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Socialisation musicale, frontières culturelles et sociabilités urbaines : les parcours de personnes immigrantes d'origine maghrébine à Montréal

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Marcoux-Gendron, Caroline (2021). Socialisation musicale, frontières culturelles et sociabilités urbaines : les parcours de personnes immigrantes d'origine maghrébine à Montréal Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 357 p.

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Résumé

Cette thèse traite du rapport à la musique de personnes immigrantes en contexte urbain. Prenant appui sur les écoutes et pratiques musicales de personnes nées au Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) et vivant à Montréal, il s’agit d’interroger comment leurs rapports à la musique et au monde social se déploient et s’alimentent de façon dialogique et récursive. Ce faisant, la thèse attire l’attention sur des questions de relations interculturelles et de cohabitation interethnique induites par l’immigration dont Montréal est une plaque tournante. La réflexion adopte par ailleurs une double perspective émigrante et immigrante, deux versants indissociables dans la compréhension de ce processus sociomusical. Dans une démarche à caractère ethnographique, quarante-cinq entretiens semi-dirigés sous forme de « récits de vie » axés sur la musique se combinent à des dizaines de séances d’observation en contextes musicaux. Le concept bidimensionnel de « socialisation musicale » permet pour sa part d’analyser la socialisation à la musique des répondant.es – leurs répertoires d’écoute avec leurs codes et conventions propres – et leur socialisation par la musique – notamment à travers les sociabilités musicales desquelles émergent des frontières symboliques et sociales, articulant différents systèmes d’attitudes et de comportements culturels des personnes en présence. Loin d’un portrait monolithique, il se dégage une variété de profils de goûts musicaux. Ceux-ci sont liés tant à la diversité des milieux d’origine qui ont teinté la socialisation à la musique des répondant.es dès l’Afrique du Nord, qu’à l’hétérogénéité accrue de leurs cercles sociaux sous l’effet des mobilités physique et statutaire qu’engendre la migration. En dépit des frontières intragroupes que tracent les goûts, une cohésion transparaît toutefois à travers une manière semblable de vivre la musique, où l’écoute, le chant, la danse, voire le jeu instrumental sont souvent interreliés et spontanément vécus. De même, la dimension sociale de la musique reste prépondérante à ce jour chez une majorité de ces personnes, habituées à l’interrelation étroite entre musique et temps sociaux vécus en collectivité au Maghreb. Puis, la manière dont ces goûts et pratiques musicales interviennent dans les relations et interactions sociales éclaire un phénomène de socialisation par la musique. En matière de sociabilités urbaines en contexte immigrant, la musique est prétexte aux rassemblements et coprésences, voire aux échanges et rapprochements entre citadin.es, participant d’une prise de conscience des différences et d’une socialisation à l’altérité. La musique alimente aussi des relations sociales plus soutenues, dont les ancrages locaux sont rarement dissociables de ramifications transnationales. À Montréal, ces personnes immigrantes expérimentent diverses dynamiques sociales, qui sont soit intragroupe maghrébin, intergroupes majoritaire-minoritaire ou interminoritaires. Ce sont différentes configurations relationnelles au sein desquelles la musique joue différents rôles, pouvant être davantage objet de pratique sociale ou objet de distinction. Sur ce dernier point, la reconnaissance d’un capital culturel issu du pays d’origine est souvent un enjeu dans un contexte immigrant où ne prévalent pas les mêmes ordres et principes de légitimé culturelle. Mais plus encore, le véritable défi pour ces personnes est d’être considérées et reconnues dans leurs multiples identifications et échelles d’appartenance, au-delà de leur seule origine ethnoculturelle. En ce sens, la musique s’affirme comme un moyen efficace pour négocier les assignations identitaires et faire dialoguer les différents espaces-temps d’un parcours de vie en migration.

This dissertation examines the relationship to music of immigrants living in an urban environment. Based on the music listening and practice habits of individuals born in the Maghreb (Algeria, Morocco, Tunisia) and living in Montreal, it investigates how their relationships to music and the social world are developed and fostered, dialogically and recursively. In doing so, the dissertation draws attention to issues of intercultural relations and interethnic cohabitation brought on by immigration, for which Montreal is a hub. The analysis adopts a dual perspective of both emigration and immigration, two inextricable aspects for understanding this sociomusical process. In an approach of an ethnographic nature, forty-five semi-directed, music-focussed “life story” interviews were combined with dozens of observation sessions in music settings. The bi-dimensional concept of “musical socialization” allows for analysis of the respondents’ socialization to music – their listening repertoires with their own codes and conventions – and their socialization through music – mainly through musical sociability from which symbolic and social boundaries emerge, articulating the various value systems and cultural behaviours of those present. Far from being a monolithic portrait, a variety of profiles of musical taste emerge. They are linked as much to the diversity of the places of origin that influenced the North African respondents’ socialization to music, as to the increased heterogeneity of their social circles due to physical and statutory mobilities brought on by migration. Despite the intragroup boundaries defined by tastes, cohesion is nevertheless seen through a similar manner of experiencing music, in which listening, singing, dancing, and playing are often interconnected and experienced spontaneously. Likewise, the social dimension of music still dominates for most study participants, who are accustomed to music and socializing being closely interrelated, as experienced in Maghreb society. The way in which these musical tastes and practices come into play in social relationships and interactions sheds light on the phenomenon of socialization through music. In terms of urban sociability in the context of immigration, music is a pretext for gatherings and co-presence, as well as for conversing and connecting with fellow urbanites, contributing to the awareness of differences and the socialization to otherness. Music also fosters more sustained social relationships, whose local roots can rarely be dissociated from transnational ramifications. In Montreal, these individuals who have immigrated experience various social dynamics, which are either Maghrebian intragroup, majority-minority intergroup, or interminority. These are different relational configurations within which music plays various roles, being more an object of social practice or distinction. On the latter point, recognition of cultural capital derived from the country of origin is often an issue in an immigrant context where the prevailing hierarchies and principles of cultural legitimacy are not the same. Moreover, the true challenge for those who have immigrated is to be considered and acknowledged in their many identifications and scales of belonging, beyond merely their ethnocultural origin. In this sense, music establishes itself as an effective means of negotiating the assignment of identity and creating a dialogue between the various time-spaces along the trajectory of a life in migration.

Type de document: Thèse Thèse
Directeur de mémoire/thèse: Bellavance, Guy
Co-directeurs de mémoire/thèse: Duchesneau, Michel
Mots-clés libres: musique; (im)migration; Maghreb; Montréal; pratiques musicales; goûts; socialisation; frontières; légitimité culturelle; sociabilités; music; (im)migration; Maghreb; Montreal; musical practices; tastes; socialization; boundaries; cultural legitimacy; sociabilities
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 22 oct. 2021 15:43
Dernière modification: 22 oct. 2021 17:49
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/12045

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