Martin, Michel
(1999).
Estimation de la valeur économique des ressources en eaux souterraines de la région située au nord de Montréal: Application de l'approche contingente et de la méthode des coûts évités.
Thèse.
Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en sciences de l'eau, 220 p.
Résumé
Bien que les prélèvements d'eau souterraine effectués par l'ensemble des utilisateurs
québécois demeurent faibles, on constate que l'aquifère est une ressource convoitée et
qu'elle doit être protégée avant d'être affectée. La situation des eaux souterraines au
Québec et particulièrement au nord de Montréal est apparentée à la situation des
ressources collectives en accès libre laquelle est caractérisée par une mauvaise définition
des droits d'usage ainsi que par son prix presque nul. La théorie économique appuyée
par de nombreux exemples nous enseigne qu'une ressource collective utilisée dans de
telles conditions sera affectée négativement à plus ou moins long terme. Au nord de
Montréal, les prélèvements d'eau souterraine sont peu contrôlés et le faible paiement
forfaitaire parfois exigé pour avoir accès à cette eau de première qualité n'incite
aucunement les utilisateurs à protéger cette ressource. Dans ce type d'arrangements
institutionnels, les problèmes de rareté, de congestion ou de pollution sont fréquents. Il
existe toutefois des instruments d'intervention qui permettent une plus grande
responsabilisation des utilisateurs. La tarification selon la consommation (principe de
l'utilisateur payeur) et la compensation pour les dommages causés (principe du pollueur
payeur) sont quelques-uns de ces instruments. En outre, la détermination du prix
véritable d'un actif environnemental tel que l'eau souterraine est, dans la plupart des cas,
une composante essentielle à l'application de ces instruments d'intervention.
Nous avons donc formulé l'hypothèse qu'en s'appuyant sur une meilleure définition des
droits d'usage, la connaissance et l'ampleur de la valeur économique des ressources en
eaux souterraines de la région située au nord de Montréal justifieraient la mise en oeuvre
d'arrangements institutionnels visant une exploitation durable de la ressource.
Pour tester cette hypothèse, notre étude s'appuie sur la méthode d'évaluation
contingente (MÉC) ainsi que sur la méthode des coûts évités (PR) qui estiment
respectivement les préférences exprimées et révélées ainsi que les bénéfices qui y sont
associés. L'application de deux méthodes d'évaluation des actifs environnementaux
permet notamment de comparer entre eux les résultats de ces méthodes. De façon plus
particulière, la connaissance des bénéfices reliés à chacune des deux méthodes utilisées
permet de dégager les valeurs d'usage passif. Ces dernières apprécient l'importance que
les gens accordent à la préservation de la ressource. Puisque la MÉC mesure les valeurs
d'usage direct et les valeurs d'usage passif et que la méthode des coûts évités ne
mesure quant à elle que les valeurs d'usage direct, il est ainsi possible d'isoler les valeurs
d'usage passif, aussi appelées valeurs de préservation.
L'analyse des résultats de la MÉC montre que le modèle bivarié permet une estimation
suffisamment précise du consentement à payer (CAP) moyen tout en permettant
l'utilisation de la variable NIVEAU (% de qualité/quantité). L'introduction de cette variable
explicative à l'intérieur du modèle retenu a permis de construire une vraie courbe de
demande hicksienne et cela constitue notre principale contribution à l'avancement des
connaissances de cette méthode. Par ailleurs, l'estimation du CAP moyen nous suggère,
après agrégation du temps et des 123 225 ménages, que les bénéfices bruts d'un
programme de protection des eaux souterraines au nord de Montréal seraient de l'ordre
de 250 millions de dollars. Cela veut aussi dire, selon les critères de l'analyse coût
avantage, que les coûts de mise en oeuvre d'un tel programme devraient être inférieurs à
ce niveau. Afin d'être en mesure d'estimer les valeurs de préservation, nous avons
évalué les bénéfices d'un programme de protection des eaux souterraines au nord de
Montréal à l'aide de la méthode des coûts évités. Le CAP moyen estimé a été appliqué
aux utilisateurs de la nappe seulement. Ces derniers représentent 46 % des ménages de
notre région d'étude. S'appuyant sur les résultats des deux méthodes utilisées, on trouve
un ratio MÉC/PR de 1.34. Ce ratio indique que les valeurs de préservation, comptent
pour 25 % de la valeur économique totale. En somme, ces résultats montrent que les
valeurs trouvées par la MÉC sont supérieures aux valeurs estimées par la méthode des
coûts évités, ce qui est conforme aux attentes théoriques.
Nous terminons cette étude en analysant chacun des arguments à l'appui de notre
hypothèse de recherche et nous concluons que la valeur économique estimée (5.9
millions de dollars annuellement ou 250 millions de dollars si l'on tient compte des
générations futures) est suffisamment importante pour justifier la mise en oeuvre d'une
nouvelle politique de gestion et de protection des ressources en eaux souterraines.
Type de document: |
Thèse
Thèse
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Directeur de mémoire/thèse: |
Marceau, Richard |
Co-directeurs de mémoire/thèse: |
Banton, Olivier |
Mots-clés libres: |
valuation contingente; eau souterraine; économie; estimation; évaluation; gestion; méthode; Montréal nord; politique; prélèvement; ressource; valeur |
Centre: |
Centre Eau Terre Environnement |
Date de dépôt: |
11 févr. 2014 16:47 |
Dernière modification: |
24 nov. 2015 20:04 |
URI: |
http://espace.inrs.ca/id/eprint/1853 |
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