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Évaluation de la contribution de l'agriculture urbaine communautaire montréalaise à l'amélioration du cadre de vie.

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Reyburn, Stefan (2006). Évaluation de la contribution de l'agriculture urbaine communautaire montréalaise à l'amélioration du cadre de vie. Thèse. Québec, Université du Québec, Institut national de la recherche scientifique, Doctorat en études urbaines, 246 p.

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Résumé

L’agriculture urbaine est généralement associée à une industrie marchande ou à une activité de loisir. Les initiatives recensées à Montréal sont d’une autre nature et présentent des caractéristiques qui les distinguent des autres expériences en agriculture urbaine connues. Cette thèse se penche plus précisément sur des projets d’agriculture urbaine communautaire amorcés et dirigés par des groupes communautaires sans but lucratif issus de la société civile locale et liés par un même dessein : promouvoir le développement durable urbain à Montréal. Une cinquantaine de jardins potagers ont ainsi vu le jour. Ils sont aménagés sur des petites parcelles de terrains appartenant à des institutions ou à des particuliers. Cette thèse entend éclairer les champs des discours et des pratiques entourant dix de ces projets mis sur pied entre 1997 et 2002 à Montréal. Elle vise aussi à mettre en perspective les incidences qui s’y rattachent. L’intérêt est ici de combler une lacune dans la littérature en sciences sociales concernant l’agriculture urbaine de type communautaire (AUC). De façon spécifique, notre travail consiste à analyser les discours tenus par les responsables des projets, décrire les programmes d’AUC, établir une typologie des individus qui jardinent et évaluer les principales retombées des projets sur leur cadre de vie. L’analyse de discours permet d’examiner les idées et arguments utilisés par les responsables à la lumière d’un « grand récit » sur le développement durable qui relève des organisations et institutions de l’ONU. Nous le définissons comme un récit d’émancipation de type prophétique : celui de la ville écologique. Les raisonnements des intervenants montréalais sont, en effet, largement inspirés des programmes onusiens en matière de développement élaborés pour venir en aide aux pays du Sud. Notre survol de la littérature montre comment la plupart des organisations et institutions spécialisées dans l’aide internationale s’appuient sur trois concepts structurants pour établir les bienfondés de l’agriculture urbaine : la sécurité alimentaire, le capital social et la durabilité environnementale. Sans nécessairement questionner les raisons en vertu desquelles elles s’y réfèrent, il s’est avéré que tous les groupes de l’AUC montréalaise et certains organismes bailleurs de fonds, pour justifier leurs démarches, y faisaient allusion dans leur discours, et ce, à des degrés variables. Les informations recueillies en entrevue avec ces intervenants ont été synthétisées et examinées en fonction de trente éléments d’analyse des intentions, des objectifs et des pratiques associés aux trois concepts de l’agriculture urbaine. À Montréal, plusieurs de ces éléments sont cités, mais ne se sont pas traduits en actions concrètes, notamment en ce qui concerne les pratiques complexes, coûteuses ou utopiques. Les résultats mettent alors en évidence plusieurs écarts entre certaines composantes du discours et les pratiques observées. De façon générale, les groupes reçoivent un appui de bailleurs de fonds qui peuvent leur demander, en échange, d’encadrer des jardiniers recrutés notamment au sein des réseaux locaux de la santé et des services sociaux. Les principaux programmes de financement qui les soutiennent visent avant tout à redresser les inégalités sociales de la santé et à lutter contre l’insécurité alimentaire. Ils renvoient à l’empowerment des personnes et des communautés défavorisées dans une perspective de développement social. Notre enquête menée auprès de 46 jardiniers révèle une réalité plus complexe. En dépit de la mission d’entraide sociale et de la vision de départ axées sur la solidarité communautaire et le bien-être de la collectivité, les jardins ont accueilli une population diversifiée dont le plus grand nombre ne semble pas, de prime abord, être dans le besoin. Les résultats de l’enquête ont permis d’esquisser en parallèle une typologie. Une majorité d’entre eux est formée de personnes qui partagent les visées écologiques des responsables. Ce premier type de jardiniers que nous désignons « écolo, éduqué et engagé » est plus porté à penser que l’expérience du jardinage lui permet de peaufiner ses compétences et d’apprécier la vie de quartier. Un second type est formé d’une minorité dont la situation socioéconomique précaire et le fait d’être référé au projet par un organisme tiers d’entraide le distingue fortement du premier. Son profil particulier nous amène à pouvoir les identifier de « recrutés dans le besoin ». Il correspond incidemment à celui de la population ciblée par les programmes publics de sécurité alimentaire. Ces jardiniers associent leur participation au projet de jardinage à l’amélioration de leur vie sociale et à la réduction de leurs dépenses alimentaires. Il en ressort que la présence des jardiniers du premier type est en contraste avec les intentions de la programmation et par conséquent peut sembler contradictoire. Ce constat se confirme par la présence de tous les autres jardiniers ayant répondu à notre enquête qui, contrairement aux deux types, soulignent des bénéfices liés davantage à la recherche d’un loisir et d’une meilleure qualité de vie. Ils sont là surtout pour apprendre comment faire pousser des aliments biologiques. La thèse vise également à cerner ce que les participants retirent de leur expérience vécue dans le jardin. Pour ce faire, nous nous référons aux travaux de Claval et à la notion de cadre de vie. L’évaluation des retombées des pratiques repose sur un modèle d’analyse qui croise les composantes du cadre de vie selon Claval avec les concepts structurants de la programmation de l’agriculture urbaine. L’enquête par questionnaire et l’observation effectuée dans quatre jardins ont permis de montrer que les aspects physico-spatial et socioculturel du cadre de vie des jardiniers et de leur milieu environnant ont été modifiés plus significativement que les aspects visuels et politiques. Par ailleurs, nous ne pouvons conclure avec les organismes bailleurs de fonds que les projets de jardinage collectif sont une source d’alimentation sûre qui renforce la sécurité alimentaire. Il est apparu que le capital social est la dimension la plus valorisée de l’expérience. Nous avons donc poursuivi l’exploration des retombées à partir des critères définis par des auteurs associés à cette théorie sociologique, dont Bourdieu, Putnam, Coleman, Granovetter et d’autres. Nous arrivons au constat que les projets représentent une piste intéressante pour faire fructifier le capital social des jardiniers au sein des groupes et ce, en reprenant notamment les critères définis par Putnam. Concrètement, ce qui prévaut chez les jardiniers dans l’ensemble est de se rapprocher de la nature, d’apprendre comment jardiner, de faire de nouvelles connaissances, de participer à la vie communautaire, de passer plus de temps en plein air, d’améliorer leurs compétences en matière de jardinage et de hausser leur qualité de vie. Les jardiniers sont animés surtout par des motivations qui se rapportent au « Soi ». Le cas de l’AUC montréalaise met en lumière la prééminence donnée du point de vue individualiste et l’importance toute relative des valeurs collectives initiales.

Type de document: Thèse Thèse
Directeur de mémoire/thèse: Sénécal, Gilles
Mots-clés libres: Agriculture urbaine; jardin potager communautaire; groupe; développement durable; viable; développement social; analyse; cadre de vie; Montréal; capital social.
Centre: Centre Urbanisation Culture Société
Date de dépôt: 22 juin 2012 12:51
Dernière modification: 29 sept. 2021 15:23
URI: https://espace.inrs.ca/id/eprint/101

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