Eaux usées et boues d’épuration : matières tertiaires ou matières premières ?

S. Barnabé, R.D. Tyagi, J.-L. Sasseville et J.R. Valéro

INRS - Centre Eau, Terre et Environnement

L’exploitation croissante des ressources naturelles et le niveau élevé de consommation de la société engendrent des quantités abondantes de déchets. Pour minimiser les risques de détériorer l’environnement et la qualité de vie des citoyens, ces déchets doivent être éliminés de manière sécuritaire et économique. Une fraction importante de ces déchets, les matières dites secondaires, peuvent être recyclées directement ou après quelques transformations. L’autre portion, les matières dites tertiaires, sont les résidus que la société considère difficilement valorisables ou dont la valeur potentiellement ajoutée par des efforts de valorisation est surpassée par les coûts de transformation, de réutilisation ou de mise en marché. Cependant, en considérant d’une part la hausse des coûts d’élimination pour ces matières tertiaires et, d’autre part, le développement important des connaissances et des technologies de bio-transformations, il devient intéressant d’analyser le potentiel économique qu’elles peuvent représenter. En effet, les matières tertiaires permettent, tout comme les matières premières, mais à bien meilleurs coûts, la fabrication de produits à base biologique déjà commercialisés ou sur le point d’être mis en marché. La réduction du prix de ces produits et l’augmentation de leur disponibilité sur les marchés leur permettront de concurrencer et même de surpasser les fonctionnalités industrielles des produits chimiques. Les recherches effectuées jusqu’à maintenant indiquent que diverses matières tertiaires, comme les eaux usées et les boues d’épuration, peuvent être bio-transformées en produits à haute valeur ajoutée tels que les bio-inoculants, les enzymes industrielles, les bio-insecticides, etc.. Cette présentation fera une démonstration que la fabrication de produits à base biologique à partir de matières tertiaires est possible au plan technologique et économique. Quelques technologies développées à l’INRS-ETE dans le cadre de cette approche seront citées en exemple. Les facteurs pour connaître du succès dans la bio-industrie émergeante seront aussi discutés. Finalement, le potentiel scientifique derrière cette recherche appliquée sera explicité et les récents développements seront mentionnés.