le maintien, la perpétuation et la réparation de la ville (Castells, 1978 ; Chant et McIlwaine, 2015), mais aussi dans sa transformation.
Je pose plus spécifiquement la question suivante : comment comprendre les transformations urbaines à Rio de Janeiro ? Je soutiens que nombre de transformations urbaines se produisent, ou sont initiées, à une très petite échelle, celle du corps. Le corps est à la fois ontologiquement significatif, et un lieu important — voire crucial, lorsque l’on travaille avec des populations subalternisées — de production de savoirs sur la ville. Je construis cet argument sur des preuves empiriques collectées en 2019 dans les favelas de Rio de Janeiro, où j’ai mené des entretiens (39), des groupes de discussion (4) et des observations participantes avec des résidentes.
Mes résultats démontrent que les femmes réussissent à naviguer les rythmes et l’incertitude de la ville en se transformant elles-mêmes, que ce soit pour prendre soin des autres ou les protéger de la violence urbaine (cuidar). Ce faisant, elles deviennent très douées pour anticiper ce qui est encore-à-venir (Simone, 2004) et pour créer un Black sense of place (McKittrick, 2011) dans une ville souvent hostile qui rappelle la plantation. Par conséquent, en examinant les gestes corporels, la manière d’être et les affects des femmes, on voit émerger une contre-géographie de la domination, qui prend la forme d’une toile de savoirs, de pratiques et de luttes politiques. De cette toile émergent des microtransformations qui progressivement contribuent à transformer la ville (Bayat, 2010), processus que je qualifie, en m’appuyant sur les écrits d’Abdias do Nascimento (1980), de quilombismo.
Much attention has recently been given to the notion of “global urbanization” (Brenner and Schmid, 2015). While useful from a structural perspective, many have criticized its assumption that posits neoliberalism as the sole driver of urbanization (Oswin, 2018; Peake et al., 2018). In doing so, other forms of urbanization are left out, particularly those that emerge from : subalternized urban groups, women, cities of the South, or are rooted in everyday life. Drawing on the case of women residents of the favelas of Rio de Janeiro, Brazil, and feminist, decolonial, and Afrodiasporic theories (Anzaldúa, 1987; Gonzalez, 1988; Simas and Rufino, 2019), I argue that women play a major role not only in the maintenance, perpetuation, and repair of the city (Castells, 1978; Chant and McIlwaine, 2015), but also in its transformation.
Specifically, I ask the question: how do we understand urban transformations in Rio de Janeiro? I argue that many urban transformations occur, or are initiated, at a very small scale, that of the body. The body is both ontologically significant, and an important—indeed crucial, when working with subalternized populations—site of knowledge production about the city. I build this argument on empirical evidence collected in 2019 in the favelas of Rio de Janeiro, where I conducted interviews (39), focus groups (4), and participant observations with women residents.
My findings demonstrate that women successfully navigate the rhythms and uncertainty of the city by transforming themselves, whether to care for others or protect them from urban violence (cuidar). In doing so, they become very good at anticipating what is yet to come (Simone, 2004) and creating a Black sense of place (McKittrick, 2011) in an often hostile city reminiscent of the plantation. Therefore, by examining women’s bodily gestures, ways of being, and affects, a counter-geography of domination emerges, which takes the form of a web of knowledge, practices, and political struggles. From this web emerge microtransformations that gradually contribute to transform the city (Bayat, 2010), a process that I call, based on the writings of Abdias do Nascimento (1980), quilombismo.
Type de document: | Thèse Thèse |
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Directeur de mémoire/thèse: | Boudreau, Julie-Anne |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Soares Gonçalves, Rafael |
Mots-clés libres: | Femmes ; Favelas ; Brésil ; Transformations urbaines ; Corps ; Affects; Blackness ; Décolonial ; Violence urbaine ; Care ; Women ; Favelas ; Brazil ; Urban transformations ; Body ; Affects ; Blackness ; Decolonial ; Urban violence ; Care |
Centre: | Centre Urbanisation Culture Société |
Date de dépôt: | 07 oct. 2022 20:06 |
Dernière modification: | 07 oct. 2022 20:06 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/13066 |
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