p53 et la recombinaison homologue, y-a-t-il un-lien?

Jean-François Lemelin, Christine Abaji, et Abdellah Belmaaza

CRCHUM et Institut du Cancer de Montreal, Hôpital Notre-Dame, Université de Montréal

Introduction : P53 inhibe la recombinaison homologue (RH) spontanée dans toutes les cellules de mammifères, indépendamment de son activité de transactivation ou d'arrêt du cycle cellulaire. Dans le cas des cellules MCF-7 où p53 a été dégradé par E6, l'inhibition était de 200 fois. Ceci a mené à l'hypothèse que p53 assure la stabilité du génome en inhibant les réarrangements génomiques entre séquences répétitives pouvant résulter de la RH. Cependant, la RH est le mécanisme le plus précis de réparation des cassures chromosomiques. Ceci crée un paradoxe où d'une part, p53 provoque un arrêt du cycle cellulaire pour permettre la réparation des dommages à l'ADN, et d'autre part, p53 inhibe le mécanisme prévu pour la réparation de ces dommages. Nous proposons que p53 inhibe la RH spontanée, mais pas la RH impliquée dans la réparation de l'ADN. Méthodes et résultats : Pour démontrer notre hypothèse, nous avons intégré dans le génome de cellules MCF-7 un plasmid contenant deux copies inactives du gène de résistance à la puromycine (Puro), en séquence directe ou inversée, dont une contient une délétion/insertion du site de restriction de la méganucléase I-SceI. Une RH spontanée ou induite par la méganucléase I-SceI permet la reconstitution du gène Puro, ce qui nous permet de sélectionner les cellules ayant subit un évènement de recombinaison. Nous avons comparé le taux et les fréquences de RH spontanée entre les cellules MCF-7 contenant la forme sauvage de p53 et ces même cellules où p53 a été dégradé par l'introduction du gène HPV16-E6. Contrairement à ce qui a été publié, nous n'avons remarqué que la présence de p53 wt n'entraînait aucune inhibition de la RH spontanée ni la RH induite par I-SceI. Pour confirmer les résultats de RH homologue spontanée, nous avons effectué les mêmes expériences dans la lignée cellulaire HCT116. Comme pour les MCF-7, il n'y a aucun effet de p53 sur la recombinaison homologue spontanée ou induite. Conclusion : Comprendre comment p53 préserve la stabilité génomique est d'un grand intérêt puisque les tumeurs mutées en p53 présente une haute fréquence de réarrangements chromosomiques. Selon nos résultats actuels, nous pouvons conclure que p53 n'est pas directement impliqué dans le contrôle de la recombinaison homologue spontanée. l'ADN.