Perrotte, Morgane (2019). Identification d'un profil de marqueurs périphériques lié aux scores cognitifs dans le plasma et les vésicules extracellulaires durant le développement de la maladie d'Alzheimer: évolution de marqueurs liés au stress oxydatif et aux mécanismes physiopathologiques. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en biologie.
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Résumé
La maladie d’Alzheimer (MA) représente la première cause de démence qui affectent
actuellement 47,5 millions de personnes dans le monde et qui devrait tripler d’ici 2050
en absence de moyens de prévention et de traitements. Malgré plus de 100 ans de
recherches et de grandes découvertes, la MA représente un véritable problème de
santé mondial. Chaque année ce sont plus de 9,9 millions de nouveaux cas de
démence qui sont diagnostiqués dans le monde, soit un nou veau cas tous les 3
secondes. De nombreux défis sont à relever pour prévenir, ralentir ou traiter la maladie. Les deux
principales caractéristiques neuropathologiques de la MA sont les plaques séniles
extracellulaires composées du peptide Amyloïde beta (Aβ) et les dégénérescences
neurofibrillaires (DNF) liées à2 l’hyperphosphorylation de la protéine Tau au niveau
intracellulaire. Celles-ci vont se propager aux différentes régions cérébrales de façon
organisée. Des études récentes ont indiqué qu’une des hypothèses pouvant expliquer
ce phénomène de propagation neuronale serait l’implication des vésicules
extracellulaires (EVs). Dans le cerveau, les EVs libérées par les différents types
cellulaires sont importantes dans le maintien neuronal et la communication. Elles
permettent également aux cellules d’éliminer et de transmettre leur contenu comme l’Aβ
et Tau aux cellules avoisinantes propageant ainsi les lésions toxiques et la mort
neuronale. Les plaques Aβ et les DNF représentent les critères du diagnostic dit certain
de la MA par une analyse du cerveau en post-mortem. Pourtant, le bilan du
développement thérapeutique de ces dernières années, ciblant ces deux voies
importantes, affiche un taux d’échec frôlant les 100% et souligne la complexité et
l’hétérogénéité de la MA. L’augmentation du taux de réussite des traitements de la MA dépend d’un meilleur
développement thérapeutique et de l’identification de biomarqueurs fiables et certains
pour diagnostiquer les patients aux stades pré-démentiels et intervenir avant l’apparition
altérations irréversibles. Comme toutes les maladies chroniques, la MA se développe
insidieusement et engendre des dommages irréversibles au système nerveux central
(SNC) entrainant une altération neuronale, une perte synaptique et un déclin des fonctions cognitives globales. La démence est précédée d’un stade asymptomatique
(préclinique) et d’une phase de transition avec des troubles cognitifs légers, appelée
MCI. Ces stades représentent un espoir pour le diagnostic précoce de la maladie et
pour le développement de moyens de prévention et de nouveaux traitements efficaces. Malgré la mise à jour des critères de diagnostic, la redéfinition de la MA comme un
« continuum » débutant par des phases pré démentielles et l’introduction des
biomarqueurs, les moyens actuels pour sa détection présentent de nombreuses limites.
Le diagnostic probabiliste du vivant des patients de la MA est basé sur une
combinaison de tests cliniques incluant des tests cognitifs, l’imagerie cérébrale
structurelle et fonctionnelle ainsi que le dosage dans le liquide céphalorachidien des
deux protéines responsables des lésions caractéristiques de la MA (Aβ et Tau).
Cependant, l’utilisation des biomarqueurs est restreinte en routine car les techniques
sont invasives, couteuses et leur accès est limité. Ils n’ont leur place que dans certaines
situations pour conforter ou infirmer le diagnostic. Par conséquent, il est urgent
d’identifier des biomarqueurs périphériques précoces (au stade pré démentiel), peu
coûteux, non-invasifs et adaptés à des mesures répétées tout au long de l'évolution de
la maladie. À l’heure actuelle, aucun biomarqueur sanguin n’a dépassé le stade de «
candidat » dans le diagnostic de la MA. De plus, au vu des nombreux échecs
thérapeutiques et de l’hétérogénéité clinique des patients atteints de la MA, il est
également essentiel d'élargir notre vision de la pathogenèse au-delà de l’hypothèse de
la protéine Tau et de l’Aβ pour l’identification de nouveaux biomarqueurs potentiels. Dans ce contexte d’urgence, le projet ci-contre s’est intéressé à l’identification de
nouveaux biomarqueurs périphériques potentiels pour la détection du stade MCI et
l’évaluation de la progression de la maladie à différents stades. Ce projet est basé sur
les échantillons plasmatiques de patients recrutés par l’Institut Universitaire de Gériatrie
de Sherbrooke. Dans un premier temps, l’importance du stress oxydatif dans les différents mécanismes
pathogéniques de la MA et son implication précoce, nous a amené à nous intéresser à
l’identification d’un profil de biomarqueurs reliés au stress oxydatif dans le plasma de
sujets MCI et de patients atteints de la MA à différents stades. Nous avons testé la relation entre les marqueurs périphériques étudiés et la performance cognitive globale
pour mettre en évidence une relation possible entre le stress oxydatif systémique et les
altérations cérébrales. Dans un deuxième temps, en se basant sur les études indiquant
l’implication des EVs dans le développement de la MA et leur passage à travers la
barrière hémato encéphalique, nous avons mis au point une technique pour isoler les
vésicules extracellulaires plasmatiques totales (pEVs). Ainsi nous avons pu tester le
potentiel du contenu protéique des pEVs comme un nouvel outil dans le diagnostic du
continuum de la MA. Nous avons évalué la performance de l’Aβ, de Tau et d’autres
protéines d’origine cérébrale renfermés dans les pEVs pour différencier les stades de la
MA et leur relation avec les données cliniques comme la performance cognitive globale. Nos résultats montrent que le profil plasmatique des altérations de l’homéostasie redox
diffère en fonction des stades de la MA. Au stade pré démentiel, le plasma révèle une
faiblesse dans sa capacité antioxydante qui engendre l’accumulation de protéines
oxydées, de protéines chaperonnes et de protéines réponse au stress au stade de
démence. Cette étude démontre pour la première fois qu’en parallèle de l’augmentation
des protéines oxydées plasmatiques, l’activité du système de dégradation de celles-ci
est affaiblie. En effet, l’activité du protéasome 20S circulant a pour la première fois été
investiguée dans le domaine de la MA. Nous avons également pu mettre en évidence
une corrélation entre ces phénomènes périphériques et la performance cognitive
globale analysée par les tests complémentaires MMSE (mini mental state examination)
et MoCA (Montreal cognitive assessment). Ces résultats confirment l’implication
précoce du stress oxydatif dans la MA et souligne l’importance des désordres
systémiques dans la MA et la nécessité d’élargir la vision de la maladie au-delà du
compartiment du SNC. Dans un deuxième temps, nos résultats mettent en évidence pour la premières fois la
pertinence du dosage du contenu protéique des pEVs totales dans le cas du diagnostic
de la MA. Nous montrons que l’utilisation de différents profils de protéines renfermées
dans les pEVs permet de distinguer les sujets MCI des participants témoins, les sujets
MCI des patients atteints de la MA et de séparer les sujets témoins des patients atteints
de la MA. La concentration de l’APP (précurseur de l’Aβ), le ratio de Tau totale/Tau
phosphorylée (T181) ou encore le niveau de la NSE (Neuron-Specific Enolase), de la Progranulin et du S100B dans les pEVs représentent des biomarqueurs potentiels pour
le diagnostic du stade MCI. À l’inverse, le niveau de l’Aβ40 et de l’Aβ42 dans le pEVs
ne sont pas utiles en termes de diagnostic. In fine, la standardisation des techniques
d’isolation et de normalisation révèlera tout le potentiel des pEVs dans le domaine du
diagnostic des maladies neurodégénératives. Pris ensemble, ces travaux montrent la pertinence de l’utilisation des biomarqueurs
périphériques associés aux données cliniques pour pallier aux difficultés techniques
que représentent les marqueurs centraux dans les maladies du SNC comme la MA. Les
biomarqueurs périphériques sont le reflet d’un processus pathologique systémique
présent au cours de la maladie. Ces résultats confirment également la nécessité
d’utiliser plusieurs combinaisons de biomarqueurs pour différencier les stades de la
maladie. À terme différents profils de biomarqueurs pourront distinguer les personnes à
risque de développer la MA et les sous-populations de patients atteints de la MA afin de
prévenir efficacement le développement de la maladie et de proposer des traitements
adaptés à l’hétérogénéité des patients.
Alzheimer’s disease (AD) is the most common cause of dementia affecting more than
47.5 million people worldwide and this number is projected to triple by 2050 in the
absence of new effective treatment or early diagnosis. Despite more than 100 years of
research and several discoveries in the field, AD represents a serious public health
problem. Every year, more than 9.9 million new cases of dementia are diagnosed in the
world, a new case every 3 seconds. AD is a complex progressive neurodegenerative disorder leading to memory loss and
cognitive decline with high clinicopathologic heterogeneity. AD is characterized
neuropathologically by synaptic loss and the brain propagation of extracellular amyloid
Beta (Aβ) aggregates and neurofibrillary tangles. Recent studies reveal that the spread
of these pathogenic proteins can occur via extracellular vesicles (EVs). During the progression of the disease, some alterations occur in the brain like oxidative
stress, a deficiency of cellular survival factors, inflammation and a metabolic disorder.
Like most chronic diseases, AD begins insidiously and no clear event defines onset of
the disease. AD starts as a preclinical stage followed by a prodromal phase called mild
cognitive impairment (MCI). This transition offers an important opportunity for possible
diagnosis, prevention and therapeutic interventions. However, the current standardized
criteria for the diagnosis of MCI and AD including cognitive changes, abnormal
cerebrospinal fluid (CSF) levels of pathogenic proteins (Aβ, tTau and pTau-T181), and
MRI scan and PET bioimaging data, have some limits. Clinicopathologic heterogeneity,
high costs of imaging and the invasive nature of CSF collection limit their usefulness for
routine clinical testing. Thus, there is a strong necessity to identify non-invasive blood
biomarkers easily measurable that could facilitate early and accurate diagnosis, as well
as to evaluate the therapeutic efficacy of new treatments. Consequently, all efforts focus
on the identification and development of specific biomarkers to detect the disease as
early as possible. It is now recognized that only a combination of biomarkers will define
a patient-specific signature to diagnose AD in the future. Despite intense research in the
field, there is no peripheral biomarker that has got beyond the discovery stage. Although the brain accumulation of Aβ and Tau proteins is considered the core
pathologic hallmarks for AD, other factors such as oxidative stress, inflammation, and
lifestyle also contribute to its complex pathophysiology. It is now well established that
oxidative stress plays a pivotal role in the pathophysiology and the progression of AD.
In the brain, oxidative damages to biomolecules are largely reported in AD, MCI patients
and in different transgenic mouse models for AD. In addition, there is convincing
evidence that oxidative alterations in AD and in MCI patients are not limited to the brain
but is extended to the blood compartment. Some common genes are dysregulated in
entorhinal cortex, hippocampus and in blood. In addition, markers of oxidative stress
were consistently identified as elements of blood-based signatures in AD. Interestingly,
oxidative stress can precede the development of the neuropathological hallmarks of AD.
However, defining the right pattern of oxidative markers remain a challenge and is still
an ongoing process for peripheral markers in AD. Therefore, the following work focus on the identification of some redox biomarkers in
plasma from MCI and their evolution in AD from the early to the severe stages of the
disease. We found an early peripheral reduction of hydrogen peroxide (H2O2)
scavenging activity, a subsequent elevation of stress response proteins including ApoJ
and Klotho in plasma from MCI subjects. Additionally, our findings highlight, for the first
time, that the elevation of the plasma oxidized proteins reflects the impairment of
circulating proteasome activity in mild AD stage. Finally, the present study provides
evidence that some markers related to oxidative stress are associated with two
cognitive scores, MoCA and the MMSE assays. Our data highlight the importance and
the impact of peripheral antioxidant status and homeostasis systems during the early
cognitive decline leading to dementia. Overall, our results strengthen the notion that
oxidative markers could be considered as drivers behind the AD-related metabolic
deregulation. Moreover, our study strengthens the notion that different strategies to
improve the plasma antioxidant capacity could be effective intervention to prevent or to
delay cognitive decline. In the diagnostic field, some studies brought to light the potential for the protein cargo of
extracellular vesicles (EVs) in blood to serve as a readily accessible source of central
nervous system (CNS) biomarkers. A growing number of researches indicate that EVs could contribute to the brain function and the pathogenesis of AD. EVs can be secreted
by most cell types, including neurons, oligodendrocytes and astrocytes, and are
detectable in different body fluids such plasma due to their transportation throught the
blood-brain barrier between the brain and bloodstream. Hence, the second part of this work was devoted to study the potential of proteins cargo
of total circulating EVs for the detection of MCI or the evaluation of the disease
progression and their relationship with cognitive performance. First, we have isolated
and characterized total plasma-based EVs (pEVs), established a specific pattern of ADrelated
protein content in MCI to early through severe stages of AD. We found an early
reduction of tTau and APP and an increase of the ratio pTau-T181/tTau in pEVs from
MCI as compared to controls. The decrease of APP concentration in pEVs remained
until the mild stage of AD while the severe AD stage was associated with an increase of
APP levels in comparison to controls. pTau-T181 concentration in pEVs was negatively
correlated to both cognitive scores while APP levels were negatively correlated with the
MMSE scores. On the other hand, we have identified some proteins related to AD disorders in pEVs
and revealed their association with cognitive scores. In pEVs from MCI and mild AD
patients, we found an important reduction of the Progranulin/BDNF ratio and the levels
of BDNF, NSE and S100B, compared to control participants. Levels of Progranulin in
pEVs were reduced in MCI phase only, in comparison with control group. With our
diagnostic accuracy analysis, we found that the ratio of Progranulin/BDNF could be
used to classify samples from MCI patients and control subjects with a sensitivity of
90.9% and a specificity of 83.3%. Overall, our results strengthen the notion that this
protein pattern in total pEVs could be considered as non-invasive blood-based
biomarkers for an early MCI and AD diagnosis but not for monitoring the disease
evolution. Taken together, this work demonstrated the utility of peripheral biomarkers associated
with clinical data to avoid invasive collection techniques. These systemic variations also
suggested that pathological processes may co-exist in both brain and periphery and
reflect a systemic pathological process during the course of the disease. Our results also confirm the need to use several combinations of biomarkers to classify different
stages of the disease. In the future, different biomarker profiles will be able to
distinguish people at risk of developing AD and the sub-population of AD patients in
order to prevent the development of the disease and to propose treatments adapted to
the heterogeneity of patients.
Type de document: | Thèse Thèse |
---|---|
Directeur de mémoire/thèse: | Ramassamy, Charles |
Mots-clés libres: | - |
Centre: | Centre INRS-Institut Armand Frappier |
Date de dépôt: | 11 déc. 2019 16:44 |
Dernière modification: | 18 avr. 2023 13:14 |
URI: | https://espace.inrs.ca/id/eprint/8504 |
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