Induction de tolérance avec des cellules T régulatrices artificielles.

Véronique Allard, Louis de Léséleuc, Sylvie Larocque et François Denis

INRS-Institut Armand-Frappier

Les cellules T régulatrices (Tregs) peuvent induire la tolérance périphérique en sécrétant des cytokines immunosuppressives telles l'IL-10 et le TGF-b. Ces cytokines non seulement réduisent l'intensité des réponses immunitaire, elles induisent aussi la génération de Tregs additionnelles, ce qui mène à la tolérance infectieuse. Ainsi, la production localisée de cytokines immunosuppressives pourrait s'avérer d'utilité thérapeutique pour contrer le rejet de greffe. Des cellules qui sécréteraient ces cytokines suite à la reconnaissance des greffons mimeraient donc le potentiel suppresseur naturel des cellules régulatrices pour créer un micro-environnement protecteur. Afin de reconnaître les greffes d'une manière indépendante du CMH, des cellules transfectées avec des récepteurs T artificiels seront utilisées. Un récepteur T artificiel a été construit à partir d'un anticorps simple-chaîne (scFv) qui reconnaît les molécules de CMH-I de souris donneuses utilisées dans un modèle de rejet de greffe. L'union du scFv aux domaines de signalisation de CD3zeta et de CD28 permet au récepteur T artificiel de transmettre un signal qui simule la stimulation et la co-stimulation. La fonctionnalité de la chimère sera confirmée par mesure de la production d'IL-2 suite à la co-culture de cellules exprimant le récepteur T artificiel avec des cellules exprimant les CMH-I reconnus par le scFv. Afin de s'assurer que l'IL-10 et le TGF-b ne soient produits que suite à la reconnaissance des greffes, le promoteur de l'IL-2 a été sélectionné. La production simultanée d'IL-10 et de TGF-b sera rendue possible grâce à un vecteur tri-cistronique permettant l'expression de trois protéines différentes à partir d'un seul promoteur. L'IL-10 virale (vIL-10), qui possède des propriétés tolérogéniques supérieures à l'IL-10 cellulaire (cIL-10), sera également utilisé et comparé à son homologue cellulaire. Un des avantage de cette forme d'immunothérapie est qu'elle peut être adaptée à différents besoins. Ainsi, en changeant la spécificité du scFv du récepteur artificiel afin qu'il reconnaisse d'autres marqueurs de surface, il serait possible d'utiliser cette approche pour le traitement de maladies auto-immunitaires.