Mécanismes de reconnaissance de Leishmania par le macrophage

Jean-Frédéric Flandin et Albert Descoteaux

Leishmania donovani est l’agent causal de la leishmaniose viscérale (Kala-azar). Ce parasite protozoaire est transmis, sous sa forme promastigote, aux mammifères par la mouche des sables femelle lors de son repas sanguin. Dans son hôte mammifère, les leishmanies, sous leur forme amastigote, prolifèrent dans le phagolysosome des macrophages. Afin d’établir l’infection, les promastigotes sont phagocytés par le macrophage de façon silencieuse (i.e. sans sécrétion de cytokines pro-inflammatoires). Cependant, lorsque le macrophage est préalablement activé par l’interféron gamma (IFNg), l’entrée du parasite dans le macrophage est caractérisée par l’activation des voies p38 MAPK et ERK1/2 et la translocation de NF-kB au noyau, menant ainsi à la sécrétion d’interleukine (IL)-1, IL-12, TNF-a et NO. S’ensuit la destruction du parasite par le macrophage. Depuis quelques années, plusieurs évidences tendent à démontrer le rôle prépondérant des Toll-like receptors (TLR) dans l’immunité non-spécifique. Ces récepteurs transmembranaires de type I reconnaissent des motifs moléculaires associés aux pathogènes (p. ex. LPS des bactéries Gram-négatives, peptidoglycane des bactéries Gram-positives). La liaison TLR-ligand mène à l’activation des voies p38 MAPK, ERK1/2, JNK ainsi qu’à la translocation de NF-kB au noyau.

Ces observations ont mené à l’hypothèse qu’un récepteur de reconnaissance, induit par l’IFNg, permet la reconnaissance de Leishmania. Des études de RT-PCR et d’immunofluorescence de macrophages activés ou non par l’IFNg ont montré que TLR3, contrairement aux autres TLR, est faiblement exprimé par les macrophages naïfs mais que l’activation du macrophage par l’IFNg induit son expression. De plus, nos résultats montrent qu’en inhibant l’expression soit d’IRAK, de MyD88 (deux protéines de la signalisation des TLR) ou de TLR3 par RNAi, on observe une diminution de la sécrétion de TNFa et de NO suite à une infection par L. donovani. Ces résultats suggérant le rôle de TLR3 dans la reconnaissance de Leishmania, nous comptons prochainement identifier la molécule du parasite étant reconnue par le récepteur. De plus, nous voulons vérifier le rôle de cette reconnaissance dans l’activité leishmanicide du macrophage.