Lefebvre, Sylvain (1996). La gouverne d'une ville globale : Singapour, ville-état. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 356 p.
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L'objectif principal de cette thèse est de donner un éclairage nouveau aux liens entre la mondialisation et le rôle qu'y jouent les villes. L'état des connaissances sur le sujet peut être découpé en quatre perspectives théoriques qui ne rendent pas complètement justice au rôle dynamique des villes. En effet, l'ensemble des contributions reconnaissent à la ville un rôle passif qui consiste à subir et recevoir les forces de la mondialisation sans pouvoir les influencer de quelque façon que ce soit. Le retour de la ville comme entité recherchant davantage d'autonomie politique vient ouvrir une nouvelle piste de recherche qui redonne un rôle dynamique au niveau local. Néanmoins, une tension entre les différents découpages de la réalité (du local au global en passant par le régional et le national) complique davantage la compréhension des légitimités politiques et des dynamiques du développement. Cette impasse théorique sur les liens entre villes et mondialisation domine dans le contexte de la recomposition du «local» confronté aux forces de la mondialisation. Cette recomposition prend trois formes : une autonomie politique croissante des villes, la mise en place de nouveaux projets de société urbaine et de nouveaux modes de gestion et de planification dans les villes. De cette transformation graduelle du phénomène urbain dans un contexte de mondialisation, un type de villes s'est rapidement imposé comme pôle d'accumulation et de croissance : la ville globale. Ces villes globales forment à elles seules un réseau de villes interreliées qui influencent et déterminent profondément les formes de la mondialisation. Ces espaces «mondialisants» ont un rapport de domination économique avec tous les autres villes ou espaces «mondialisés». Tenter de définir avec précision la nature et l'évolution probable de ces villes globales constitue un défi de taille; la simple définition de la «ville» comme objet d'étude pose des problèmes méthodologiques non résolus qui vont en s'aggravant dans le contexte de la recomposition du local. Cette thèse propose un nouvel angle théorique pour comprendre la ville globale et son lien dynamique à la mondialisation. Dans le mode de gouverne politique de la ville globale, dans la structuration politique du local cherchant à s'intégrer dans le système économique mondial, un nouveau schéma d'interprétation sera proposé. Pour valider cette démarche théorique, une étude sur la Ville-État de Singapour est effectuée afin d'analyser les modalités de la gouverne politique d'une ville globale. Cette gouverne s'articule dans un processus circulaire possédant trois caractéristiques fondamentales : 1. Une stratégie politique donnant une priorité à l'économie et à l'intégration au système économique mondial Une telle stratégie se traduit ainsi par un projet productiviste qui s'impose à toutes les autres sphères du développement. 2. Afin de rationaliser et optimiser cette stratégie, il y aura une recherche croissante d'autonomie politique au niveau local tant sur la société urbaine que sur les facteurs de production. Ce contrôle politique devient un ingrédient qui assure la cohérence interne et la stabilité nécessaires pour maximiser l'ouverture économique et la croissance. 3. Finalement, ce contrôle et cette stratégie auront une traduction spatiale bien définie par la mainmise sur la ville et sur l'aménagement du territoire. L'ordre et la stabilité seront soumis à la régulation des formes urbaines et à la réaffectation de ressources pouvant être réinjectées dans le développement économique. Singapour est étudiée comme idéal-type de ce processus. La conjonction de son statut de ville et de celui d'État permet déjà d'éliminer toute interférence entre différents niveaux d'organisation politique. De plus, Singapour est une ville complètement intégrée au réseau des villes globales. Prise comme idéal-type, elle ne s'impose ni comme un modèle, ni comme un cas pouvant permettre des généralisations. Toutefois, elle permet de décrire l'articulation de la gouverne politique telle qu'elle s'exprimerait dans d'autres villes cherchant une intégration au système économique mondial. Cet idéal-type serait «ce à quoi tendent les villes» libérées de plusieurs contraintes structurelles. Nous verrons qu'à Singapour, le mode de gouverne politique s'exprime sans compromis et assure sa propre pérennité avec la mise en place d'une utopie urbaine, d'une ingénierie sociale omniprésente et d'une docilisation de ses deux seules ressources naturelles : l'espace et la population.
Type de document: | Thèse Thèse |
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Directeur de mémoire/thèse: | Latouche, Daniel |
Mots-clés libres: | Administration; planification; gouvernement; local; cité; design; économie; globalisation; mondialisation; Singapour; sociologie urbaine; dynamique; rôle; autonomie politique; ville; métropole. |
Centre: | Centre Urbanisation Culture Société |
Date de dépôt: | 22 déc. 2014 21:27 |
Dernière modification: | 20 juill. 2015 12:46 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/10 |
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