Yoo, Chang-Hoon (2001). L'évolution du système urbain d'un nouveau pays industrialisé : la Corée du sud, 1955-1996. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 191 p.
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Depuis les années 1960, la Corée du sud a connu une croissance économique très rapide, fondée sur l'industrialisation et l'exportation, appuyée par des politiques industrielles de l'État. Ce modèle se distingue de celui des autres nouveaux pays industrialisés (Hong Kong, Taiwan et Singapour), notamment à cause du poids de l'État dans les grands agglomérats industriels. Le développement économique amène nécessairement des changements de structure économique qui, à leur tour, provoquent des changements dans la structure spatiale de l'économie. En ce sens, l'évolution du système urbain sud-coréen est remarquable par sa rapidité. L'évolution a profondément bouleversé les formes traditionnelles de production et les rapports des villes au territoire national. La question que nous adressons dans cette thèse peut se résumer comme suit : l'évolution du système urbain de la Corée du sud se caractérise-t-elle par des tendances semblables à celles observées dans d'autres pays développés ou en développement? Cette question générale comporte plusieurs sous-questions. Le processus d'urbanisation (notamment, la relation avec le PNB per capita) observé en Corée du sud demeure-t-il, dans les grandes lignes, conforme au modèle général observé ailleurs? Les modèles classiques de localisation s'expliquent-ils, à quelques nuances près, par les mêmes facteurs« classiques» (plus précisément, les varhlbles« taille» et « distance»)? Ou encore, les distributions observées de rang-taille (des villes) et leur évolution suiventelles, en gros, les modèles trouvés dans la littérature? Notre hypothèse, présentée dans le chapitre deux, est que l'évolution (et la structure) du système urbain de la Corée du sud ne s'éloigne pas sensiblement des modèles observés ailleurs. D'une part, l'urbanisation s'explique par les mêmes facteurs. D'autre part, les modèles de localisation des activités économiques peuvent se comprendre, à quelques nuances près, à l'aide des mêmes facteurs de base: à savoir, la « taille urbaine» et la « distance». Le chapitre 4 commence par une analyse de l'évolution de l'emploi national et régional dans le système urbain sud-coréen, plus précisément la restructuration des économies nationales et régionales coréennes. Dans ce chapitre, nous observons que l'urbanisation et la restructuration économique (notamment la tertiairisation) ont été remarquablement rapides dans le cas sud-coréen. Cependant, le processus est semblable à l'évolution historique des pays développés, produisant nécessairement des «inégalités» régionales dans la distribution des populations et des activités économiques. Dans le chapitre 5, à l'aide des méthodes statistiques et du modèle de Pareto, nous examinons le rapport entre le développement économique (sud-coréen) et la distribution des villes. Plus précisément, nous cherchons à évaluer l'évolution de la « primatie» (concentration de la population urbaine dans la plus grande ville, Séoul) et la distribution rang-taille des villes. Les résultats révèlent que l'évolution de la concentration urbaine sur la période 1955 et 1995 est, en gros, conforme au modèle général préconisé dans la littérature. À mesure que la Corée du sud se développe et s'urbanise, le phénomène de « primatie» prend la forme d'une « courbe en cloche» avec d'abord une accentuation et ensuite une diminution. D'autre part, la concentration urbaine (les inégalités dans la distribution des tailles) suit une tendance analogue, mais avec un retard de dix ans. Le point d'inflexion de la courbe se trouve en 1985. Par la suite, dans l'analyse de la dynamique spatiale de l'économie coréenne à travers un découpage spatial inspiré du concept« centre-périphérie» et à l'aide d'une méthode fondée sur le calcul du quotient de localisation (chapitre 6), nous cherchons à vérifier si les schèmes de localisation des activités économiques dans le système urbain sud-coréen s'expliquent en fonction de mêmes variables classiques (plus précisément, les variables « distance» et « taille urbaine»), analogues à des études effectuées dans d'autres pays. Les résultats, présentés dans le chapitre 6, sont largement conformes aux attentes. Nous constatons que les activités économiques sensibles aux économies d'agglomération (la taille) et aux coûts de transports et de communication (la distance) se concentrent dans la capitale, Séoul (surtout, les services à la production, les industries de haute technologie, les industries d'imprimerie et les industries de vêtements). L'effet de la distance favorise davantage les villes satellites, proches des grandes métropoles, notamment pour les activités manufacturières modernes. Comme prévu, la plupart des industries manufacturières n'affichent pas de modèles hiérarchiques de localisation. En revanche, les modèles observés de localisation pour certains secteurs (les industries d'imprimerie, de vêtements, de haute technologie et d'aliments et de boissons) se rapprochent des distributions hiérarchiques. De plus, nous observons l'effet de la distance pour les industries électroniques et cel1es du caoutchouc et plastique, qui prend la forme d'un renforcement des villes satellites par rapport aux villes périphériques. Cependant, certaines industries affichent des comportements particuliers. Nous observons une spécialisation spatiale très forte pour les industries d'exportation, qui favorise notamment les villes portuaires. À la différence de ce qui s'observe parfois ailleurs, certaines industries manufacturières légères (les industries du cuir et de la chaussure) sont demeurées concentrées dans les métropoles, en raison, il faut le croire, du besoin des économies d'agglomération, en partie pour mieux s'adapter aux exigences du commerce international. D'autre part, des industries manufacturières modernes (les industries chimiques, de raffinage du pétrole, de l'automobile et du matériel de transport) se concentrent parfois dans des petites villes périphériques (portuaires), en raison d'une plus grande accessibilité aux marchés internationaux et d'une diminution des coûts. Les différences entre les secteurs manufacturiers modernes et traditionnels tiennent en partie à leur orientation vers l'exportation. Au niveau du découpage régional du territoire sud-coréen, nous observons, des distributions hiérarchiques pour les industries tertiaires. Les activités supérieures sensibles aux économies d'agglomération et à la distance se concentrent davantage dans la région capitale. En revanche, pour ce qui est des industries manufacturières, la région sud-est s'est spécialisée dans les industries exportatrices (légères et lourdes; traditionnelles et modernes), en raison de ses caractéristiques géographiques (grande accessibilité au marché, c'est-à-dire aux pays étrangers car la région sud-est touche à l'Océan Pacifique et au Japon à l'est). En conséquence, nous observons une hiérarchie régionale dans le système urbain sud-coréen: un axe nord-sud essentiellement formé des régions capitale et centrale (fonctions tertiaires et de R et D : services modernes, industries de haute technologie) et des régions sud-est et sud-ouest (fonctions industrielles : production de masse pour exportation). Pour analyser l'évolution de la structure d'emploi par ville et par région, le chapitre 7 propose une analyse shift-share, à travers la typologie unifiée (à deux échelles spatiales) : 1) au niveau urbain, en classant les villes en fonction de la« taille» (en partie) et de la « distance» (typologie 1), 4) au niveau régional, avec un découpage en cinq régions du territoire coréen (typologie II). Selon nos résultats au niveau urbain, la ville de Séoul, en dépit de sa structure économique favorable en termes relatifs en 1981, n'a pas attiré sa part proportionnelle des emplois. En contrepartie, les villes satellites et périphériques, malgré leur structure économique défavorable en 1981, ont réussi à attirer non seulement plus que leur part des nouveaux emplois des secteurs en forte croissance, mais aussi plus que leur part d'emplois en croissance moins rapide. Au niveau régional, la région capitale n'a pas attiré des emplois au même rythme que l'ensemble de l'économie, alors que les quatre autres régions en ont attiré à un taux au dessus de la moyenne nationale. L'apparition de nouvelles villes a contribué à cette évolution spatiale, à savoir la diminution de la concentration des activités économiques et des populations urbaines dans la capitale nationale (chapitres 5 et 7). Cependant, l'ampleur (plutôt timide) du redéploiement ne s'est pas traduit par un changement marqué dans le poids relatif des villes satellites et des villes périphériques. L'effet distance semble conserver son importance, à en croire nos résultats. Le déploiement de l'activité économique favorise davantage les villes satellites, proches des grandes métropoles, que les villes périphériques. Les villes satellites situées à proximité des deux plus grandes métropoles (Séoul et Pusan) ont connu une croissance d'emploi au-dessus de la moyenne nationale. Résumons nos conclusions. Le système urbain qe la Corée du sud, un nouveau pays industrialisé, ressemble dans ses grands traits (structure et évolution) à d'autres systèmes urbains. Le processus d'urbanisation, à savoir la relation avec le PNB per capita, suit la tendance générale, observée dans d'autres nations. Il se distingue toutefois par sa rapidité. La forme de la distribution des tailles de villes est intimement liée aux processus de croissance. Les variables « taille» et « distance» restent des facteurs-clé, à la base de l'explication de la localisation des activités économiques. Bref, notre analyse pour la Corée du sud semble confirmer, à quelques nuances près, la pertinence continue des modèles classiques d'explication de la structure et de l'évolution des systèmes urbains.
Type de document: | Thèse Thèse |
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Directeur de mémoire/thèse: | Polèse, Mario |
Co-directeurs de mémoire/thèse: | Lemelin, André |
Mots-clés libres: | Système urbain; évolution; urbanisation; processus; dynamique spatiale; activité; structure; économie; localisation; industrialisation; exportation; emploi; politique gouvernementale; Corée du Sud. |
Centre: | Centre Urbanisation Culture Société |
Date de dépôt: | 22 déc. 2014 18:54 |
Dernière modification: | 29 sept. 2021 15:50 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/117 |
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