Implication de la voie d'alloréactivité indirecte dans la production d'anticorps dans un modèle murin de rejet de greffe de peau

Caroline Leduc et Claude Daniel

INRS-Institut Armand-Frappier, Laval, Québec

Bien qu'il soit établi que les lymphocytes T CD4+ ont un rôle important dans le rejet de greffe, leur contribution dans les voies directe et indirecte d'alloréactivité n'est pas clairement définie. Des études précédentes ont démontré un rôle probable des cellules T CD4+ activées par la voie indirecte dans la production d'anticorps mais les modèles utilisés pour ces études rendent difficile l'interprétation des résultats. Le but de notre étude est donc de déterminer in vivo la contribution des lymphocytes T CD4+ activés par la voie d’alloréactivité directe ou indirecte dans la production d'alloanticorps par les lymphocytes B dans le rejet de greffe.

Pour ce faire, notre laboratoire a mis au point un modèle murin unique de rejet de greffe de peau permettant d'étudier les deux voies d'alloréactivité. Dans ce modèle, une lignée de souris transgéniques pour le TCR possèdent un clone de cellule T CD4+ 2.102 qui reconnaît par la voie directe les molécules de CMH de classe II I-Ep et par la voie indirecte, le peptide de l’hémoglobine Hb (64-76) présenté par le CMH I-Ek. Ces cellules T CD4+ 2.102 peuvent être purifiées et injectées à des souris receveuses d’haplotype H-2k déficientes en cellules T. Par la suite, ces souris sont greffées avec la peau de souris donneuses exprimant : H-2p (voie directe), mHEL-Hb (voie indirecte) ou un croisement des deux (voie directe+indirecte).

Jusqu’à maintenant, notre laboratoire a démontré la nécessité de la voie indirecte d'alloréactivité pour la production d'alloanticorps. En effet, suite à des expériences en cytométrie en flux, une production d’IgG spécifiques dans la voie indirecte ainsi que dans la voie directe+indirecte a été observée mais aucune production en anticorps n’a été observée dans la voie directe seule. Par contre, aucune production en IgM n'avait pu être détectée pour aucune des voies. Il fallait donc vérifier que notre modèle pouvait mener à la production d'IgM. De nouvelles expériences ont permis de détecter une faible production d'IgM dans la voie indirecte et directe+indirecte en cytométrie en flux et ces résultats ont été confirmés en utilisant un test plus sensible (ELISA). Cependant, l'ELISA ne nous permet pas encore de détecter des anticorps dirigés contre des antigènes de la voie directe. Des expériences sont en cours afin de mettre au point ce test. Si les résultats confirment l'absence d'anticorps spécifiques dans la voie directe, ceci amènerait l'hypothèse selon laquelle la contribution des cellules T activées est indispensable pour la production d'IgM et la commutation isotypique en IgG via une interaction cognitive avec les cellules B.