L’antigène Grand T du virus du polyome affecte l’expression de Necdin, de a-actin et entraine la désorganisation du cytosquelette dans les NIH 3T3.

Lafontaine, J. Rodier, F. Mes-Masson, A.M.,

Centre de Recherche du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CR-CHUM) / Institut du cancer de Montréal

Introduction : Le virus du polyome est un virus murin de la même famille que SV40 et JCV qui sont les souches reconnues pour infecter le singe et l’humain respectivement. L’antigène grand T (PyLT) est un des 4 antigènes produits par le virus. Cette nucléophosphoprotéine est reconnue pour interagir avec certaines protéines cellulaires, modulant ainsi leur fonction. Par exemple, la liaison de PyLT avec le suppresseur de tumeur Rb inactive cette dernière, entraînant une progression constante dans le cycle cellulaire ce qui reflète le potentiel d’immortalisant de la protéine virale. Des souris transgéniques exprimant l’antigène grand T ont été générées et celles-ci développent des tumeurs tardivement au cour de leur vie, suggérant que des événements supplémentaires à la présence de PyLT sont nécessaires pour la transformation cellulaire. PyLT est aussi responsable de la résistance des cellules de souris en culture en condition de faible sérum de même que de la protection contre l’apoptose induite par FAS, Taxol et TNF-a. Ces événements mis ensemble semblent indiquer que l’antigène grand T, en plus de l’immortalisation, pourrait être impliqué dans les événements précoces de la transformation cellulaire.

Méthodes et résultats : Pour mieux comprendre ce phénomène, notre laboratoire a établi le profil d'expression génétique par la technologie de biopuces sur des ARN isolés de NIH 3T3 exprimant ou non grand T. Certains gènes présentent une corrélation avec le niveau d’expression de grand T, notamment Necdin, et représentent des protéines candidates pour une interaction fonctionnelle avec PyLT. Necdin localise principalement dans le même compartiment cellulaire que PyLT et un essai d’immunoprécipitation montre également qu’il pourrait interagir avec l’antigène grand T. Parallèlement la variation de l’expression de actin a orienté notre étude sur les changements au niveau du cytosquelette attribuable à PyLT. Des essais d’immunofluorescence ont montré une désorganisation des filaments d’actin ainsi qu’une diminution de a-actin en présence de PyLT.

Conclusion et pertinence : La désorganisation du cytosquelette, que l’on reproduit en introduisant PyLT, est un phénotype associé aux cellules transformées que l’on reproduit dans notre modèle. La poursuite de la caractérisation de la variation de l’expression de certain gène par PyLT nous permettra peut-être de cibler d’autres événements que l’on peut relier au processus de la tumorigenese. L’étude de la carcinogenèse par l’utilisation d’un modèle cellulaire exprimant PyLT pourrait contribuer à cibler les événements menant à la transformation.