Réponse immunitaire au cuivre chez la carpe saine ou parasitée par Ptychobothrium sp.

Dautremepuits, C., Betoulle, S., Biagianti, S. et Vernet, G.

Laboratoire d'Eco-Toxicologie – UFR des Sciences Exactes et Naturelles ­– Université de Reims Champagne-Ardenne – BP 1039, 51687 Reims cedex 2, France. claire.dautremepuits@univ-reims.fr ; stephane.betoulle@univ-reims.fr ; sylvie.biagianti@univ-reims.fr ; guy.vemet@univ-reims.fr

Le développement des techniques industrielles et agriculturales a débouché sur une augmentation du nombre d'écosystèmes aquatiques contaminés par des eaux résiduaires. De fortes concentrations en métaux (cuivre en particulier) ont été mesurées engendrant des phénomènes de bioaccumulation au sein d'organismes aquatiques tels que les poissons. En écotoxicologie, les poissons sont des organismes largement utilisés pour l'évaluation de la qualité des milieux aquatiques. Pour les populations piscicoles, un lien étroit a pu être établi entre pollution environnementale et maladie via une dépression des capacités de défenses immunitaires du poisson. Ainsi, en écotoxicologie, la compréhension des effets des toxiques sur l'immunité naturelle des poissons constitue un objectif important pour l'évaluation de l'action de ces mêmes produits sur les écosystèmes dans leur ensemble. L'utilisation massive du cuivre en viticulture notamment nous a conduit à étudier chez la carpe (Cyprinus carpio L.), l'impact de ce métal lourd sur certains facteurs de son immunité humorale non spécifique (taux d'anticorps naturels, activités du lysozyme et de la céruloplasmine). Néanmoins, outre les polluants comme le cuivre, les paramètres immunitaires de la carpe étudiés peuvent être modulés par la présence de pathogènes (parasites...) et donc gêner l'interprétation des résultats. Les effets immunotoxicologiques observés chez le poisson après exposition au contaminant peuvent donc varier en fonction de l'état de santé des individus. Dans cette étude, nous avons suivi l'évolution de paramètres immunitaires chez des carpes exposées à des concentrations sublétales de cuivre (0,1 et 0,25 mg/L) durant 96 heures. Cette étude a pu être menée en parallèle sur deux types d'individus, sains ou parasités par le cestode Ptychobothrium sp..

Nous avons pu observer une réduction de l'activité de la céruloplasmine dans le foie et dans le plasma des carpes saines après 96 heures d'exposition au cuivre alors qu'aucun effet sur ce même paramètre n'est observable chez les carpes parasitées par Ptychobothrium sp. Par ailleurs, l'exposition au cuivre de la population de carpes saines a conduit à une augmentation de l'activité du lysozyme dans le plasma et le rein antérieur des individus, une telle évolution se retrouvant, au niveau des mêmes organes, chez les carpes parasitées mais de manière plus importante. Enfin, une augmentation des taux d'anticorps naturels dans les organes étudiés a pu être observée chez les carpes parasitées et exposées au cuivre alors que de faibles variations du même paramètre étaient notées chez les poissons sains exposés au cuivre.

Ainsi, l'exposition de poissons au cuivre, à des concentrations sublétales, peut stimuler différents paramètres de leur fonction immunitaire humorale non spécifique révélant de la sorte une activité pro-inflammatoire de ce métal lourd.

Nos résultats montrent une réponse immunotoxicologique au cuivre exacerbée chez les carpes parasitées par Ptychobothrium sp. indiquant ainsi un effet additif des réponses immunophysiologiques au cuivre et au parasite chez les individus porteurs du cestode.

Mots clés: cuivre, parasite, poisson, système immunitaire