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Être d'ici, de là-bas et d'ailleurs : l'expérience migratoire d'Africains établis à Montréal.

Barry, Mamadou Cellou (2006). Être d'ici, de là-bas et d'ailleurs : l'expérience migratoire d'Africains établis à Montréal. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 372 p.

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Résumé

La présente recherche veut apporter un éclairage nouveau sur la relation possible entre les modes d'identification et les stratégies d'insertion individuelles et collectives d'Africains établis à Montréal. Le principal objectif vise à déterminer en quoi le résultat de la relation entre les modes d'identification et les stratégies d'insertion des migrants africains est le produit d'une culture de la diaspora ou plutôt celui d'une culture de la transnationalité. Précisons brièvement ces deux derniers concepts. La culture de la transnationalité consiste ici, pour les immigrants, à organiser leur vie entre leur pays d'adoption et leur pays natal mais avec une préférence pour ce dernier où ils sont plus impliqués. La culture de la diaspora, quant à elle, réfère aux liens qu'établissent entre eux les ressortissants d'un même pays d' origine, dispersés dans différents pays, mais dont la préférence comme lieu d'implantation va au pays d'accueil. Notre principale hypothèse repose sur la supposition qu'il existe un lien entre les modes d'identification et les stratégies d'insertion des immigrants d'Afrique subsaharienne de Montréal et que le résultat de cette relation donne forme chez ces derniers soit à une culture de la transnationalité, soit à une culture de la diaspora. C'est sur cette base que nous avons estimé que ces immigrants s'inscrivent davantage dans une culture de la transnationalité et moins dans une culture de la diaspora. Comme sous-hypothèse, nous supposons que les conditions politiques et socio-économiques prédominantes dans les pays d'origine devraient influencer la production de la culture de la transnationalité ou de la culture de la diaspora chez les migrants africains. Pour les fins de notre analyse, nous avons retenu au total 25 des 26 entrevues effectuées auprès des immigrants africains rencontrés à Montréal. Ces derniers sont originaires du Sénégal, du Mali, du Cameroun et de la République démocratique du Congo (RDC). Ils présentent des caractéristiques relativement identiques aux plans socioéconomique et linguistique mais diffèrent quant à leur affiliation religieuse et leur origine géographique. L'analyse de la relation entre les modes d'identification et les stratégies d' insertion individuelles et collectives de nos répondants a révélé qu' il existe bien un lien entre ces deux couples et ce constat nous a permis de dégager chez eux trois principales tendances. La première tendance reflète la volonté d'un certain nombre de personnes à s'identifier et à organiser leur vie en rapport avec leur pays d'adoption. La deuxième tendance, quant à elle, concerne une catégorie de répondants qui maintient et valorise son identité d'origine et met en place par conséquent des stratégies d' insertion orientées vers son pays natal. La troisième tendance, enfin, témoigne de la multiplicité des repères identitaires des répondants qui organisent leurs stratégies d' insertion entre le pays d' accueil, le pays d'origine et les autres espaces de migration. La première tendance composée de répondants, principalement orientés vers le pays d'adoption, traduit l'esprit d'une culture de la diaspora. Le pays d'accueil représente un site potentiel pour la reconstruction de leur mémoire familiale. Leurs repères identitaires s'édifient sur une base hybride. Cette catégorie de répondants, alimentée par les diverses expériences vécues dans le pays d'origine et dans les autres espaces migratoires, va développer des solidarités trans-ethniques articulées autour de projetscommuns afin de revendiquer des identités plus élargies. Les deux dernières tendances incarnent, quant à elles, la culture de la transnationalité. Il s'agit de la catégorie d'interviewés qui est partagée entre le pays d'adoption et le pays natal de même que celle qui oriente ses modes d' identification et ses stratégies d' insertion vers le pays d' origine. Le pays natal représente, aux yeux de cet ensemble de répondants, le centre de production et de référence en ce qui a trait à leur mémoire individuelle et familiale. Ce sont des individus qui font un usage instrumental des identités acquises au cours de leur expérience migratoire. Suite à l'analyse de nos entrevues, nous avons fait le constat suivant: il y a coexistence des deux types de culture chez nos répondants et ce, dans une proportionpresque similaire, indépendamment de leur affiliation religieuse et de leur origine régionale. Contrairement à ce que nous avions énoncé dans notre hypothèse de départ, ces derniers n'adoptent pas majoritairement la culture de la transnationalité. Nous notons plutôt une légère prédominance de la culture de la diaspora chez nos répondants (13/25) par rapport à la culture de la transnationalité (12/25). Cependant, nous notons le paradoxe suivant: les Maliens d'Afrique occidentale et de foi musulmane sont très majoritairement porteurs d'une culture transnationale alors que les Sénégalais, de même origine géographique et de même foi, témoignent d'une culture diasporique. Par contre, les répondants congolais et camerounais sont répartis de façon égale entre les deux types de culture. Fort de ce constat, nous avons infirmé notre sous-hypothèse de recherche voulant que les conditions politiques et socio-économiques prédominantes dans le pays d' origine devraient influencer la production de la culture de la transnationalité ou de la culture de la diaspora chez nos répondants. Ainsi, alors que le Mali et le Sénégal connaissent sur ces plans une situation stable, nous savons déjà que les premiers manifestent une culture de la transnationalité et, qu'à l'opposé, les seconds font plutôt preuve d'une culture de la diaspora. Par contre, bien que le Congo et le Cameroun soient aux prises avec des tensions politiques et socio-économiques majeures, leurs ressortissants interviewés se partagent quasi également entre les deux types de cultures. En conséquence, devons-nous conclure au non fondement de notre sous-hypothèse.

Type de document: Thèse Thèse
Directeur de mémoire/thèse: Latouche, Daniel
Mots-clés libres: Émigration et immigration; Africains; migration; intégration; collectivité; culture; diaspora; identification; immigrant; individu; insertion; mode; Montréal; pays; origine; accueil; stratégie; transnationalité.
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 17 déc. 2014 16:53
Dernière modification: 20 juill. 2015 11:43
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/41

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