Reconnaissance spécifique de l'épitope poly-b-galactosyl présent à la surface du parasite Leishmania major par les galectines

Isabelle Pelletier et Sachiko Sato

Laboratoire de Glycobiologie, Centre de Recherche en Infectiologie, CRCHUL, Université Laval, Québec, G1V 4G2

Le parasite Leishmania est l'agent éthiologique de la leishmaniose qui est considérée comme une des 6 maladies infectieuses les plus importantes par l'Organisation mondiale de la santé. La leishmaniose se manifeste de façon spécifique à l'espèce de parasite qui cause l'infection. Par exemple, la leishmaniose cutanée est causée par L. major et ce traduit par une forte inflammation au site d'infection, tandis que la leishmaniose viscérale, causée par L. donovani, se manifestant par très peu d'inflammation au site d'infection et par une attaque des viscères tel que le foie, les reins et la rate. Plusieurs évidences suggèrent que la différence de pathologie causée par les différentes espèces de Leishmania serait due, du moins en partie, aux oligosaccharides présents à la surface du parasites. Un des oligosaccharides spécifiques à l'espèce de parasite est l'épitope poly-b-galactosyl (Galb1-3)n présent seulement dans les lipophosphoglycans (LPG) de L. major. De façon intéressante, cet épitope est aussi suggéré comme étant impliqué dans le développement du parasite dans la mouche des sables, son vecteur. Donc la reconnaissance de l'épitope polygalactosyl par des lectines (protéines reconnaissant des oligosaccharides spécifiques) pourrait être impliquée dans les manifestations spécifiques à l'espèce de parasite en cause mais aussi dans le cycle de vie du parasite. L'identification de tel lectines demeure encore à ce jour peu investigué. Nous avons récemment reporté qu'une protéine de l'hôte liant les b-galactosides, la galectine-3, pouvait distinguer L. major des autres espèces de Leishmania par la reconnaissance de l'épitope de poly-b-galactoside. Cette découverte propose un rôle pour la galectine-3 comme immunomodulateur qui peut influencer la réponse immune spécifique observée lors de l'infection par L. major. Nous avons aussi évalué la possibilité que d'autres membres de la famille des galectines puissent reconnaître L. major de façon espèce spécifique. La galectine-9 s'est avérée être un candidat potentiel selon les études de chromatographie d'affinité frontale, qui ont été validée en présence de parasites vivants. Les galectines-3 et 9 peuvent reconnaître spécifiquement L. major mais seul le galectine-9 peut promouvoir l'adhésion du parasite à sa cellule hôte, le macrophage, ce qui suggère un rôle distinct pour ces galectines dans le développement de la leishmaniose causée par L. major.