Les MMP peuvent accélérer ou freiner la croissance des tumeurs lymphomateuses.

Céline Van Themsche et Yves St-Pierre.

INRS-Institut Armand-Frappier, 531 boul. des Prairies, Laval, QC, H7V 1B7.

Les métalloprotéases de la matrice extracellulaire (MMP) sont des enzymes capables de dégrader différentes protéines de la matrice extracellulaire ainsi qu'une multitude de biomolécules, dont diverses cytokines et d'autres protéases. Dans le domaine du cancer, les MMP font l'objet d'une attention soutenue. Plusieurs d'entre elles sont surexprimées dans différentes tumeurs, particulièrement lors de l'interaction entre les cellules tumorales et les cellules saines avoisinantes. Bien que la plupart des études expérimentales démontrent un rôle pro-tumoral des MMP, en études cliniques des inhibiteurs à large spectre des MMP ont démontré une efficacité limitée à traiter le cancer et ont produit des effets secondaires importants. Il est donc primordial de développer de nouveaux modèles expérimentaux permettant de cibler individuellement les MMP et ce, dans les diverses étapes de la progression des cancers.

Le lymphome non-Hodgkinien est caractérisé par une dissémination rapide des cellules tumorales, du site primaire vers différents sites secondaires. Toutefois, la composition cellulaire et tissulaire de chaque site de croissance tumorale est unique. Nos résultats précédents ont démontré que, chez le lymphome thymique murin, MMP-9 et MMP-10 sont surexprimées par la cellule tumorale lors du contact avec certaines cellules de l'hôte. Puisque l'expression de MMP-9 et MMP-10 varie selon l'environnement péritumoral, il est également possible que le rôle de ces MMP varie en fonction du site où elles sont exprimées. L'objectif de notre travail visait donc à caractériser le(s) rôle(s) de MMP-9 et MMP-10 dans la croissance du lymphome en des sites variés. Pour ce faire, grâce à l'utilisation de vecteurs contenant les gènes codant pour MMP-9 et MMP-10 murins, nous avons généré des transfectants stables de cellules lymphomateuses murines surexprimant MMP-9 ou MMP-10. Les transfectants ont ensuite été injectés en différents sites, soit 1) le thymus, site primaire du lymphome thymique, et 2) sous-cutané, où la croissance de tumeurs lymphoïdes de type T est fréquemment observée chez l'humain. Dans le thymus, les cellules lymphomateuses surexprimant MMP-9 ou MMP-10 ont généré des tumeurs plus rapidement que les cellules lymphomateuses témoin. Ainsi, MMP-9 et MMP-10 accélèrent la croissance du lymphome thymique. À l'inverse, au niveau du site sous-cutané, les cellules lymphomateuses surexprimant MMP-9 ou MMP-10 ont généré des tumeurs plus lentement que les transfectants témoins. Nos résultats indiquent non seulement que la surexpression de MMP-9 ou MMP-10 peut ralentir la croissance des tumeurs, mais aussi que le rôle des MMP varie selon l'environnement péritumoral. Ces résultats pourraient expliquer, en partie, l'échec des inhibiteurs à large spectre de MMP en études cliniques.