Évaluation de procédés de biofiltration et de boues activées pour compléter l'épuration du lisier de porc à la suite d'un premier traitement aérobie thermophile
Ngoc-Hoa Tran, Jean-Guy Bisaillon, Pierre Juteau
L'industrie porcine est une activité agricole en croissance au Québec. En 2002, sa production se chiffrait plus de 10 millions de têtes et elle s'est progressivement concentrée dans les méga élevages. Cette intensification cause plusieurs problèmes environnementaux dans les régions concernées en raison du grand volume de lisier produit (qui est un mélange de fèces, d'urine et d'eau de lavage). Les éléments fertilisants excédentaires (azote et phosphore), la matière organique ainsi que les pathogènes deviennent donc une source de pollution importante. Actuellement, les procédés disponibles pour le traitement du lisier de porc sont peu nombreux et ne sont pas encore très satisfaisants. Il y a donc un besoin de recherche et développement dans ce domaine.
Le biotraitement aérobie thermophile pour le lisier de porc développé par l'INRS - Institut Armand-Frappier permet de détruire les organismes pathogènes et les composés malodorants en plus de fortement réduire la charge organique et la teneur en ammoniaque. Cependant, pour un rejet du liquide au cours d'eau, une étape de traitement supplémentaire sera requise pour éliminer les charges polluantes restantes. Pour ce faire, nous avons testé deux types de technologie: la biofiltration et un procédé de boues activées dans un réacteur biologique séquentiel (RBS). Pour la biofiltration, nous avons utilisé un garnissage de tourbe qui jouait le rôle d'un support pour les micro-organismes. Des réductions de 40-50%, 85-90%, 80-85% et 10-12% ont été obtenus pour la demande chimique en oxygène (DCO), la demande biologique en oxygène (DBO5), l'azote ammoniacal et le phosphore, respectivement. Ces rendements ont cependant rapidement diminué à cause d'un problème de colmatage. Pour le RBS, les séquences d'opération incluent des périodes anaérobies, aérobies et anoxiques de manière à favoriser les bactéries déphosphatantes, nitrifiantes et dénitrifiantes. Les résultats préliminairfies indiquent que l'affluent doit être centrifugé à basse vitesse (4000 ×g) pour retirer une partie des solides en suspension. Comme l'affluent qui provient du réacteur thermophile a un pH très basique (8,5-9,0), celui-ci est ajusté à 7 avant d'être pompé dans le RBS. Malgré cela, le pH final a atteint des valeurs de 8,5 et plus. Puisque ceci est considéré comme nuisible, un régulateur automatique du pH sera ajouté. Ce procédé qui n'est pas encore optimisé a permis à ce jour d'obtenir des réductions de 25-30%, 57-60%, 25-45% et 10-30% pour la DCO, la DBO5, l'azote total et le phosphore, respectivement.
Mots clés: lisier de porc, biofiltration, réacteur biologique séquentiel (RBS), déphosphatation, dénitrification, nitrification.