Différenciation des sources de pollutions fécales humaines et animales dans l'eau: utilisation de marqueurs géniques

Anouk Martellini, Richard Villemur et Pierre Payment

lINRS-Institut Armand-Frappier, 531 Boul. des Prairies, Laval, Canada, H7V 1B7

L'eau étant une ressource naturelle essentielle à la survie de tous les êtres vivants, il est d'une importance capitale d'en préserver la qualité. La qualité microbiologique de l'eau est affectée, entre autres, par l'introduction de micro-organismes néfastes via des matières fécales humaines et animales. Cette pollution peut entraîner plusieurs problèmes graves d'ordre médicaux et économiques. Malgré l'épuration des eaux usées et le passage des eaux de rivières dans des usines de filtration, il est possible que des pathogènes aient survécu. Afin de réduire tout risque, il faut non seulement détecter ces pathogènes, mais également déterminer la source de la contamination fécale. Si la détection à l'aide d'indicateurs est relativement simple, il n'en va pas de même avec l' identification de l' espèce à l'origine de la contamination. Contrairement aux nombreuses approches déjà testées qui visent toutes les bactéries, la méthode proposée ici cible le matériel génétique des cellules humaines et animales excrétées dans les fèces, d' où son côté innovateur. Pour ce faire, des amorces ont été conçues pour cibler l' ADN mitochondrial de l 'humain et de divers animaux. Afin de mettre le multiplex PCR au point, la première étape a été d'utiliser ces amorces avec de l'ADN extrait de tissus animaux. La sensibilité du PCR traditionnel s'est révélée être de 500pg pour 1 'humain, de 1 pg pour le porc, de 1 pg pour le breuf et de 10pg pour le mouton tandis que celle du multiplex PCR effectué dans les mêmes conditions est de 500pg ce qui peut être dû à une optimisation insuffisante. Ensuite, l' ADN a été extrait de fèces et testé afin de s' assurer de la pertinence de l' approche. Comme l'étape précédente a été couronnée de succès, des tests ont été effectués avec l'eau usée de la station de Fabreville: des amplicons ont été obtenus, que ce soit par PCR traditionnel ou par multiplex PCR. De plus, il a été démontré que les marqueurs à l'étude ont une durée de vie d'environ 5 jours et qu'il est possible de détecter jusqu ' à 100 cellules/ml. Finalement, des essais avec l' ADN de l'eau de ruissellement de champs restent à être effectués et jusqu'ici, l'analyse de l'ADN de l'eau des rivières l'Assomption et des Milles-Îles ne semble pas fonctionner, probablement en raison d'un manque de sensibilité de la méthode. En conclusion, cette approche est innovatrice, simple, rapide, fiable et des expériences sont présentement en cours afin d'améliorer sa sensibilité.