Sabourin, Patrick (2017). Projections démolinguistiques des populations francophones, anglophones et allophones au Canada : une analyse par microsimulation Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en démographie, 282 p.
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Résumé
Le Canada constitue à bien des égards une « expérience naturelle » en matière de dynamique des langues. Les communautés majoritaires de langue officielle – les francophones au Québec et les anglophones au Canada hors Québec – et minoritaires – les anglophones au Québec et les francophones au Canada hors Québec – évoluent dans des contextes socio- et démolinguistiques variés et complexes, ce qui permet la réalisation d’analyses comparatives riches. En outre, le Canada accueille chaque année un quart de million d’immigrants dont la grande majorité n’a ni le français ni l’anglais comme langue maternelle, ajoutant ainsi à la diversité linguistique canadienne.
Dans cette thèse, nous proposons d’étudier et de simuler la dynamique démolinguistique du Canada au moyen d’un modèle de microsimulation et des données des recensements de 1991 à 2011. Trois variables linguistiques sont intégrées au modèle : la langue maternelle, la langue parlée le plus souvent à la maison et la connaissance des langues officielles. Ces trois variables linguistiques permettent également de projeter la première langue officielle parlée, un indicateur utilisé par le gouvernement fédéral dans l’application de la loi sur les langues officielles.
Le modèle comprend huit modules simulant autant d’événements démographiques : la fécondité, la mortalité, l’immigration, l’émigration, la mobilité interrégionale et les trois modules linguistiques. Chaque module prend en compte les comportements différentiels selon les caractéristiques linguistiques, dans les limites de la disponibilité des données. La géographie du modèle comprend 13 régions mettant en lumière les zones pertinentes sur le plan démolinguistique, par exemple le nord du Nouveau-Brunswick, le nord-est de l’Ontario, la région d’Ottawa, Gatineau, l’île de Montréal, Laval et Longueuil.
Le modèle tient compte des substitutions linguistiques intergénérationnelles (non-transmission de la langue maternelle de la mère à l’enfant), pour lesquelles les paramètres sont dérivés à partir de la méthode des enfants au foyer. Le modèle simule également les substitutions linguistiques intragénérationnelles (changement de langue parlée à la maison au cours de la vie) et l’acquisition des langues officielles. Les paramètres déterminant l’intensité et le calendrier de ces événements linguistiques ont été dérivés à partir de méthodes inspirées de l’analyse de survie. Les résultats des projections à l’horizon 2056 montrent une baisse importante du poids des langues officielles comme langues maternelles au profit des langues maternelles tierces. Le poids relatif des francophones par rapport aux anglophones est également en baisse partout au Canada.
Les changements dans la composition selon la langue parlée à la maison sont similaires à ceux observés pour la langue maternelle, mais sont quantitativement moins marqués en raison de l’effet d’amortissement des substitutions linguistiques.
Du côté de la connaissance des langues officielles, on observe peu de changements au Canada hors Québec et une importante augmentation de la connaissance de l’anglais au Québec.
L’examen d’une trentaine de scénarios analytiques montre que les résultats de la projection sont relativement robustes. Les résultats de ces scénarios soulignent également l’importance des interactions entre la mobilité interrégionale et les comportements linguistiques dans le façonnement de la composition démolinguistique du Canada.
Canada constitutes in many ways what could be considered as a natural experiment in language dynamics. Official language communities – the English minority in Quebec and English majorities in the other provinces, as well as the French majority in Québec and French minorities in the other provinces – evolve in complex and diverse socio- and demolinguistic conditions. Furthermore, Canada welcomes each year about a quarter of a million immigrants, the great majority of whom have neither French nor English as their mother tongue, thus adding another layer of diversity and complexity to the Canadian demolinguistic landscape. This context allows for fruitful comparisons and insightful analysis.
In this thesis, we propose to study and simulate Canada’s language dynamics using a microsimulation projection model and data from the 1991 to the 2011 census. Three linguistic variables are included in the model: mother tongue, language spoken most often at home and knowledge of official languages. These three language variables constitute together the first official language spoken, an indicator used by the federal government in the implementation of the Official Languages Act.
The model consists of eight modules simulating as many demographic events: fertility, mortality, immigration, emigration, inter-regional mobility and the three language modules. Each module takes into account differential demographic behaviours with respect to language characteristics, when appropriate data is available. The geography of the model includes 13 regions and was conceived to put emphasis on demolinguistically relevant areas, such as Northern New Brunswick, North-Eastern Ontario, Ottawa, Gatineau, the Island of Montréal, Laval and Longueuil.
The model takes into account intergenerational language shifts (failure of a mother to transmit her own mother tongue to her child), whose parameters were derived using the own-children method. Intragenerational language shifts (change of language spoken at home during the lifecourse) and the acquisition of official languages are also simulated. The parameters used to determine the intensity and the timing of these linguistic events are derived from methods inspired by survival analysis. In summary, projection results up to 2056 show a significant decrease in the proportion of French and English in favour of non-official mother tongues. The relative weight of Francophones with respect to Anglophones is also declining all across Canada.
Changes in the composition of the Canadian population with respect to the language most often spoken at home are qualitatively similar to those observed for the mother tongue, but are quantitatively less important because of the dampening effect of language shifts.
Projections show little change in knowledge of official languages in Canada outside Quebec and a significant increase in knowledge of English in Quebec.
The results from thirty alternative scenarios showed that the projection results of the reference scenario are relatively robust. The analysis of the results has also stressed the important impact of interactions between regional mobility and language behaviour in shaping the future language composition of Canada.
Type de document: | Thèse Thèse |
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Directeur de mémoire/thèse: | Bélanger, Alain |
Mots-clés libres: | Microsimulation; démolinguistique; projections; langue; sociologie des langues; Canada; Québec; langue maternelle; langue parlée à la maison; connaissance des langues officielles; Microsimulation; demolinguistics; projections; language; sociology of language; Canada; Québec; mother tongue; language spoken at home; knowledge of official languages |
Centre: | Centre Urbanisation Culture Société |
Date de dépôt: | 24 oct. 2017 20:36 |
Dernière modification: | 25 août 2021 18:05 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/6347 |
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