L’induction d’apoptose prévient l’établissement d’une infection persistante chez des cellules du système nerveux par le virus de la stomatite vésiculaire.

Marc Desforges 1,2, Pierre J. Talbot 1 et Laurent Poliquin2.

1 INRS-Institut Armand Frappier,

2 Université du Québec à Montréal

Le virus de la stomatite vésiculaire (VSV) est un virus normalement très cytotoxique. Toutefois, certains facteurs viraux et cellulaires peuvent participer à l’établissement d'une infection persistante au niveau de certaines cellules issues du système nerveux central (SNC). Afin de comprendre comment l'infection par le VSV peut devenir persistante, nous utilisons des virus portant des mutations de la protéine de la matrice (M). Nous avons récemment montré que cette protéine participe à l'induction de l'apoptose et que la modulation de ce processus apparaît comme une voie intéressante à investiguer pour comprendre comment peut s’établir une infection persistante. En effet, la souche VSV-Indiana de type sauvage induit l’apoptose sur une lignée de cellules humaines provenant du SNC, en partie par l'intermédiaire de la protéine M, alors que les différents mutants de M et la souche New Jersey (moins cytopathique) induisent moins efficacement ce phénomène. La différence d’induction de la mort cellulaire programmée est à relier à un degré d’activation variable des caspases (protéases cellulaires contrôlant l’apoptose) et à la relocalisation de la protéine Bax, un facteur pro-apoptotique de la famille Bcl-2, du cytoplasme vers les mitochondries tel que nous l’avons démontré par immunobuvardage de type Western à partir de fractions cellulaires séparées et par microscopie confocale. L'expression de gènes cibles associés au mécanisme apoptotique ne révèle aucune modulation significative, suggérant notamment que le facteur transcriptionnel pro-apoptotique p53 n’est pas nécessaire lors de l’induction d’apoptose par le VSV. D’autres facteurs viraux et cellulaires, non identifiés à ce jour, semblent impliqués dans le phénomène d’apoptose induite par l’infection par le VSV. Parmi ceux-ci on retrouve le facteur transcriptionnel NFkB ainsi que les calpaïnes et les cathepsines, des cystéine protéases pouvant avoir un rôle en conjugaison avec les caspases lors de l’induction d’apoptose. Des résultats préliminaires de survie cellulaire lors de l’infection par nos variants en présence d’un inhibiteur de NFkB, indiquent d’ailleurs que la voie impliquant ce facteur serait probablement intéressante à décortiquer. L’implication des calpaïnes et des cathepsines est aussi discutée sur la base de résultats préliminaires qui suggèrent un rôle potentiel pour ces protéases dans la relocalisation de Bax vers les mitochondries; laissant présager une fonction pour cette protéase dans l’apoptose induite par le VSV.

(Subventionné par des octrois du CRSNG à L. Poliquin, et des IRSC à P. Talbot)