Table ronde

 

Financement de la recherche au Qu�bec et au Canada

Des partenariats qui suscitent bien des questions 

Alors que l�entreprise priv�e prend de plus en plus de place dans le financement de la recherche, les chercheurs r�fl�chissent aux nouvelles r�gles du jeu, et les �tudiants se demandent quelle est leur place dans ces nouveaux partenariats.

Depuis que les subventions gouvernementales allou�es � la recherche ont beaucoup diminu� dans les ann�es 1990, plusieurs chercheurs se sont tourn�s vers l�industrie afin de financer leurs travaux de recherche. C�est ainsi que des entreprises priv�es sont entr�es dans les laboratoires universitaires, amenant de nouvelles sources de financement appr�ci�es, mais �galement de nombreux questionnements. De quelle fa�on peut-on concilier les besoins de chacun des partenaires? Comment pr�server l�ind�pendance morale des chercheurs? L�int�grit� et l��thique sont-elles en danger lorsque des capitaux priv�s sont en jeu? Ces ententes ont-elles un impact sur le r�le de formation des universit�s? 

Ces questions ont �t� pos�es au Congr�s INRS-Institut Armand-Frappier, un �v�nement visant � valoriser la recherche r�alis�e par les �tudiants chercheurs des secteurs biom�dical et biotechnologique, qui s�est tenu au d�but du mois de novembre. Pour la deuxi�me �dition de ce congr�s, le comit� organisateur avait inscrit � l�ordre du jour une table ronde sur le financement de la recherche au Qu�bec et au Canada. 

D�entr�e de jeu, les participants ont convenu que le financement priv� de la recherche offrait des avantages certains et qu�il �tait l� pour rester. �Il a permis � plusieurs laboratoires de survivre pendant les ann�es de vaches maigres du c�t� du financement public�, dit le docteur Yves St-Pierre, professeur-chercheur � l�INRS-Institut Armand-Frappier qui m�ne des activit�s de recherches financ�es � la fois par des organismes gouvernementaux et par des contrats avec l�industrie. La cl� d�un partenariat r�ussi, dit-il, est de faire en sorte que tous en sortent gagnants. �J�ai dit � mes partenaires du secteur priv�: �Je peux r�pondre � vos besoins, mais vous devez aussi r�pondre aux miens, qui sont de faire de la recherche fondamentale�. � 

Le docteur Bernard Brodeur a suivi la m�me voie. Directeur de l'Unit� de Recherche en vaccinologie du Centre hospitalier de l'Universit� Laval, il a mis en place un partenariat entre l�Universit� Laval et l�entreprise Produits Biologiques Shire. Cette entente a apport� un financement � long terme � son laboratoire, mais il avoue qu�elle comporte �galement certains sacrifices, notamment au chapitre des publications. �Nous devons attendre que nos travaux aient fait l�objet de brevets avant de publier, explique-t-il. �a cr�e une certaine dichotomie entre les professeurs subventionn�s par l�industrie et les autres, mais il faut vivre avec. � 

Les risques que pose le financement de la recherche par les entreprises priv�es sont notamment la perte d�autonomie des chercheurs et un rel�chement de la rigueur scientifique. �Il y a place pour davantage de recherche financ�e par l�industrie�, croit Guy L�vesque, chef d��quipe � la Division des programmes de bourse au Conseil de Recherche en Science Naturelle et en G�nie du Canada (CRSNG). �La question est: de quelle fa�on devrait-on fonctionner? C�est � ce niveau que le CRSNG joue un r�le de chien de garde, en s�assurant que les ententes sont profitables et juste pour tous les partenaires. � 

La question de la publication et des brevets chicote aussi Michel T. Giroux, consultant en droit pour le CHUQ et directeur de l'Institut de consultation et de recherche en �thique et en droit (ICRED). �De plus en plus de chercheurs sont li�s par des ententes avec l�industrie, particuli�rement dans le domaine de la sant�. Quand ils obtiennent des r�sultats, c�est l�entreprise qui choisit de les publier ou pas. La question des brevets joue ainsi sur la circulation des id�es, et il y a un certain ralentissement en terme de science. D�un autre c�t�, si quelqu�un a financ� � la recherche, il est honn�te qu�il en retire des b�n�fices. �

 

Du c�t� des �tudiants

L�animatrice de la table ronde, la journaliste Sophie Malavoy, a aussi tenu � aborder la question de l�impact que ce nouveau contexte pouvait avoir sur les �tudiants. Faire ses premi�res armes dans un laboratoire financ� par l�industrie, est-ce une bonne chose? 

�Dans la r�flexion g�n�rale sur les ententes universit�-entreprise, on a d�abord analys� les int�r�ts de l�institution, puis des chercheurs, et on commence enfin � regarder ceux des �tudiants, dit le docteur Yves St-Pierre. Il est certain que le fait que des professeurs soient li�s � des entreprises ou deviennent eux-m�mes entrepreneurs a une influence directe sur la formation des �tudiants et le dynamisme des d�partements universitaires. C�est un aspect de la question qui reste � encadrer. � 

Il y a des avantages et des d�savantages pour les �tudiants � faire partie d�un projet financ� par l�industrie. �Par exemple, les conditions mat�rielles (�quipements, budgets, etc.) sont tr�s int�ressantes, explique le docteur Bernard Brodeur. Par contre, les �tudiants doivent attendre un certain temps avant de publier leurs r�sultats, ce qui est un d�savantage pour eux qui voudraient le faire le plus rapidement possible. Il est tr�s important pour les �tudiants de bien s�informer de toutes ces questions aupr�s du professeur qui les accepte dans son laboratoire, afin d��viter les surprises. � 

�Je serais d�ailleurs curieux de savoir o� se positionnent les associations �tudiantes face � la question des ententes de financement entre les institutions acad�miques et priv�es, conclut le docteur Yves St-Pierre. Je pense qu�il est primordial pour les �tudiants de s�impliquer dans l��laboration de telles ententes afin de prot�ger leurs int�r�ts. �

 

Accueil Faits marquants Table ronde Prix d'excellence Photos Comit� 2001