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Le continuum "rural/urbain" a-t-il fait son temps?

Turcotte, Martin (2002). Le continuum "rural/urbain" a-t-il fait son temps? Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 250 p.

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Résumé

La ville a toujours constitué un objet d'intérêt pour les sociologues. Dans la lignée des débats portant sur les effets de la modernisation, on a en effet accordé à la ville une attention particulière, cette dernière étant vue comme le milieu le plus propice à l'observation et à l'analyse du changement social. Durant de nombreuses années, l'idée que le mode de vie urbain avait des conséquences sociales importantes et souvent néfastes sur les individus et les collectivités a été soutenue par plusieurs auteurs. Néanmoins, on devint avec le temps de plus en plus critique face à cette idée. Ainsi, suite à de nombreux débats portant sur la place que devait occuper la ville dans l'analyse sociologique, une majorité d'auteurs en arrivèrent à la conclusion qu'il n'était plus pertinent d'étudier en les opposant, dans le cadre des sociétés contemporaines, les milieux ruraux et urbains. Si cette dernière position est soutenue par bon nombre d'auteurs contemporains, d'autres maintiennent cependant que les différences le long du continuum rural-urbain ne se sont pas toutes aplanies dans le cadre de la société moderne. Spécifiquement, la théorie des sous-cultures urbaines avance que les milieux urbains favorisent, plus que les autres, le développement de sous-cultures non conventionnelles (et, du fait même, le développement d'attitudes et de comportements non conventionnels). Deuxièmement, l'hypothèse du contact et de la tolérance urbaine propose que la ville favorise, avec l'hétérogénéité sociale et culturelle qui lui est propre, le développement d'attitudes et de comportements tolérants. Est-ce que, du point de vue des sciences sociales, le continuum rural-urbain est encore pertinent? Pour répondre à cette question générale, trois questions de recherche, qui découlent des deux approches théoriques retenues, sont formulées. Premièrement, est-ce que les résidants des villes sont moins conventionnels dans leurs attitudes et leurs comportements que les résidants des autres types d'espaces? Deuxièmement, est-ce que les milieux urbains favorisent le développement et l'intensification de sous-cultures politiques non conventionnelles? Finalement, est-ce qu'il existe véritablement une plus grande tolérance urbaine? Les conclusions et méthodologies générales des trois articles de la thèse sont les suivantes. Le premier article de la thèse vérifie la validité de la prédiction centrale de la théorie des sous-cultures urbaines, soit que la présence d'attitudes non conventionnelles dans un milieu varie positivement avec la taille de ce milieu. L'approche méthodologique consiste à comparer des échantillons représentatifs des populations vivant dans des espaces plus ou moins urbains. Les résultats des analyses montrent que les résidants des milieux très fortement urbanisés adoptent effectivement des attitudes moins conventionnelles que les résidants de tous les autres milieux. La relation monotonique attendue entre taille du lieu de résidence et non-conventionnalisme n'est cependant pas observée. Ces résultats fournissent donc un soutien modéré à la théorie des sous-cultures urbaines. Le deuxième article reprend cette thématique du non-conventionnalisme, mais à un niveau d'analyse écologique. Son objectif est de vérifier si les villes sont véritablement des milieux qui sont plus propices que les autres au développement de sous-cultures non conventionnelles. L'article vérifie cette hypothèse en utilisant le cas des partis politiques non conventionnels au Canada. L'hypothèse qui est faite, soit que les circonscriptions électorales qui sont les plus urbaines sont caractérisées par une plus grande présence de sous-cultures politiques non conventionnelles, est supportée. Toutes choses étant égales, plus une circonscription électorale est localisée dans une région métropolitaine de grande taille, plus le nombre de candidats provenant de partis politiques non conventionnels est élevé. Finalement, le dernier article vérifie l'hypothèse selon laquelle il y aurait une plus grande tolérance sociale et politique dans les milieux urbains. Les résultats obtenus sont contraires à la prédiction selon laquelle le niveau de tolérance varie positivement avec la taille du lieu de résidence d'un individu. Certains facteurs, qui peuvent expliquer ces résultats négatifs, sont suggérés. L'article conclut qu'il ne faudrait pas rejeter trop rapidement, sur la base de ces résultats, l'hypothèse d'une plus grande tolérance urbaine. La conclusion générale de cette thèse est donc que les clivages, le long du continuum rural/urbain, n'ont pas complètement disparu dans la société actuelle.

Type de document: Thèse Thèse
Directeur de mémoire/thèse: Charbonneau, Johanne
Co-directeurs de mémoire/thèse: Blais, André
Informations complémentaires: Thèse par articles
Mots-clés libres: Comportement; culture; densité; espace; hétérogénéité; individu; lieu; organisation; population; pratique; parti politique; non-conventionnel; rapport; résidence; milieu; rural; social; société; sociologie; sous-culture; spatial; tolérance; urbain; urbanisation.
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 22 déc. 2014 18:30
Dernière modification: 20 juill. 2015 12:50
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/112

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