Les bactériophages comme moyen de prévenir la furonculose engendrée par Aeromonas salmonicida chez l'omble de fontaine (truite)

Sandra Imbeault1, Jean-François Blais1, Serge Parent2, Michel Lagacé3 et Carl Uhland4

1 INRS – Eau, Terre et Environnement, 2800 rue Einstein, C.P. 7500, Québec, G1V 4C7, Canada

2 Research and Development Division, Biodôme de Montréal, 4777 Pierre-De Coubertin, Montréal, H1V 1B3, Canada

3 Recherche et Développement, Aquarium du Québec, 9530 rue de la Faune, Québec, G1G 5H9, Canada

4 Faculté Médecine Vétérinaire, Université de Montréal, 3200 rue Sicotte, Saint-Hyacinthe, J2S 7C6, Canada

L'aquaculture est devenue une source importante de l'approvisionnement en poissons pour la consommation humaine au Canada et dans le monde. En l'An 2000, le Canada produisait plus de 123 000 tonnes métriques de poissons d'élevage, pour un marché net de 612 millions de dollars. L'industrie de l'aquaculture canadienne produit principalement des salmonidés (saumons et truites), la pêche sportive étant un des principaux marchés.

Un des pathogènes des salmonidés les plus étudié est la bactérie Aeromonas salmonicida. Le potentiel préventif des bactériophages en tant qu'agent antimicrobien en aquaculture a été évaluer en observant les interactions entre A. salmonicida HER 1107, le bactériophage 65 (HER 110) et l'omble de fontaine (Salvelinus fontinalis). Plus de 400 truites ont été réparties dans une douzaine d'aquaria de 70 L maintenus à 9°C. Les essais ont été effectués en triplicata.

Les résultats ont montré que la population de A. salmonicida (108 UFC/mL) chute de six unités logarithmiques en trois jours lorsque mise en présence du bactériophage selon un facteur de multiplicité des infections (M.O.I.) de 1. Les concentrations de bactériophages et de bactéries qui ont été retrouvées dans l'eau circulante différait des concentrations retrouvées dans l'eau interstitielle du gravier de fond des aquaria (2 à 3 unités log) mais la chute de population des bactéries observée était proportionnelle dans les deux espaces. Les phages sont demeurés présents plus de 60 jours après les derniers ajouts de bactéries et ont démontré une capacité à se multiplier lorsqu'un nouvel ajout de A. salmonicida est effectué.

Cette étude a démontré que la présence du bactériophage permet de ralentir le processus d'infection d'au moins 5 jours. Un taux de mortalité de 100% des truites a été relevé après 15 jours dans les aquaria où les truites ont été en contact avec A. salmonicida seulement. Comparativement, la mortalité totale des truites a été atteinte après 20 jours dans les aquaria où ont été mis en contact les truites, A. salmonicida et les bactériophages. Aucun poisson n'est mort dans les bassins contrôles, c'est-à-dire dans les 3 aquaria où aucun ajout de microorganisme n'a été effectué et dans les 3 aquaria où des bactériophages seulement ont été ajoutés.