Analyse du rôle in vivo de gènes spécifiques à Salmonella enterica serovar Typhi

Sébastien Faucher et France Daigle

Département de microbiologie et d'immunologie, Université de Montréal

Introduction : Salmonella est une bactérie pathogène causant de nombreuses infections chez l'homme et l'animal. Salmonella enterica serovar Typhi est responsable de la fièvre typhoïde et a un spectre d'hôte limité, ne pouvant qu'infecter l'homme. Suite à l'ingestion de nourriture ou d'eau contaminée, S. typhi se retrouve dans le petit intestin où il adhère à la paroi intestinale et envahit les cellules M des plaques de Peyer. Il semble qu'à cette étape, S. typhi interagit différemment avec ces cellules par rapport aux autres serovars. Par la suite, S. typhi est relâché dans les follicules lymphatiques intestinaux où il est phagocyté par les macrophages. Il a été démontré que pour causer une infection systémique, comme la fièvre typhoïde, Salmonella spp. doit nécessairement survivre dans les macrophages de l'hôte. Or, S. typhi, survit mieux dans les macrophages humains, alors que S. typhimurium survit mieux dans les macrophages murins. Seul S. typhi est capable de causer une infection systémique chez l'homme. Il semble probable que ceci est du à l'expression de certains gènes uniques à S. typhi. Méthode : Nous avons utilisé la technique SCOTS (Selective Capture of Transcribed Sequence), qui est une nouvelle technique permettant l'identification de gènes bactériens exprimés chez l'hôte. Résultats : Nous avons identifié 36 gènes spécifiques à S. typhi (absent de S. typhimurium), localisés dans 17 régions uniques, qui sont exprimés dans les macrophages humains. Par échange allélique, nous avons construit des mutants correspondant à deux régions uniques. La région comprenant les gènes STY3948, STY3949 et STY3950 et la région du fimbriae stg ont été délétées. Nous avons ensuite infecté les macrophages humains et murins avec ces mutants et déterminé le taux de survie à 2 heures et à 24 heures post-infection de ces nouvelles souches par rapport à la souche sauvage. De plus, nous avons effectué, pour les deux mutants, des tests d'adhérence et d'invasion avec des cellules intestinales humaines en culture, pour vérifier le rôle de ces gènes lors de l'infection intestinale. Conclusion : Nos résultats suggèrent un rôle tant au niveau de la survie dans les macrophages que dans l'invasion des cellules épithéliales intestinales.